C'était mieux avant


  • Love & change

    par Adehoum Arbane le 08.12.2020 Dans son panthéon cinématographique personnel, Jean-Pierre Dionnet cite, entre autres, Mad Max, La course à la mort de l’an 2000 et Vanishing Point. Et d’ajouter : « Les compétitions de hot rods (…) sont aux sources de la mythologie américaine. Le message est simple : même après l’apocalypse, la course continue. » L’apocalyspe c’est l’explosion en plein vol de la formation d’Arthur Lee, Love, telle un bolide de l’enfer dans un chaos de pistons et un brouillard d’essence enflammé. Tout avait pourtant bien commencé. Premier groupe interracial. Patronyme universel à la limpidité publicitaire. Situation géographique idéale...
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  • Joan Armatrading, tale & betrayal

    par Adehoum Arbane le 10.11.2020

    La sincérité d’un singer-songwriter est souvent évoquée dans les articles, à grands coups de sentences. Argument automatiquement contesté lorsque l’œuvre gravée en parait dépourvue, c’est-à-dire quand seule l’efficacité pop, le graal absolu, prédomine. L’histoire de Joan Armatrading relève du cas d’école buissonnier, car tenant des deux aspects. Si son premier long, Whatever's For Us, jouit d’une réelle force mélodique, la sincérité de ses chansons – car elles le sont – existe. Cependant elle est à chercher ailleurs que dans la musique...


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  • Incredible String band, hit coast ?

    par Adehoum Arbane le 03.11.2020 Après la jeunesse, faite d’espérance, survient bien souvent le temps des désillusions. L’année 1974 pourrait être ce point de bascule, surtout pour l’Incredible String Band, duo formé par ces deux songwriters inclassables que sont Robin Williamson et Mike Heron. En 74 donc, le groupe – augmenté de Malcolm Le Maistre, Graham Forbes, Stan Lee et Jack Ingram – sort Hard Rope & Silken Twine. Album touchant, car il marque, à maints égards, la réelle fin d’une époque. On passe ainsi de l’Éden des sixties à l’Ère Industrielle des seventies. Il faut une bonne dose d'ironie...
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  • Robert Wyatt, by Alfreda

    par Adehoum Arbane le 20.10.2020 Robert Wyatt est sans doute l’un des musiciens et personnages les plus singuliers de la pop britannique, voire de la pop tout court. Inclassable, sa musique nous accompagne depuis plus de quatre décennies. Il y a la voix de Robert, frêle comme une tasse de thé en porcelaine sur le point de se briser. Il y a aussi son jeu de batterie dont il nous aura gratifié ces quelques poignées d’années de liberté, trop peu à notre goût. Il y a surtout ses disques et ses chansons – au sein de Soft Machine, de Matching Mole et en solo –, trop rares pour être égarées. Ces trésors font partie de ce  que nous avons de plus précieux.
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  • Hendrix le déraciné

    par Adehoum Arbane le 13.10.2020 Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va, disait Bismarck. Jimi Hendrix, qui avait notamment commencé sa carrière avec Johnny Hallyday à l’Olympia, avait une petite idée sur la question. Toute le musique qu’il aimait venait de là, elle venait du blues et jusqu’à son dernier souffle, le gaucher de Seattle lui resta fidèle. Les onze minutes de Red House à l’Ile de Wight, malgré la qualité de la prestation décriée à l’époque, en témoignent. Pourtant, tout dans l’histoire brève mais folle du célèbre soliste va à rebours de ce postulat. Même s'il avait le blues chevillé au corps, Hendrix fut, de ses débuts...
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  • Matching Mole ou l’annonciation

    par Adehoum Arbane le 06.10.2020 Une douleur articulaire, vous pouvez en être sûr : il va pleuvoir ! Du simple rêve aux signes médiumniques en passant par l’annonciation divine, l’art de la prémonition aura connu des incarnations diverses. Un tel phénomène semble exister s’agissant de la pop et une œuvre – il doit en exister d’autres – s’est attelée pour mission de délivrer un message, presque subliminal si l’on n’y prête aucunement attention. Sorti en novembre 1972, la même année que son prédécesseur, Matching Mole’s Little Red Record n’est pas seulement le deuxième disque du groupe fondé ironiquement par Robert Wyatt suite...
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  • Band à part

    par Adehoum Arbane le 22.09.2020 Né en littérature, le mythe de l’antihéros appartient désormais au Cinéma. Et prend des formes différentes selon les genres. C’est la figure taciturne et ombrageuse du manchot incarné par Clint Eastwood dans la Trilogie du Dollar. C’est aussi le personnage de Han Solo, mercenaire et gentil voyou au début de la saga qui se mue en généralissime galactique au tout dernier acte. C’est enfin Snake Plissken dans New York 1997, œil lepénisé, magnifiquement incarné par Kurt Russell. L’antihéros existe aussi dans la mythologie rock. C’est Ray Davies des Kinks qui semble n’avoir cure des modes et du succès...
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  • Souviens-toi, Barbara…

    par Adehoum Arbane le 15.09.2020 On oublie souvent de le dire : ce qui fit la magie de Hatfield & The North et de son avatar heureux, National Health – super groupes de Canterbury –, ne tient pas tant au fameux son d’orgue fuzz, généré ici par Dave Stewart. Ni à la virtuosité sinueuse et délicate de la guitare de Phil Miller. Ou à l’agilité fracassante du batteur Pip Pyle, l’autre percussionniste de génie à ranger à côté de Robert Wyatt. Ou à la folle inventivité d’un John Greaves. Sans parler de la basse, noueuse comme un lierre grimpant, de Richard Sinclair, excellent chanteur qui plus est. Ce qui rend ces quelques disques si précieux pourrait tenir à cet art...
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  • Agitation Free, jam, jam pas ?

    par Adehoum Arbane le 01.09.2020

    « We're jammin'. I want to jam it with you. We're jammin', we're jammin'. And I hope you like jammin' too » chantait-il d’une voix indolente, belle d’abandon, dans un élan étiré. La jam, ce terrible avatar des années 70, ne signifiait pas seulement confiture comme le croyait Paul Weller. À la toute fin des sixties, il était de coutume de voir des artistes jammer après un concert. Ce rituel renvoyait à un imaginaire de franche camaraderie, à la fois viril et décontracté. Puis, la jam quitta la scène pour être transposée sur disque. Hendrix en fut un des précurseurs avec Voodoo Chile (Electric Ladyland)...


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  • Neighb'rhood Childr'n, enfants terribles

    par Adehoum Arbane le 25.08.2020 « Là où Attila a passé, l’herbe ne repousse plus. » Adage antique mais qui a aujourd’hui encore valeur d’avertissement. Qu’il s’agisse de chef de guerre, d’homme d’état à la blonde houppette, l’Histoire n’est pas avare de ces figures à poigne qui bien souvent pratiquèrent la politique de la terre brûlée. La pop qui n’aura connu que des trajectoires inspirantes n’échappe cependant pas à cette funeste réalité. Un groupe issu de la scène de San Francisco témoigne de cette volonté de tout saccager en même temps qu’il explore de nouveaux territoires musicaux. Non, pas que les Neighb'rhood Childr'n, puisqu’il s’agit...
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  • Tommytruant

    par Adehoum Arbane le 28.07.2020 Arriver à un certain niveau de connaissance amène souvent le spécialiste, au contraire du profane, à considérer un art de manière fragmentée, en préférant le particulier au général. Il en bien évidemment ainsi avec la pop musique. Les Beatles qui font l’unanimité sont souvent l’objet d’une bataille critique avec ses forces en puissance, ses camps : ceux qui vont vénérer leur début où le rock juvénile, la fraîcheur des mélodies et de l’interprétation primaient quand d’autre vont défendre mordicus la période dite psychédélique – avec à l’intérieur un schisme entre les pré et les post-Sgt. Pepper’s. On ne parlera pas du feu...
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  • The Fish rising ?

    par Adehoum Arbane le 21.07.2020 Le chef-d’œuvre indépassable. La phrase claque comme l’étendard états-unien. L’expression n’est pas aussi innocente qu’elle n’y parait. Elle dit autre chose : qu’il est parfois impossible de réitérer un premier exploit, surtout quelques années après, quand l’inspiration fraîche des débuts s’est alors fanée. Country Joe & The Fish a eu l’audace – on pèsera le mot – voire même l’outrecuidance d’écrire et d’enregistrement consécutivement deux chefs-d’œuvre en cette féconde année 67 où le Summer Of Love battait son plein, avec le psychédélisme acide comme porte-voix. Geste artistique sans commune mesure et qui devait en même temps...
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  • Faith to Faces

    par Adehoum Arbane le 07.07.2020 Nous sommes des millions à connaître par cœur les mots célèbres de maître Yoda adressés au jeune Luke au sujet de la force : « La vie l'a créée, l'a faite grandir. Son énergie nous entoure et nous relie. Nous sommes des êtres illuminés, pas une simple matière brute. » On pourrait aisément transposer le concept de Force à celui d’esprit, une forme de sensibilité cachée sous la matière brute de la musique rock. Surtout en ce début de décennie 70 qui assiste, médusé, après la séparation des Beatles, à l’explosion des Led Zep, Deep Purple et autres Black Sabbath dans un torrent de décibels. C'est aussi le temps de l'emphase...
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  • Face au cauchemar de 69, Paul Revere

    par Adehoum Arbane le 30.06.2020 L’accord majeur est parfois délaissé au profit du mineur. Qu’elle en est la raison ? Le mode mineur témoigne d’un attrait pour la mélancolie et les artistes qui l’adoptent déclenchent systématiquement – mais très paradoxalement – des torrents d’empathie. Le mode majeur quant à lui incarne la joie, une certaine candeur – pour ne pas dire naïveté – qui le cantonne dans un registre, entre niaiserie et facilité. Ainsi, des petits malins se sont attaqué à Stairway To Heaven, réenregistrant ce classique ataraxique en majeur et diffusant la vidéo de leur méfait sur Youtube. Le résultat, fort logiquement catastrophique...
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  • Pentangle, vieilles branches

    par Adehoum Arbane le 23.06.2020 Si nous devions donner un conseil de lecture à nos chères têtes blondes, pas tout à fait adolescentes, nous les pousserions une main sur l’épaule vers Jules Vernes, Roald Dahl, Tolkien bien sûr, mais aussi Chrétien de Troyes et la littérature arthurienne dont il fut le fondateur. Et comme bande-son de ces folles aventures, entre héroïsme et amour courtois, nous aurions tendance à leur associer très naturellement la musique de Pentangle. Cette formation anglaise prend source dans les circuits folk et jazz londoniens. Bert Jansch et John Renbourn ont déjà roulé leur bosse ensemble. Leurs jeux de guitare, bien que différents...
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  • KAK, tempête du désert

    par Adehoum Arbane le 16.06.2020 Avec le temps le rock s’est diversifié en scènes, chapelles et autres sous-genres. Parmi eux, le Stoner Rock appelé aussi Desert Rock. Popularisé au cours des nineties par quelques groupes bruitistes, dont des formations emblématiques comme Kyuss qui deviendra Queen Of The Stone Age, cette musique prend sa source du côté de Joshua Tree. Cette région bien connue des amateurs de pop – on ne songe pas tant à U2 mais à Gram Parsons qui succombera d’une overdose dans ses immenses solitudes – aura fait naître des hymnes hypnotiques et lourds, toujours mélodiques et empruntant à un certain psychédélisme d’antan...
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  • The Wall of Patrick

    par Adehoum Arbane le 26.05.2020 Malgré la déferlante punk qui s’abat d’un coup sur l’Occident – de la Perfide Albion à la grosse pomme –, The Wall des Pink Floyd et Breakfast In America de Supertramp, deux albums sous stéroïdes, constituent les deux plus gros succès de l’année 1979. Mais c’est sans doute le premier qui demeure le plus massif par son ambition démesurée, œuvre fleuve d’une époque à venir et dont la figure la plus inquiétante et pas moins fascinante ne fut pas le Président Reagan. Ni le jeune et fougueux Donald Trump. Ce n’est pas d’eux dont nous voulons vous parler. Non. Prenons le temps de nous plonger à l'intérieur de cet album...
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  • Édith Nylon, avorton ?

    par Adehoum Arbane le 28.04.2020 Les vaches sacrées sont devenues hélas inattaquables (mais devraient l’être cependant). Certaines ont acquis ce statut de haute lutte quand d’autres en ont hérité à la faveur d’un événement tragique. Accident mortel, suicide façon grand cirque rock’n’roll, overdose dans une chambre d’hôtel, ou en huis-clos, moins théâtral et plus humain. C’est le cas de Ian Curtis, qui a sans le vouloir propulsé illico son mythe dans les Olympes de la Légende pop, au-delà des qualités intrinsèques des deux disques de son groupe, Joy Division. Le totem est tel que plus personne n’a prétendu lui faire, si l’on ose dire, de l'ombre...
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  • Camel top

    par Adehoum Arbane le 21.04.2020 Une pochette d’album digne de ce nom, lorsqu’elle fait plus qu’exhiber les bobines du groupe, renseigne toujours sur son contenu. Prenons quelques exemples. Celle de In The Court Of The Crimson King, bien que dépourvu de titre – le nom du groupe n’y figure même pas –, s’annonce bel et bien comme l’évidente promesse d’un contenu musical sous la forme d’un cri. Third de Soft Machine, sous son habillage de kraft, privé ainsi de chair et d’affect, rappelle bien aux initiés comme aux profanes que le groupe, inflexible, évolue à marche forcée vers une musique (presque) entièrement instrumentale, au grand dam de Wyatt. 
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  • Rough Machine

    par Adehoum Arbane le 14.04.2020 En brocante, tomber sur un vinyle d’occasion en parfait état – pochette comme disque – ne signifie qu’une chose. L’œuvre n’a pas été beaucoup écoutée. Ainsi, on peut en déduire qu’un vinyle en très mauvais état est un authentique chef-d’œuvre. De ceux que ses propriétaires successifs ont éprouvé, voire malmené. Cette règle est le pendant de celle qui a fait de Dark Side Of The Moon le disque idéal pour tester sa chaîne HI-FI. S’agissant du troisième album de Soft Machine, ce dernier nous le rend bien. Par-delà les sillons abîmés, c’est un cri qui se libère et surgit face à nous, tel un Dick Turpin sonique. 
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  • Weller outragé, martyrisé, Weller libéré !

    par Adehoum Arbane le 07.04.2020 La biographie, surtout dans le domaine du rock où le moindre guitar hero est sanctifié, rime bien souvent avec hagiographie. Et pour cause, nombreuses sont les bios à être purement et simplement des livres de fans. Le fan, cette engeance maudite qui, avec sincérité et sans la moindre complaisance, arrivera à transformer cet exercice honnête en déferlement lacrymal à tendance énamourée, la pire au fond. Fort heureusement, certaines productions échappent à ces travers, mieux elles font l’objet d’un travail critique minutieux avec, en ligne de mire, le souci de l’analyse musicale...
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  • Incredible String Bob

    par Adehoum Arbane le 31.03.2020 Si ce couillon de Dylan avait pris le tournant du psychédélisme, qu’aurait-il donné sur disque ? Cette question cruciale restera à jamais sans réponse. Ce n’est pas tant que nous regrettons cet enchaînement magique que constituent Bringing It All Back Home/ Highway 61 Revisited/Blonde on Blonde qui est un peu l’équivalent américain de la suite Rubber Soul/Revolver/Sgt Pepper’s, mais en folk. Mais quelles raisons objectives, en dehors du simple effet de mode, l’ont conduit à faire ce virage, si l’on ose dire, rigoriste des années 67-69 ? Rappelons que le 29 juillet 1966, Dylan est victime d’un accident de moto.
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  • Mayall, l’abbé

    par Adehoum Arbane le 17.03.2020 Il y a deux types de psychédélisme. L’authentique, le philosophique, voire le mystique. C’est un psychédélisme de quête, de dépassement de soi, un psyché de l’introspection et parfois même de l’oubli. Le deuxième est résolument opportuniste. C’est un psychédélisme de façade ou d’apparat, peu importe. Au mieux brille-il, au pire sonne-t-il creux. C’est avant tout un psychédélisme de fonds de commerce. Difficile de situer les uns et les autres dans telle ou telle catégorie sans tomber dans le procès inquisitorial. Malgré sa pochette 100% lysergique – le lettrage, les photos superposées comme pour le Piper...
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  • Free your body !

    par Adehoum Arbane le 10.03.2020 Une main de fer dans un gant de velours. Telles sont les seventies lorsqu’elles démarrent dans un flamboiement heavy. Sous leurs capes de hippies glabres, Ian Gillian de Deep Purple et Robert Plant au sein – !!! – de Led Zep cachent de beaux diables s’époumonant alors dans les stades, nouvelle dimension de l’Entertainment conforme à leur stature. Au sens propre comme au figuré, Free s’est libéré de ces nouveaux diktats pour incarner l’exacte figure opposée : le velours sous le fer. Le quatuor a même déjoué l’idée fausse selon laquelle le rock serait viriliste. Bien qu'incarnées majoritairement...
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  • Temptations, Black Painters

    par Adehoum Arbane le 25.02.2020 La représentation des Black Panthers au cinéma est sans appel. Éructifs, violents, grossiers – du Fuck en veux-tu en voilà – et querelleurs. De Forrest Gump à BlacKkKlansman, rien n’y fait. Certes la cause qu’ils défendirent méritait un engagement plein et entier. Mais l’histoire populaire aura retenu leur tropisme belliqueux. Qu’en dit la musique de l’époque ? La soul qui déferle alors sur les ondes au début des années 60 – et qui produira de glorieux avatars dont le funk – a toujours fait dans le velours. D’ailleurs à ses débuts, la dimension politique est inexistante. Cette dernière apparaîtra néanmoins à la toute fin de la décennie
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