C'était mieux avant


  • The National Gallery, visite guindée

    par Adehoum Arbane le 20.07.2015 Bien avant le télescopage sidérant entre jazz et rock inauguré par Miles Davis sur Miles In The Sky, la rencontre entre ces deux genres que tout semblait opposer fut actée par le trompettiste Charles Frank « Chuck » Mangione. Sobrement intitulée The National Gallery Performing Musical Interpretations Of The Paintings Of Paul Klee, l’œuvre qu’il a en partie composée fait partie de ces projets fous, estampillés "album de producteurs" et qui trop souvent déçoivent par l’arrivisme de leur démarche et la piètre qualité de la musique proposée. 
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  • L’habit ne fait pas les Monks

    par Adehoum Arbane le 06.07.2015 Certainement le disque de rock garage le plus fou. Parce qu’enregistré, non pas dans un garage en direct de Ploucland USA, mais en Allemagne. Les Monks étaient des musiciens américains, tous enrôlés sous les drapeaux, et basés à Gelnhausen. Quand vient la quille, nos moines défroquent l’uniforme mais restent dans leur pays d’adoption pour y monter un groupe de rock. À l’époque – comme partout ailleurs –, la pop anglo-saxonne donne le la. Chacun y va – et y compris dans la patrie de Gœthe – de son combo en "The". 
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  • Rare Earth, prêt pour le succès

    par Adehoum Arbane le 23.06.2015 Comment expliquer que Get Ready, deuxième album de Rare Earth – groupe de seconde division, vaguement psychédélique et accessoirement américain – se retrouve depuis l’année 69 dans tous les bacs à disques de France et de Navarre ? Destin apparemment similaire à celui de Sweet Smoke, combo hippie américain installé en Allemagne et devenu étrangement star des hits parades hexagonaux. Leur unique point commun, avoir été signés par un gros label, EMI s’agissant de Sweet Smoke. Mais là où Rare Earth se distingue de son homologue
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  • Les Beatles sont morts, vive les autres

    par Adehoum Arbane le 15.06.2015 Le 20 septembre 1969, ô cataclysme, Lennon annonce son départ des Beatles, six jours avant la sortie d’Abbey Road. Le 10 avril 1970, c’est au tour de McCartney de jeter l’éponge. Les Beatles ne sont plus. Ce traumatisme vécu par la communauté des fans se doit d’être replacé dans un contexte plus large de cynisme et d’horreurs ; enlisement des troupes américaines au Vietnam, guerre au Biafra, parfum de scandale politique dont les fumets feront tomber quatre ans plus tard la présidence Nixon. 
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  • Alice Cooper, sévèrement musclé

    par Adehoum Arbane le 01.06.2015 Depuis l’aube des sixties les chemins du rock sont jonchés des dépouilles des artistes incapables de tenir leur carrière sur la durée. Celle d’Alice Cooper – le groupe, pas le bonhomme – débuta le 19 mai 1969 avec Pretties For You et s’acheva le 20 novembre 1973 avec Muscle Of Love. Cinq années, sept albums. Certes, les premiers pas furent hésitants. Pretties For You souffre des faiblesses de ses musiciens, encore novices. Péché de jeunesse que l’on retrouve partiellement sur Easy Action mais très vite éclipsé par l’arrivée de Bob Ezrin...
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  • Manset, jais rare

    par Adehoum Arbane le 26.05.2015 Non, écouter Manset ce n’est en rien céder au diktat d’une presse intellectuelle, recroquevillée sur ses attributions officielles. On ne vient pas à Manset par snobisme, par pose, non. Le mot venir est éclairant s’agissant d’un musicien dont la solitude l’éloigna longtemps du monde contemporain, médiatique et assourdissant. On touche à l’œuvre de Manset au départ avec réserve, timidité. Le chant en français et sa capacité à s’adapter aux canons du rock, au rythme, fut de tout temps un vrai problème. 
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  • Grateful Dead, musique vivante

    par Adehoum Arbane le 18.05.2015 Le grand défi auquel sont confrontés les groupes de rock actuels tient dans la capacité à restituer sur scène, avec force et conviction, la musique enregistrée, produite et mixée en studio. Groupe phare de la scène san franciscaine des 60s-70s, Grateful Dead fut confronté au problème inverse, à savoir reproduire en studio l’intensité de leurs prestations scéniques. Il y a bien à l’époque quelques tentatives un brin licencieuses de réenregistrer en studio des bandes gravées en concert – on pense à Happy Trail de Quicksilver Messenger Service... 
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  • Jean Michel Jarre, pape synthétique

    par Adehoum Arbane le 11.05.2015 Sur la carte de la musique électronique dite planante on trouve d’un côté Klaus Schulze, maître des nappes et des grands ensembles opératiques, et de l’autre Edgar Froese, avec ses doubles plages virginales couchées sur disques. Et au milieu coule une rivière, celle de Jean Michel Jarre. On mésestime l’importance de Jarre dans le genre, sa position en tant qu’artiste et créateur de climats, tout du moins dans ses premières années, de 1976 à 1981 avec le prestigieux triptyque Oxygène-Équinoxe-Les Chants Magnétiques. 
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  • Tony Joe White, crème du rock sudiste

    par Adehoum Arbane le 27.04.2015 Qui dit rock sudiste, dit le plus souvent rock de péquenaud. On connaît la haine qu’une formation comme Lynyrd Skynyrd vouait aux gentils hippies de Crosby, Stills, Nash & Young. C’est donc avec une inquiétude certaine que l’on aborde l’œuvre de Tony Joe White qui a le bon goût de se présenter sur Homemade Ice Cream – dernier volet de la période Warner –, chemise en jean nouée et poitrail en devanture. Avec un nom et une pochette pareils, soit l’on a affaire à l’un de ces Rednecks adorateurs du Klan
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  • Kate Bush, miss univers

    par Adehoum Arbane le 21.04.2015 Notre époque contemporaine qui aime tant parler pour ne rien dire a produit un nouvel avatar. Ainsi, préfère-t-on dire artiste plutôt que singer-songwriter. De même, en lieu et place de musique, la vulgate médiatico-culturelle a lancé son dernier concept : l’univers, en l’occurrence musical. Terme à la fausse consistance que l’on décline en boucle d’interviews en télé-crochets. Jusqu’à l’écœurement, jusqu’à ce que le mot même se vide, tel Michel Piccoli dans La grande bouffe, de sa substance. 
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  • Al Kooper, l’envie n’a pas de prix

    par Adehoum Arbane le 13.04.2015 Du bon usage de l’argent que l’on gagne en faisant un succès. Une courte maxime dont Al Kooper semble avoir fait son crédo. Jadis organiste de blues sur les mythiques Highway 61 Revisited et Blonde on Blonde de Dylan, Al Kooper n’a jamais cessé d’enregistrer, de produire. D’abord au sein de Blood Sweat & Tears, orchestre de jazz pop contemporain où il brille déjà par la singularité de son style. Un premier album, Child Is Father To The Man, est mis en boîte fin 67. 
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  • Pink Floyd au pied du mur ?

    par Adehoum Arbane le 30.03.2015 Lorsque dans les toutes dernières minutes de The Wall – le film délirant signé Alan Parker – le fameux mur éclate, ce n’est pas tant la psyché torturée de Pink, double allégorique de Roger Waters, qui s’effondre. Non. C’est un autre rempart qui s’écroule alors dans les gravas de mots et la fureur des guitares. Le véritable mur dont parle l’album – sans que chacun ne le sache ou n’ait tenté de le savoir – est bien celui qui sépara naguère les seventies symphoniques de la pop eighties. 
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  • Rundgren, le magicien ose

    par Adehoum Arbane le 16.03.2015 Dans les dictionnaires du rock et autres Lagarde & Michard Pop, Todd Rundgren est habituellement présenté comme un sorcier du son. Et c’est bien le sentiment qui envahit l’auditeur à mesure que défilent les minutes de A Wizard, A True Star, paru en 73. Pour résumer l’affaire – et s’agissant de Rundgren le mot "résumé" est à lui seule une gageure –, A Wizard est une verrue de taffetas. Un véritable ovni et pas seulement pour ses thèmes psyché-spatiaux. 
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  • Soft Machine, pas si soft que cela

    par Adehoum Arbane le 09.03.2015 Mieux que Dylan, Randy Newman et Patti Smith réunis. Soft Machine est la seule formation à avoir intellectualisé le rock. Pas seulement par le biais du jazz qui a progressivement contaminé une musique de prime à bord, disons, excentrique plus que psychédélique même si les contours du genre ont défini les premiers âges du groupe. Ainsi, la fantaisie a cédé la place à ce que l’on appellera la mystique du sens. De même que l’on donne du sens à sa propre vie, Soft Machine a donné du sens à sa musique. 
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  • Pink Floyd, le blues des businessmen

    par Adehoum Arbane le 03.03.2015 Exit Robert Johnson, John Lee Hooker, Alexis Korner ou John Mayall. Et si le plus grand album de blues de tous les temps n’était autre que Wish You Were Here de Pink Floyd ? Pour beaucoup, le blues est l’affaire des puristes. Du plus haut de leur mépris – comme d’une pyramide napoléonienne –, ces derniers renvoient la pop à la vulgate. Sans le vouloir Pink Floyd aura réconcilié les deux camps. Avec en guise de trait d’union tout le savant attelage des musiques cosmiques qui ont fait sa légende. 
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  • Deep Purple, huit nuances de gris

    par Adehoum Arbane le 16.02.2015 Pour les snobs du rock, la carrière de Deep Purple aurait très précisément démarré avec le fameux In Rock, brûlot de virilité glabre et braillarde, surtout célèbre pour son gros pompage de Child In Time – et au passage upgradé –, chanson dont la paternité revient en fait à It’s A Beautiful Day. C’était oublié qu’avant la période dite "Mark II", le violet profond eut un intéressant passage à vide psyché hard, cependant nécessaire, et qui permit d’esquisser un son en même temps qu’il éprouvait plusieurs combinaisons de musiciens. 
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  • Heep, Heep, Heep Uriah

    par Adehoum Arbane le 02.02.2015 Pour le commun des mortels, le hard rock – heavy metal pour les très très intimes – serait uniquement le fait de zicos bas du front, faux virtuoses au maniérisme trompeur et à la brutalité avérée. Et si ces gens-là, pour paraphraser Brel, se trompaient lourdement ? Et si le Hard était en définitive fin, léger ; soit foutrement intelligent ? Fin des années soixante, le psychédélisme freak agonise. Il sera bientôt troqué en Amérique pour un country rock hippie de fort bel aloie. 
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  • Gilmour se met à Nude

    par Adehoum Arbane le 26.01.2015 Quand il ne fut pas la créature insaisissable de Syd Barrett, Pink Floyd fut la chose de Roger Waters. Au point de ravaler Gilmour, Wright et Mason au rang de musiciens de studio sur leur génial effort pré-eighties, The Wall. Et si Richard Wright fut le vrai musicien du groupe – c’est lui qui accordait chacun des instruments avant de monter sur scène –, alors que Mason allait jouer les producteurs avec Wyatt tout en collectionnant au passage les voitures de sport, c’est David Gilmour qui incarna...
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  • Nilsson, we can’t live without you

    par Adehoum Arbane le 19.01.2015 Harry Nilsson est un peu le Alain Juppé de la pop. « Le meilleur d’entre nous » auraient  clamé les Beatles, John Lennon en chœur. Pourquoi un tel orfèvre n’a jamais eu – hormis quelques singles bien placés – la reconnaissance que son œuvre – certes contrastée – a pourtant amplement méritée ? Dès l’année 66, il se tenait prêt. Déjà. Attendant que le public l’adoube. Six printemps, six étés le sépareront de la standing-ovation populaire. Avant d’être dévoyée dans un boursoufflement émotionnel indigeste par une Maria un peu trop carrée, Without You fut d’abord une tendre balade.
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  • Van Morrison, astral oui

    par Adehoum Arbane le 13.10.2014 Le débat ne peut pas se résumer à « Astral Weeks est-il le meilleur album de Van Morrison ? » Difficile de passer par pertes et profits des trésors comme Moondance – album d’une qualité constante –, Tupelo Honey, Saint Dominic’s Preview ou Veedon Fleece. Ces quelques exemples glanés dans les premiers âges d’une discographie féconde montre à quel point Van The Man ne fut pas homme à céder à la facilité même si une telle longévité peut laisser dans une carrière aussi respectable soit-elle quelques trous d’air artistiques. 
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  • Randy Newman, homme neuf

    par Adehoum Arbane le 07.10.2014 Se méfier des outsiders. Ils finissent toujours avec le temps, à force d’efforts et d’abnégation, par dépasser leurs brillants rivaux. Pendant que Mick Jagger tortille du cul dans les stades, que Dylan joue les penseurs de Rodin version songwriter, que Bowie n’est plus que l’ombre botoxée de lui-même, Randy Newman poursuit son grand petit bonhomme de chemin. Depuis maintenant quarante six ans. Sans se soucier des autres, sans courir après le star-system, en restant fidèle à ses fans. 
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  • Paranoid, hard bop

    par Adehoum Arbane le 26.08.2014 Bloody hell, les démons n’en reviennent pas. De même que les fans. L’Angleterre qui a réussi à inventer les Beatles, le prog’ – et à l’imposer au monde entier – au grand dame de l’Amérique, cette si perfide Albion a livré à l’humanité un heavy rock ciselé, puissant, aussi noir qu’un paysage industriel du nord-ouest, un hard devenu ainsi légendaire par l’entremise de trois groupes dont il convient de saluer les audaces : Led Zep pour les intimes, Deep Purple mark II pour les connaisseurs et les petits derniers – qui furent au passage presque les premiers – Black Sabbath.
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  • Heart, le cœur des femmes

    par Adehoum Arbane le 19.08.2014 Combien de féministes hystériques nous les ont brisées menues en voulant imposer aux forceps ces balivernes sémantico-technocratiques que sont la parité à tous les étages et l’égalité dans la dissolution des genres. L’objet du scandale : le rock serait affaire d’hommes, le riff ne serait que la mâle expression d’une supériorité patriarcale ou maritale (c’est selon) ? Mesdames les frangines, autant vous le dire tout net, vous faites fausse route ! Nombreux sont les exemples de femmes ayant investi le monde certes cloisonné de la pop culture. 
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  • Les Pretty Things, l'étoffe des grands

    par Adehoum Arbane le 11.08.2014 Ils auront été des Rolling Stones de seconde catégorie durant les sixties et des sous Beatles à l’orée des seventies. Contre vents et marrées – ceux de la confidentialité –, ce gang de petites frappes connut un succès relatif avec une série de hits énervés dès 1965, dont le séminal Midnight To Six Men, pour se muer au fil des années en groupe pop magistral. Réussissant malgré tout à livrer pendant ces décennies fécondes deux chefs-d’œuvre ultimes, SF Sorrows en décembre 1968 et Parachute en juin 1970. 
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  • Justin, Award du meilleur album solo

    par Adehoum Arbane le 04.08.2014 Contrairement à ses camarades en solo, Justin Hayward n’a pas souhaité faire dans cette première tentative sous son propre nom du Moody Blues pur sucre. Bien que traversé de quelques échappées à l’étrangeté savamment distillée – le final de Nostradamus aux inflexions prog évidentes –, Justin avec Songwriter a pris son propre titre au mot. Pour livrer ainsi dix vraies chansons au cordeau, pop songs aussi attachantes que la personnalité de leur auteur. Certes, on pourra ressentir dans cet opus très réussi une impression de kitsch peut-être assumé. 
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