C'était mieux avant


  • Love, à revendre !

    par Adehoum Arbane le 23.07.2024 L’arbre qui cache la forêt, on connaît. Mais la forêt qui cache l’arbre ? S’agissant de Love, la forêt représente la floraison d’albums entre 1967 et 1969, soit Da Capo, Forever Changes et dans une moindre mesure Four Sail, qui possède encore quelques réminiscences des précédents, et Out Here. Où se situe l’arbre chez nos brillants californiens dégingandés ? L’arbre c’est ce premier album sobrement intitulé Love. Plusieurs choses à dire sur ce jeune séquoia à quatorze branches. Il y a beaucoup à dire en fait, et plus qu’on ne l’imagine. D’abord, le contexte. C'est un album du début non pas dans le sens...
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  • The british Jefferson Airplane ?

    par Adehoum Arbane le 16.07.2024 Les comparaisons sont-elles abusives, ou du moins restrictives ? Pour résumer, comparer serait rabaisser. Débat sans fin aux inépuisables ressources argumentatives et qui continuera de faire couler les encres des Danaïdes de la critique. Et cependant…  Peut-on prendre en considération avec un peu de sérieux le surnom dont la critique affubla Fairport Convention, soit “The british Jefferson Airplane” ? Dit comme ça, dans la langue de Shakespeare, la sentence paraît moins lourde, voire flatteuse. British en français a signifié avec le temps, élégant, distingué. Commençons par dire que le Jefferson...
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  • The Byrds, Notorious Big

    par Adehoum Arbane le 09.07.2024 Le bouillonnant et turbulant Crosby s’est-il dit, en fin d’année 1967, cette phrase prophétique : « Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant, on va voir comment ils s’en sortent. » Ils, ce sont Roger McGuinn et Chris Hillman. Il faut dire que cette année décisive pour la pop l’est tout autant pour les Byrds qui traversent une période complexe où les egos se percutent et se séparent dans les éclats de voix de la dissension. Crosby aimerait que le groupe cesse les reprises qui ont fait son succès – il n’aime pas Goin’ Back. Il veut surtout placer ses chansons, dont le sulfureux Triad...
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  • Frénétique mythe errant

    par Adehoum Arbane le 25.06.2024 Imaginez que Jimi Hendrix ait enregistré en 1966, dans le plus grand secret, Electric Ladyland, juste avant de sortir Are You Experienced… C’est un peu le cas, dans une moindre mesure, de Frantic qui a sorti très officiellement en 1970 un unique album plus que recommandable dont la pochette très expressive annonce la couleur de la musique qu’il contient. Du heavy psyché traversé de distorsion et de divers effets alors en vogue. Publié sur un label obscur, Lizard, comme il en existait beaucoup, ce disque est malheureusement resté confidentiel, trouvant un public parmi les fanatiques collectionneurs du genre...
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  • Mandrake Memorial, plan à trois

    par Adehoum Arbane le 18.06.2024
    Reductio ad Hitlerum ! Coup de tonnerre dans le Landerneau de la rock critique ! On ne vous l’avait jamais faite, celle-là, cette attaque, cette infamie. Et pour cause ! Le pire du verbe réduire. Ramener une chose à ce qu’il y a de plus bas. De plus vil. L’horreur faite homme. Réduire, c’est aussi en cuisine parvenir à une forme de quintessence saucière, retirer l’eau par évaporation afin d’obtenir un fond plus concentré en arômes, une texture plus onctueuse. Ici, le verbe est un art, une technique, pas une diversion. Une invention même. Revenons à la pop...

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  • Manset, mieux ennemi du bien

    par Adehoum Arbane le 11.06.2024 Il n’y a pas de meilleur Manset. Dit comme ça, la chose pourrait choquer. Évidemment, on peut trouver dans la discographie de l’auteur-compositeur-interprète quelques pierres angulaires. Des jalons, comme le miroir de la période dans laquelle lesdites œuvres se sont inscrites. On n’en citera que trois par paresse. Gérard Manset 1968, La Mort d’Orion, Manset (appelé aussi Y’a une route). Chacun développe une esthétique, pop psychédélique sur le premier, symphonique et progressive avec le second, rock FM avec la dernier cité. Avec Manset on est aussi troublé par deux aspects...
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  • Pompidou, les années prog

    par Adehoum Arbane le 04.06.2024 Et si on ne devait retenir que cela ? Avec un septennat tronqué, de 1969 à 1974, Pompidou aura été le président des années progressives. Surtout, cet âge d’or musical met malgré lui en lumière le legs pompidolien : un savant mélange entre modernité et enracinement, entre progrès et préservation. D’ailleurs, l’année 69, comme commencement de son mandat, n’est à ce titre pas un hasard. Année charnière refermant la porte des florissantes sixties et ouvrant celles des industrieuses seventies. 69 s’avère aussi l’acte de naissance, en fait le second, du rock progressif avec la sortie de In the court of the Crimson King...
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  • Klaatu, espérance

    par Adehoum Arbane le 28.05.2024 Le mystère chrétien, un pilier du catholicisme. C’est la vérité inaccessible à la raison mais que Dieu donne à connaître en se révélant à travers les Évangiles et le sacrement de l’eucharistie. La pop possède aussi son mystère, voire ses mystères et ses propres évangiles, l’eucharistie s’apparentant à l’écoute des albums rappelant la symbolique de l’Ostie, dans un format plus conséquent. Le mystère pop, est-ce la beauté inattendue s’échappant des microsillons, est-ce le talent que l’on perçoit dans le labeur de la production, est-ce encore autre chose ? Une sorte de mythologie dont les secrets n’auraient pas encore trouvé...
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  • Affinity time

    par Adehoum Arbane le 21.05.2024 Non, les Britanniques ne sont pas tous des John Steed ou des John Drake. Derrière le flegme légendaire de ce peuple à nul autre pareil, surgit par moments, bien souvent, une manière d’être ou de ne pas être justement, une excentricité folle et qui aura donné le meilleur de la pop culture dans ses grandes œuvres. Ce n’est pas tant le style en vogue dans le Carnaby Street des sixties qui nous intéresse ici, encore moins le look hippie baba cool relevant du cliché. C’est un souffle venu d’ailleurs. On pourrait croire qu’il provient des États-Unis en une tornade dévastatrice. Car cette année 1968 où les pavés volent, où les révolutions se font jour... 
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  • Gentle Giant, piece of my heart

    par Adehoum Arbane le 23.04.2024 L’esprit de synthèse. Toujours. Les membres du groupe Gentle Giant seraient-ils les François Hollande du prog rock ? Derrière la citation pataude, en forme de culbuto critique, l’adjectif n’aura jamais été aussi pertinent. Contextualisons. En ce second mitant des seventies, le rock progressif semble vivre ses dernières heures. On ne sait pas encore à ce moment précis que seuls Yes et Genesis sauront se réinventer, progressivement s’entend. Attendu que Hammill demeure un électron libre (tout comme Wyatt) et que l’école de Canterbury a tiré ses ultimes cartouches avec National Health. Ne parlons même pas de Gentle Giant... 
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  • Mothersfuckers of Invention

    par Adehoum Arbane le 02.04.2024 On la connaît l’antienne du “c’était mieux avant”. Un brin réac. Encore que. Les années soixante furent bien celles d’un haut potentiel créatif, là où l’imagination ne connaissait aucune limite. On pourra citer Sgt. Pepper’s des Beatles, plus que Revolver ou l’Album Blanc d’ailleurs mais ces albums, pour fondamentaux qu’ils soient, ne sont rien en vérité. Comme avec le cinéma bis qui s’autorisait tout un tas de transgressions inavouables, un groupe aura sans doute était le premier à repousser les limites, pas seulement du bon goût, mais surtout de la musique, au sens de ce que l’auditeur était capable d’écouter, voire d’endurer...
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  • Wight is night

    par Adehoum Arbane le 26.03.2024 « Dionysos avait été ligoté. » Ce sont les mots de Manzarek pour qualifier la performance de Morrison, tard dans la nuit du 30 août 1970 (2h du matin) à l’île de Wight. Pour la petite histoire, les Doors arrivent à Wight sans connaître les conditions dans lesquelles ils se produiront. Le plus grand des festivals du moment – 600 000 pèlerins au total – ne coche pas forcément toutes les cases en matière de standards d’organisation. Un seul spot rouge éclaire la scène, qui plus est à l’heure tardive où les Doors démarrent leur set. Les musiciens peinent à se distinguer. Morrison, qui est pris dans les nasses de la justice...
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  • Severus Prog

    par Adehoum Arbane le 12.03.2024 La sortie du nouvel album de The Smile, projet mené par les deux têtes pensantes de Radiohead et qualifié de rock progressif, nous amène à réfléchir sur la signification de cet adjectif. Qu’est-ce au fond que le prog ? Jonny Greenwood l’avait défini – et critiqué – comme une musique s’évertuant à vouloir ressembler à la musique classique, en cause le terme parfois trompeur de rock symphonique dont on affubla jadis Yes. Mais Yes est-il une tentative de sonner comme un orchestre philarmonique ? Fait-il des opéras à la Wagner ou une symphonie comme Beethoven ? Bien évidemment non.
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  • Spriguns, un brin ?

    par Adehoum Arbane le 27.02.2024 Coup de tonnerre dans le Landerneau folk rock britannique. Le 21 avril 1978, Sandy Denny meurt à l’Atkinson Morley Hospital de Wimbledon d’une hémorragie cérébrale. Il faut dire que depuis 76, la célèbre chanteuse souffrait de dépression, état qui voyait sa consommation d’alcool et de drogue dramatiquement augmenter. Est-ce pour cette raison que Mandy Morton fut traversée par les flèches de l’inspiration ou, disons-le autrement,  qu’elle reçut l’injonction de prendre le relais avec Time Will Pass, troisième et meilleur album de Spriguns (of Tolgus), le deuxième pour la firme Decca ? Thèse quelque peu hardie...
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  • The Rising Storm, Love stormy

    par Adehoum Arbane le 20.02.2024 The Rising Storm. Un groupe précédé d’une réputation flatteuse dont l’unique album se révèle être une tempête… dans un verre d’eau. Pourquoi ? Pour son année de sortie où la concurrence était implacable ? 1967. C’est le grand tsunami de la pop qui part de l’Angleterre beatlesienne pour s’abattre sur l’Amérique. Dans le fracas des vagues colorées surgit un genre qui est un monde en lui-même et avec lequel, pour finir, l’Angleterre peinera parfois à rivaliser : le psychédélisme. Non pas que la perfide Albion ne proposa pas son lot de groupes, de disques fondamentaux - ce fut bien évidemment le cas - mais l'Amérique...
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  • Jimi Hendrix, praxis

    par Adehoum Arbane le 13.02.2024 Déjà si loin qu’elles pourraient disparaître dans coup de gomme du destin. Ainsi nous apparaissaient les glorieuses sixties. 1967, un nombre échappé d’un autre siècle mais dont la graphie, à l’œil, semble toujours actuelle. Au combien fascinante. Alors que les sixties, tout comme les seventies, ont été remisées au musée de notre mémoire collective. Ringardes pense-t-on. Avec leur cortège de babas-cool, leur naïveté confondante, pour ne pas dire abêtissante. Elles ne paraissent pas loin sans raison, vestiges d’une époque fort heureusement révolue. Et pourtant, qui ne se plaît pas à exhumer le vieux costume des années pop...
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  • Ayers, sous le soleil exactement

    par Adehoum Arbane le 06.02.2024 Nous avons tous croisé dans notre vie un branleur de cour d’école. Le genre de gars qui emballe les filles tout en s’attirant la haine (surtout le respect) des autres garçons.  Celui-ci peut prendre différentes identités. Le branleur un peu moche mais habile, avec du caractère, une forme d’ingéniosité qui le tire aussitôt des situations difficiles. Le branleur sportif et dominant, irrémédiablement beau… mais stupide. Mais l’apparence comptant plus que l’intelligence, ce dernier fait alors parfaitement illusion. Précisons que le branleur sportif et dominant prend sa source dans la mythologie...
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  • Ratledge of time

    par Adehoum Arbane le 30.01.2024 Depuis l’Antiquité, la chevelure – qui plus est longue – représente un symbole de pouvoir. Prenez Samson, que Dalila réduisit à l’impuissance par une simple coupe de cheveux. Par capillarité, venons-en à la pop. Là, vous objecterez qu’en la matière, ce n’est pas le plus petit dénominateur commun, exception faite de Lou Reed qui n’avait guère l’allure d’un hippie. Bref, dans les sixties-seventies, les hommes tout comme les femmes (hormis Julie Driscoll) portaient le cheveu long. Soyeux, bouclé, frisé, raide, sale, frangé ou non, mais bel et bien long. Parmi tous ces noms, émerge celui de Mike Ratledge, clavier de Soft Machine...
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  • Apoteosi, en toute humilité ?

    par Adehoum Arbane le 23.01.2024 Le prog rock est à l’image de la peinture de la Renaissance. Les grands maîtres furent souvent imités. Dans le dédale pictural des nombreuses déclinaisons, les apprentis génies se perdaient souvent, peinant à s’extraire du lot. Sont-ils restés dans l’Histoire ? Généralement, non. Il va de même des groupes qui ambitionnèrent de devenir les égaux des Genesis, YES, VdGG, King Crimson, ELP, pour ne citer qu’eux. Le prog est un exemple d’autant plus criant, voire cruel, qu’il connut en Europe de multiples incarnations toutes aussi passionnantes les unes que les autres. Après l’Angleterre, on peut citer l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas...
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  • Iron Butterfly, transformisme pop

    par Adehoum Arbane le 16.01.2024 Robert de Niro. Sans doute le même homme de ses débuts avec Carné et De Palma jusqu’à Nancy Mayers en passant bien sûr par Scorsese, le grand Martin qui lui offrit ses plus beaux rôles. Et pourtant c’est peu dire que l’acteur enchaîna les transformations. Avec en point d’orgue son interprétation gonflée, dans tous les sens du terme, de Al Capone dans Les incorruptibles. Pas aussi immense que ce dernier, le groupe pop Iron Butterfly partage un point commun avec lui : son transformisme permanent derrière une cohérence de façade. Et en quatre albums, si on délaisse le live...
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  • Pete Brown sugar

    par Adehoum Arbane le 09.01.2024 Ne tortillons pas, l’acmé créative de Clapton se situe entre 1966 et 1968, soit les années discographiques de Cream. Cream c’était un trio alchimique formé de Clapton donc, de Jack Bruce et du batteur fou Ginger Baker. Ce serait oublier le poète Pete Brown, allié précieux de Bruce, à la plume duquel on doit quelques chefs-d’œuvre comme I feel free, Sunshine of your love, Dance the night away, Swlabr, White room, As you said, Politician, Deserted cities of the heart. Brown s’inscrit dans une lignée particulière, celle des poètes de groupe (Keith Reid avec Procol Harum, Pete Sinfield avec King Crimson...
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  • Wipers au poing

    par Adehoum Arbane le 19.12.2023 Le souverain poncif du rock, le terme le plus galvaudé, comme “culte” l’est au cinéma, est encore l’adjectif “urgent”. Qu’essaient de nous dire ceux qui l’emploient abondamment ? Qu’une œuvre a été composée et enregistrée en quelques jours – c’est le cas de pas mal de disques des années 60 –, que ses morceaux traduisent une forme de spontanéité, quelque chose qui, à l’image de la fleur, se verrait faner, c’est-à-dire altérer par les années, ou s’agit-il tout simplement d’une forme de musique basique et violente, âpre et sans concession ? Peut-être tout cela en même temps, ou alors autre chose.
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  • Nicks ton père

    par Adehoum Arbane le 28.11.2023 David et Goliath. On connaît l’épisode biblique. Celui-ci peut prendre d’autres visages inattendus. Tenez, 1977, Fleetwood Mac, groupe middle of the road en matière de créativité (pour ne pas dire de génie) mais au succès commercial constant, connaît avec Rumours un succès aussi inattendu que phénoménal. 4 millions d’albums écoulés en une année. Impensable quand on songe aux épreuves que le groupe a traversées, avec ce qu’il faut de défections et de trahisons pour vous contrarier un destin. Tusk, en 1979, constitue l’acmé artistique mais se vend moins bien (un million d’albums tout de même)...
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  • Barry, page blanche

    par Adehoum Arbane le 21.11.2023 Le rock’n’roll est la flamme que crachaient les guitares pour embraser le monde. La musique de Barry White est la flamme qui crépite dans l’âtre d’une confortable villa sud-californienne. Comme pour faire oublier un passé plus funeste, le surnom peu amène de warlus of love, c’est un peu la forêt qui cache un petit arbre : Barrence Eugene Carter. Lequel devient Barry White dans une sorte d’hommage inversé à son père qui l’abandonna, à l’âge de six mois. Barrence est élevé par sa mère, musicienne de son état, et qui le pousse de la main vers son premier piano.
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  • Manset, premier de cordée

    par Adehoum Arbane le 07.11.2023 Aujourd’hui, on le considérerait comme un stagiaire. Un anonyme auquel on ne prête guère d’importance. Quelqu’un de passage, remplaçable. Certes, qui fera ses preuves et qui apprendra de ses mois de labeur pour aller exercer ses talents ailleurs. Bien sûr, on ne paie pas, ou si peu. On estime, peut-être à raison, que son expérience lui permettra de briller par la suite, ce qui n’est pas faux quand on observe la suite. Le futur. Tiens le futur, il est en train de l’inventer ici, en France. Nous sommes en 1968, année des événements, de ce mois de mai où la jeunesse parisienne...
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