C'était mieux avant


  • Organ Grinders, souviens-toi Barbarie

    par Adehoum Arbane le 14.02.2023 La sortie du film événement de Peter Jackson, “The Beatles : Get Back”, nous a prouvé, s’il en était besoin, l’importance fondamentale des Fab Four et de leurs disques, au-delà des coups de pouce de Georges Martin. Ces formidables singer-songwriters rompus avec le temps aux techniques de studio qu’ils ont contribué – parfois sans le vouloir – à développer, ont défini les standards de la musique pop pour les décennies à venir. La force de leur œuvre est telle que les influences sont multiples, souvent directes – on ne compte plus à partir de 1966 les clones des Fab
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  • Psych-exploitation, vraiment ?

    par Adehoum Arbane le 07.02.2023 Si le mot valise de Blacksploitation ou Blaxploitation revêt un caractère plus politique – il s’agissait dans les années 70 de revaloriser l’image des afro-américains dans le cinéma de divertissement – l’expression a connu des déclinaisons plus circonstancielles pour ne pas dire conjoncturelles. Ainsi, la Hippie exploitation ou Psychsploitation, voire Psyxploitationa-t-elle constitué un genre non négligeable de la contre-culture américaine. Le fait est que sa contribution à l’industrie du cinéma et au lancement de ce que l’on appellera Le nouvel Hollywood n’aura pas laissé...
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  • The Soft Machine, ligne droite

    par Adehoum Arbane le 31.01.2023 Il paraît étrange qu’un groupe dont le nom est tiré d’un roman de William Burroughs, grand maître du roman drogué et de la Drogue, ne soit pas fondamentalement psychédélique, c’est-à-dire un groupe dont la musique serait mue par les substances hallucinogènes. En cela, Soft Machine ne diffère pas de ses homologues post-Beatlesiens, à l’exception d’un Pink Floyd dont la singularité le fit suivre un tout autre chemin, celui du space rock. En ces années 67-68, nombreuses sont les jeunes formations à explorer une autre voie faite d’excentricité et de surréalisme et dont la littérature fantastique anglaise...
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  • Paul & Linda, Rock et Fem

    par Adehoum Arbane le 17.01.2023 Avec Imagine, on prête à Lennon – et à son ombre, Yoko Ono – le statut d’icône révolutionnaire, d’imperator politique. À tort. Enfin, n’est-il pas le seul en cette année 1971 à inventer le monde de demain. Quand le couple Lennon-Ono opte pour le bed-in, Paul et Linda s’installent, le temps des vacances, dans une ferme d’Écosse – qui donnera son nom à une future chanson de Macca, Mull Of Kintyre – où ils passent du bon temps en famille. Ce tableau d’apparence banal, et même naïf, renvoie aux pires clichés de la culture hippie, toujours en vogue en ce début de décennie 70.
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  • Julie, Auger de l’émotion

    par Adehoum Arbane le 03.01.2023 Dans la pop comme dans d’autres disciplines artistiques, il existe des hiérarchies. Les grands musiciens, auteurs, compositeurs – hommes et femmes d’ailleurs – qui sont entrés dans l’histoire de la pop, qui l’ont inscrite dans la modernité et, enfin, dans l’éternité. Puis on trouve les seconde, troisième, quatrième divisions de groupes et d’artistes. Encore plus inclassable est Brian Auger. Organiste surdoué, il aura accompagné de nombreuses révolutions dont il n’était pas forcément à l’origine : british blues, pop, psychédélisme, jazz rock, progressif. Il fut de tous les combats...
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  • Grand Funk Railroad, la lutte finale ?

    par Adehoum Arbane le 20.12.2022 Le sentiment le plus commun à l’écoute d’un album est l’évidence, c’est-à-dire la manière dont il s’écoule en un fleuve paisible des vertes frontières du Canada vers les vastes citées avoisinantes dont l’impénétrable Los Angeles constitue une apogée par ses lacets de routes reliant des quartiers miniatures, îlots, refuges, où viennent se planter d’opulentes villas bourgeoises. Mais parfois, rarement – enfin pas si souvent peut-être – l’élaboration d’un disque relève de la lutte. Derrière son titre affable – en vérité ironique –, Good Singin', Good Playin'...
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  • La boucle est Buckley

    par Adehoum Arbane le 06.12.2022 Tim Buckley, cet autre enfant aux semelles de vent. Quel rapport me direz-vous entre un chanteur pop américain du vingtième siècle et un poète français dix-neuvièmiste ? Entre la Californie radieuse des sixties et le ciel de plomb, très fin de siècle, des Ardennes ? Entre Buckley et Rimbaud donc ? La jeunesse peut-être. Son exubérance notable, palpable. La mort aussi.  Nos deux figures ayant été fauchées dans le champ fécond où pousse la fleur de l’âge. Le premier point qui les oppose est étrangement la poésie. Rimbaud la pratique dans les mots – et quels mots ! – quand Buckley la délègue...
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  • 10CC et 7 CS

    par Adehoum Arbane le 22.11.2022 Les années 70 ne sont pas celles du cynisme comme on le croit. À minima celles de la désillusion. Mais en restant sous ces bornes-là, nous semblons loin du compte. Qu’il s’agisse du progressif, du glam – même si les intentions étaient louables –, du hard rock (anglais comme américain avec les shows de Kiss) ou du soft rock – on ne parle même pas de la déferlante disco –, l’argent qui coulait à flot, tout comme les drogues d’ailleurs, a pu laisser penser que seule les intérêts commerciaux primaient. Mais on oublie parfois, souvent même, que les seventies pop furent une décennie généreuse, parfois tendre entre les lignes... 
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  • La Californiiiiiiiie

    par Adehoum Arbane le 15.11.2022 Le folkeux anglais est un arbre. Solidement enraciné dans la terre d’Albion. La position insulaire n’arrange rien. Le folkeux est définitivement sédentaire. Ce qui ne l’empêche pas de regarder au loin ; ce dernier voyage par procuration. Il se sert du temps dont il gravit l’échelle au gré de ses désirs. Les récits anciens sont sa propre carte et sa guitare, une sorte de compas. Mais il arrive parfois, exceptionnellement certes, que cette figure ombrageuse de la tradition fasse fi de la sacro-sainte règle et parte, valises en mains. Bert Jansch est de ceux-là qui osèrent provisoirement tout quitter pour aller trouver...
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  • Les nuits de la pleine lune rose

    par Adehoum Arbane le 01.11.2022

    La France a bien souvent du mal avec les traditions anglo-saxonnes, notamment les fêtes, surtout quand celles-ci se retrouvent phagocytées par des intérêts mercantiles devenus bien trop visibles avec le temps. Halloween fait évidemment partie de ces rendez-vous qui s’accordent fort peu avec nos usages et pourtant, cette émanation de la Toussaint – la fête des morts – devrait être l’occasion de troquer le sac de bonbons contre l’écoute d’un disque, pour rester dans l’ambiance. Et cet album, c’est Pink Moon de Nick Drake. Dernier effort si l’on ose dire de son auteur...

     

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  • All roads lead to Them

    par Adehoum Arbane le 25.10.2022 Tout a été dit, selon l’éternelle et indépassable formule, au sujet d’Elton John. La pop star est suffisamment massive pour avoir fait l’objet d’une étude approfondie, tous médias confondus. Livres, documentaires, film de fiction, il n’est plus possible d’ignorer la plus petite anecdote, révélation sur son incroyable destin. Idem pour Van Morrison même si son parcours parait moins « bigger than life » que celui de John. De Van the Man on ne retiendra pas seulement le caractère acrimonieux mais aussi l’autre grand pourvoyeur de classiques ; ne serait-ce que Gloria, composé pour les Them, a su s’imposer parmi le petit peloton...
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  • Jamais sans ma jam

    par Adehoum Arbane le 18.10.2022 L’opposition entre pop et rock n’a rien de théorique. Quand la pop se définit par la notion de format – la chanson de deux minutes trente –, le rock tente de s’en affranchir. Cette lecture a d’ailleurs souvent cantonné la pop dans le registre enfantin – les Beach Boys –, laissant le rock et son champ d’expérimentations au monde adulte ; le rock c’est du sérieux. La Folk sut aussi se distinguer de la pop éphémère et futile, parfois produit consommable prêt à jeter, par sa dimension épique, et ce bien avant l’avènement du progressif. Mais refermons cette parenthèse pour en ouvrir une autre, du moins pour explorer un aspect constitutif de l'expérience rock...
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  • The Soft Parade, loukoum together ?

    par Adehoum Arbane le 11.10.2022 On a beau jeu de dire que « The Soft Parade » est l’album qui précipita la carrière des Doors. Sans doute « Waiting For The Sun » lui avait un peu préparé le terrain. Enfin, peut-on du moins affirmer sans subir les foudres des fans que « The Soft Parade » s’avère un disque coincé. Coincé entre deux périodes, les années 67-68 qui voient leurs deux premiers opus les imposer d’emblée au panthéon du nouveau rock et les années 70-71 qui marqueront un recentrage autour du blues, avec comme bouquet final le parfait « L.A. Woman ». Coincé également entre deux formules...
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  • The Doors, I’m the Billboard Man !

    par Adehoum Arbane le 04.10.2022 La sagesse du poète californien voudrait que l’on suive son injonction et que l’on aille "au-delà" de nos préjugés, y compris les plus stupidement ancrés. La détestation dont les Doors font preuve, parait tellement injuste, infondée, ignorante de leur importance qu’il convient aujourd’hui de revenir sur leur cas. Et plus précisément sur celui de leur premier album, sobrement intitulé « The Doors ». Évacuons d’emblée cette question, non pas embarrassante, mais finalement futile au regard du reste : Jim Morrison était-il un authentique poète ou un clown, un pitre hollywoodien ? N’oublions pas que...
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  • Mazouni et l’Atlas de la pop

    par Adehoum Arbane le 27.09.2022 Tous les chemins mènent à Rome. Peu importe lequel pourvu qu’on ait l’ivresse de la découverte. Le Voyage ! Qui possède un caractère initiatique, un pouvoir révélateur. Ne dit-on pas qu’il forme la jeunesse ? En cela, il représente un passage, un rite, un bref moment où le corps et l’âme apprennent, grandissent, s’émancipent. Il y a le voyage au sens physique, géographique. De l’Odyssée d’Ulysse à celui qui se fait en taillant la route par tous les moyens, comme chez Kerouac, jusqu’au pèlerinage où l’on se rend dans un lieu tenu pour sacré. Il existe aussi de ces périples immatériels en apparence, presque invisibles...
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  • Al Kooper, full on the hill

    par Adehoum Arbane le 13.09.2022 « Nous vivons la fin de ce qui pouvait apparaître comme une abondance et la fin, pour qui en avait, d’une forme d’insouciance ». Sans jeter un froid ou ajouter un commentaire à la litanie des réactions convenues, la fin de l’abondance et de l’insouciance arriva avec les premiers punks qui donnèrent au mot "urgence" sa forme critique définitive, quoiqu’un peu grotesque. Lorsque l’on songe aujourd’hui au délai qui sépare un album d’un autre, cette idée d’urgence a de quoi faire sourire. Si l’on voulait être plus précis, nous dirions qu’en matière de pop, l’abondance fut un crédo, quant à l'incousiance...
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  • Matia Bazar, on tour

    par Adehoum Arbane le 19.07.2022 Paradoxe d’entre les paradoxes, plus l’Homme accomplit des pas de géants sur la route infinie du Progrès, plus il se sédentarise. Alors que nos ancêtres ont parcouru le monde par voies terrestres, à pied, à cheval, puis par les voies maritimes, bravant mille dangers. Même la conquête de l’Espace ne suscite plus autant d’enthousiasme qu’en 1969. Aujourd’hui, nous contentons-nous d’envoyer des sondes, drones et autres robots pour arpenter des planètes inhospitalières, voire inconnues, bien souvent les deux. Cet état physique presque végétatif n’empêche pas notre esprit de voyager...
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  • Le Fairport des seventies : fun House ?

    par Adehoum Arbane le 12.07.2022 La publication de Full House, cinquième album de Fairport Convention, en juillet 1970 fait largement écho à cette idée bien anglaise du « Moment in Time ». C’est l’instant présent, suspendu, fixé, concentré sur un événement, un souvenir, quelque chose que l’on apprécie et dont on voudrait, en vain, prolonger la magie. Heureuse ou mélancolique, cette philosophie de la vie renvoie à une autre expression familière, le fameux « carpe diem » dont on se souvient qu’il fut clamé tel un slogan poétique dans « Le cercle des Poètes Disparus » de Peter Weir. À dire vrai et pour en revenir à Fairport...
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  • 4 Way Street, rue ou boulevard ?

    par Adehoum Arbane le 28.06.2022 De 2500 à 3875 et jusqu’à 17500 places, l’écart semble énorme. Ce serait l’équivalent de la Philharmonie pour la plus petite, d’un Zénith revu à la baisse et enfin d’un presque Palais Omnisport de Paris-Bercy. Ce sont des salles, surtout la dernière, où se produisent les mastodontes rock internationaux. Les shows sont bien souvent à la hauteur des moyens techniques mis en œuvre. Crosby, Stills, Nash et Young ont joué durant l’été 70 une série de concerts mémorables dans des Philharmonie, Zénith et Paris-Bercy américains. Normal, ils étaient d’immenses stars. Un super groupe...
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  • A Whiter Chaire of Pale

    par Adehoum Arbane le 21.06.2022 De toutes les institutions de la Monarchie – devenue "républicaine" avec Hugo, encore et toujours Hugo – l’Académie Française est de la loin la plus intimidante. Depuis sa création, hommes et femmes se succèdent, chacun venant s’assoir, rite immuable et solennel, dans le fauteuil laissé vacant par un mort. Et puis ce qualificatif d’immortel, comme un pied de nez à notre nature provisoire. Récemment, c’est l’écrivain François Sureau qui a pris la place de Max Gallo. Comme il est de coutume, son discours d’intronisation rendit un vibrant hommage au prédécesseur disparu. Dans ce texte-épopée souffle une puissance... 
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  • Let It Beat ?

    par Adehoum Arbane le 14.06.2022 Les clivages ont la vie dure ! Surtout ceux de l’ancien monde. Et on ne parle pas ici de politique mais bien de musique. Là encore, on ne nourrira pas le débat sans fin entre rap et rock, entre années 2020 et 60-70, entre prog et punk, entre Beatles et Stones. Toutes ces controverses ne valent rien en vérité si l’on ne considère pas la question bien plus large de l’océan de différences entre pop et rock. Entre sophistication et sauvagerie. Entre production léchée et captation brute. Entre bonbon de deux minutes trente et longue jam traversée d’électricité. Alors, on en revient à l’opposition Beatles-Stones. Alors que les Beatles des premiers âges...
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  • Dukes of Stratosphear, un beau Romand

    par Adehoum Arbane le 07.06.2022 Jean-Claude Romand n’est pas seulement connu du monde judiciaire. L’affaire qui porte son nom a franchi les frontières de la culture populaire. Pour mémoire, pendant dix-huit longues années, Romand aura menti à ses proches, se faisant passer pour un médecin. Alors qu’il arrive au bout de son mensonge, privé de ressources financières et suspecté par sa femme, celui-ci finit par la tuer, elle, leurs enfants et ses parents. Voilà. Le but n’était pas de plomber l’ambiance mais bien de démontrer qu’une entreprise de travestissement de la vérité n’est pas réservée qu’aux criminels.
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  • Un faussaire de psychédélisme

    par Adehoum Arbane le 31.05.2022 Ceslaw Bojarski. Ce nom ne vous dira rien surtout si vous vous cantonnez à la culture pop. Ce réfugié polonais installé en France pendant la guerre, ingénieur de son état, a été à l’origine de l’une des plus incroyables affaires de faux-monnayage. Inventeur de génie, il parvient à créer des billets que même les caissiers les plus scrutateurs de la Banque de France peinent à différencier des vrais. Bien évidemment et comme dans toutes les affaires de ce type, l’homme tombera par négligence. En effet, à ces débuts et pendant de nombreuses années, Bojarski travaille seul et dans le plus grand secret, alors qu'il est marié et père de famille.
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  • Steppenwolf, cœur de loup

    par Adehoum Arbane le 17.05.2022 Les arguments d’autorité à propos du Masculinisme peinent à masquer une réalité, pour le coup navrante : l’Homme de 2022 n’est plus celui de 1969. Tant mieux répondront certains mais il n’en demeure pas moins que les figures aventureuses d’Easy Rider incarnées par Peter Fonda et Dennis Hooper, chevauchant leurs bolides de l’enfer, paraissent bien plus chevaleresques, nobles et séduisantes que des bobos droits et barbus sur leurs trottinettes électriques. Cette confrontation symbolique n’a sans doute que peu de valeur. Cependant, elle nous fait passer un message clair : toute une culture s’est ainsi progressivement effacée...
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  • D’avides vendettas

    par Adehoum Arbane le 10.05.2022 Les milléniaux rêvent de renverser la table du vieux système, de tout déconstruire, Histoire, Culture, statues, ordre économique et social, jusqu’aux personnes, rien que cela. Mais force est de constater qu’à la lumière de cette entreprise en vérité impossible, le compte n’y est pas. En effet, en plus d’avoir grandi dans une société prospère qui les a couvée, qui leur a épargnés la guerre, les famines, nos rebelles en culottes courtes ont bien triste mine. Ils et elles sont bien souvent mal habillés, ils et elles écoutent une musique médiocre, ils et elles produisent des contenus ineptes sur leurs réseaux...
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