Shebam de Alice Cooper à Zappa


  • Aline, in memoriam

    par Adehoum Arbane le 19.03.2024 Et si tout était dit dans l’une de leurs neuf chansons inédites, S'éloigner quand même ? Le groupe s’appelle Aline, prénom rohmerien d’un amour d’été qui s’éloigne donc, façon pudique de ne pas dire amour perdu. Car la question se pose. Il fallait la poser d’ailleurs. Lorsque l’on vieillit – et c’est bien naturel – peut-on continuer à chanter les passions adolescentes, quand bien même Aline l’aura fait avec un talent certain, voire avec fulgurance. Pour écrire Je bois et puis je danse, il fallait de la vista tant cette chanson, douze ans après sa création, sonne encore comme un hit saillant, insouciant mais bien réel. Aline alias Romain Guerret...
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  • Severus Prog

    par Adehoum Arbane le 12.03.2024 La sortie du nouvel album de The Smile, projet mené par les deux têtes pensantes de Radiohead et qualifié de rock progressif, nous amène à réfléchir sur la signification de cet adjectif. Qu’est-ce au fond que le prog ? Jonny Greenwood l’avait défini – et critiqué – comme une musique s’évertuant à vouloir ressembler à la musique classique, en cause le terme parfois trompeur de rock symphonique dont on affubla jadis Yes. Mais Yes est-il une tentative de sonner comme un orchestre philarmonique ? Fait-il des opéras à la Wagner ou une symphonie comme Beethoven ? Bien évidemment non.
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  • Plantoid, power plant

    par Adehoum Arbane le 05.03.2024 2024. Une date, du moins, une temporalité mainte fois citée dans les récits de science-fiction. Alors imaginez qu’en 2024 on produise des films muets ou que l’on retourne à la versification classique, au mythique et antique alexandrin. Imaginez un art pictural fait de scènes de chasse, de ruines romaines oubliées dans un foisonnant écrin de verdure. Et enregistrer un disque progressif ! Non ? Vous n’y pensez pas. Le rock progressif ce vieux truc poussiéreux né dans cette lointaine décennie soixante-dix où nos parents, voire nos grands-parents arboraient d’inélégants pattes d’éléphant, portaient le cheveux long, parfois sale. Au placard...
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  • Spriguns, un brin ?

    par Adehoum Arbane le 27.02.2024 Coup de tonnerre dans le Landerneau folk rock britannique. Le 21 avril 1978, Sandy Denny meurt à l’Atkinson Morley Hospital de Wimbledon d’une hémorragie cérébrale. Il faut dire que depuis 76, la célèbre chanteuse souffrait de dépression, état qui voyait sa consommation d’alcool et de drogue dramatiquement augmenter. Est-ce pour cette raison que Mandy Morton fut traversée par les flèches de l’inspiration ou, disons-le autrement,  qu’elle reçut l’injonction de prendre le relais avec Time Will Pass, troisième et meilleur album de Spriguns (of Tolgus), le deuxième pour la firme Decca ? Thèse quelque peu hardie...
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  • The Rising Storm, Love stormy

    par Adehoum Arbane le 20.02.2024 The Rising Storm. Un groupe précédé d’une réputation flatteuse dont l’unique album se révèle être une tempête… dans un verre d’eau. Pourquoi ? Pour son année de sortie où la concurrence était implacable ? 1967. C’est le grand tsunami de la pop qui part de l’Angleterre beatlesienne pour s’abattre sur l’Amérique. Dans le fracas des vagues colorées surgit un genre qui est un monde en lui-même et avec lequel, pour finir, l’Angleterre peinera parfois à rivaliser : le psychédélisme. Non pas que la perfide Albion ne proposa pas son lot de groupes, de disques fondamentaux - ce fut bien évidemment le cas - mais l'Amérique...
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  • Jimi Hendrix, praxis

    par Adehoum Arbane le 13.02.2024 Déjà si loin qu’elles pourraient disparaître dans coup de gomme du destin. Ainsi nous apparaissaient les glorieuses sixties. 1967, un nombre échappé d’un autre siècle mais dont la graphie, à l’œil, semble toujours actuelle. Au combien fascinante. Alors que les sixties, tout comme les seventies, ont été remisées au musée de notre mémoire collective. Ringardes pense-t-on. Avec leur cortège de babas-cool, leur naïveté confondante, pour ne pas dire abêtissante. Elles ne paraissent pas loin sans raison, vestiges d’une époque fort heureusement révolue. Et pourtant, qui ne se plaît pas à exhumer le vieux costume des années pop...
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  • Ayers, sous le soleil exactement

    par Adehoum Arbane le 06.02.2024 Nous avons tous croisé dans notre vie un branleur de cour d’école. Le genre de gars qui emballe les filles tout en s’attirant la haine (surtout le respect) des autres garçons.  Celui-ci peut prendre différentes identités. Le branleur un peu moche mais habile, avec du caractère, une forme d’ingéniosité qui le tire aussitôt des situations difficiles. Le branleur sportif et dominant, irrémédiablement beau… mais stupide. Mais l’apparence comptant plus que l’intelligence, ce dernier fait alors parfaitement illusion. Précisons que le branleur sportif et dominant prend sa source dans la mythologie...
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  • Ratledge of time

    par Adehoum Arbane le 30.01.2024 Depuis l’Antiquité, la chevelure – qui plus est longue – représente un symbole de pouvoir. Prenez Samson, que Dalila réduisit à l’impuissance par une simple coupe de cheveux. Par capillarité, venons-en à la pop. Là, vous objecterez qu’en la matière, ce n’est pas le plus petit dénominateur commun, exception faite de Lou Reed qui n’avait guère l’allure d’un hippie. Bref, dans les sixties-seventies, les hommes tout comme les femmes (hormis Julie Driscoll) portaient le cheveu long. Soyeux, bouclé, frisé, raide, sale, frangé ou non, mais bel et bien long. Parmi tous ces noms, émerge celui de Mike Ratledge, clavier de Soft Machine...
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  • Apoteosi, en toute humilité ?

    par Adehoum Arbane le 23.01.2024 Le prog rock est à l’image de la peinture de la Renaissance. Les grands maîtres furent souvent imités. Dans le dédale pictural des nombreuses déclinaisons, les apprentis génies se perdaient souvent, peinant à s’extraire du lot. Sont-ils restés dans l’Histoire ? Généralement, non. Il va de même des groupes qui ambitionnèrent de devenir les égaux des Genesis, YES, VdGG, King Crimson, ELP, pour ne citer qu’eux. Le prog est un exemple d’autant plus criant, voire cruel, qu’il connut en Europe de multiples incarnations toutes aussi passionnantes les unes que les autres. Après l’Angleterre, on peut citer l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas...
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  • Iron Butterfly, transformisme pop

    par Adehoum Arbane le 16.01.2024 Robert de Niro. Sans doute le même homme de ses débuts avec Carné et De Palma jusqu’à Nancy Mayers en passant bien sûr par Scorsese, le grand Martin qui lui offrit ses plus beaux rôles. Et pourtant c’est peu dire que l’acteur enchaîna les transformations. Avec en point d’orgue son interprétation gonflée, dans tous les sens du terme, de Al Capone dans Les incorruptibles. Pas aussi immense que ce dernier, le groupe pop Iron Butterfly partage un point commun avec lui : son transformisme permanent derrière une cohérence de façade. Et en quatre albums, si on délaisse le live...
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  • Pete Brown sugar

    par Adehoum Arbane le 09.01.2024 Ne tortillons pas, l’acmé créative de Clapton se situe entre 1966 et 1968, soit les années discographiques de Cream. Cream c’était un trio alchimique formé de Clapton donc, de Jack Bruce et du batteur fou Ginger Baker. Ce serait oublier le poète Pete Brown, allié précieux de Bruce, à la plume duquel on doit quelques chefs-d’œuvre comme I feel free, Sunshine of your love, Dance the night away, Swlabr, White room, As you said, Politician, Deserted cities of the heart. Brown s’inscrit dans une lignée particulière, celle des poètes de groupe (Keith Reid avec Procol Harum, Pete Sinfield avec King Crimson...
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  • Wipers au poing

    par Adehoum Arbane le 19.12.2023 Le souverain poncif du rock, le terme le plus galvaudé, comme “culte” l’est au cinéma, est encore l’adjectif “urgent”. Qu’essaient de nous dire ceux qui l’emploient abondamment ? Qu’une œuvre a été composée et enregistrée en quelques jours – c’est le cas de pas mal de disques des années 60 –, que ses morceaux traduisent une forme de spontanéité, quelque chose qui, à l’image de la fleur, se verrait faner, c’est-à-dire altérer par les années, ou s’agit-il tout simplement d’une forme de musique basique et violente, âpre et sans concession ? Peut-être tout cela en même temps, ou alors autre chose.
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  • Power trio

    par Adehoum Arbane le 12.12.2023 C’est peu dire que Blonde Redhead était attendu à Paris. Lorsque le groupe apparaît parmi les ombres rougeoyantes de la scène, il trouve une salle comble. “Jouer à guichets fermés” comme dit l’expression. Avant d’aborder la prestation, de raconter ce que chacun a dû en penser et il est sûr que chaque spectateur ressentit ce soir-là la même impression, la même émotion, précisons que Blonde Redhead n’est pas une formation des plus récentes. Elle prend sa source dans les 90s new-yorkaises, rock arty disait-on. Une extension respectable du grunge de la côte Ouest. Un premier album court et abrupt est publié...
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  • Charles-Baptiste, flesh forward

    par Adehoum Arbane le 05.12.2023 Quels sont les grands enfants de la pop ? Brian Wilson en premier chef. McCartney qui, dans la fleur de l’âge, s’imaginait avoir 64 ans. Il ne cesse de jouer les irréductibles gosses par sa malice affichée, son énergie sur scène. À 81 ans, sans doute se rêve-t-il en galopin du songwriting. Mick qui sur scène danse encore comme s’il avait vingt ans. Mais Sir Jagger est de la noblesse rock dont on fait les rocs les plus granitiques. Ceux qui durent. Il ne s’agit pas là de dire que Charles-Baptiste, qui vient de sortir son troisième album, Grand enfant donc, l'a fait en hommages à ces figures tutélaires...
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  • Nicks ton père

    par Adehoum Arbane le 28.11.2023 David et Goliath. On connaît l’épisode biblique. Celui-ci peut prendre d’autres visages inattendus. Tenez, 1977, Fleetwood Mac, groupe middle of the road en matière de créativité (pour ne pas dire de génie) mais au succès commercial constant, connaît avec Rumours un succès aussi inattendu que phénoménal. 4 millions d’albums écoulés en une année. Impensable quand on songe aux épreuves que le groupe a traversées, avec ce qu’il faut de défections et de trahisons pour vous contrarier un destin. Tusk, en 1979, constitue l’acmé artistique mais se vend moins bien (un million d’albums tout de même)...
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  • Barry, page blanche

    par Adehoum Arbane le 21.11.2023 Le rock’n’roll est la flamme que crachaient les guitares pour embraser le monde. La musique de Barry White est la flamme qui crépite dans l’âtre d’une confortable villa sud-californienne. Comme pour faire oublier un passé plus funeste, le surnom peu amène de warlus of love, c’est un peu la forêt qui cache un petit arbre : Barrence Eugene Carter. Lequel devient Barry White dans une sorte d’hommage inversé à son père qui l’abandonna, à l’âge de six mois. Barrence est élevé par sa mère, musicienne de son état, et qui le pousse de la main vers son premier piano.
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  • Manset, premier de cordée

    par Adehoum Arbane le 07.11.2023 Aujourd’hui, on le considérerait comme un stagiaire. Un anonyme auquel on ne prête guère d’importance. Quelqu’un de passage, remplaçable. Certes, qui fera ses preuves et qui apprendra de ses mois de labeur pour aller exercer ses talents ailleurs. Bien sûr, on ne paie pas, ou si peu. On estime, peut-être à raison, que son expérience lui permettra de briller par la suite, ce qui n’est pas faux quand on observe la suite. Le futur. Tiens le futur, il est en train de l’inventer ici, en France. Nous sommes en 1968, année des événements, de ce mois de mai où la jeunesse parisienne...
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  • Pink Floyd, vide sidéral

    par Adehoum Arbane le 31.10.2023 Publicité sans visuel. Chronique sans photo. Manière de rappeler que dans ce monde de trop-plein, où l’on ne cesse de nous dire que la nature a horreur du vide, un groupe incarna ce vide. Pas au sens d’une place laissée vacante, mais le vide au sens littéral du terme. Pas la vacuité, non plus. Mais le vide sidéral. Le vide de l’Espace. Celui qui fascine autant qu’il effraie. Ce groupe, c’est bien sûr Pink Floyd, ou le Pink Floyd, pour reprendre les mots de Pierre Lattès, sympathique journaliste et présentateur de l’émission télévisée Bouton Rouge (l’ORTF tout de même)...
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  • The Velvet University

    par Adehoum Arbane le 24.10.2023 En 1969, Lou Reed et sa bande sont comme Evgueni Prigojine et ses hommes aux portes de Moscou. Les deux premiers LP du Velvet s’annonçaient comme des coups d’éclat, peut-être même des coups d’État contre le régime bien installé de la pop. Dans un élan de lucidité, face au désastre de l’impopularité, le groupe qui a perdu entre-temps John Cale, fait marche arrière.  Sur la pochette de leur troisième 33t, dont le titre ne fait aucun mystère – il s’appelle The Velvet Underground – les membres du groupe posent bien habillés, en noir et blanc certes, tels des étudiants à une fête improvisée...
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  • Chaleur blanche vs. sous-sol de velours

    par Adehoum Arbane le 17.10.2023 Et si tous les maux de la terre s’expliquaient par le caractère atrabilaire de Lou Reed ? Redescendons un peu sur ladite terre ou du moins, baissons d’un ton. Profitons du calme avant la tempête pour reprendre nos esprits. De quoi parle-t-on ? Du second disque du Velvet Underground, White Light/White Heat, enregistré entre le 4 et le 16 septembre 1967 et sorti plus tard, le 30 janvier 1968 très exactement. Affirmer que la carrière du Velvet n'a jamais réellement décollé n’est un secret pour personne. Nous serions même honnêtes en avouant...
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  • Magma à Pleyel

    par Adehoum Arbane le 10.10.2023 Le concert que Magma a donné le 7 octobre à Pleyel (où Coltrane joua donc) a été l’occasion de prouver combien le plus singulier des groupes français tendait de plus en plus vers l’universel. Par universel, il ne faut pas seulement entendre le fait que la musique de Magma se joue des frontières, encore que, puisqu’elle se nourrit d’influences diverses, puisant dans les genres, les traditions et les pays une matière que les musiciens travaillent à leur guise. L’universalité de Magma réside dans son propre dépassement. On le sait, Christian Vander pas plus que Stella Vander ne sont éternels...
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  • Don’t stop the Trane

    par Adehoum Arbane le 03.10.2023 La tyrannie du mérite, vraiment ? Il est un exemple dans la jazz culture du XXème siècle qui démontre bel et bien le contraire. John Coltrane. Il faut remonter le fleuve du temps jusqu’à sa source, enfin pas tout à fait. Ce n’est pas dans l’enfance de Coltrane que le principe du mérite s’est illustré, mais dans ses premiers pas en tant qu’apprenti musicien. Certes, le père de Coltrane est lui-même musicien amateur – il pratique le violon et le ukulélé – tout comme sa mère, qui joue du piano lors des offices dominicaux. Nous passerons sur le fait que le petit John a grandi en Caroline du Nord...
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  • Copperhead, serpent de mer ?

    par Adehoum Arbane le 26.09.2023 Déconvenue, scoop chassant un autre, ou simple journée de travail avec son interminable cascade de soucis, de bévues, de crises plus ou moins importantes… Nous sommes confrontés tous les jours à cette triste réalité du provisoire qui nous incite à relativiser, à enjamber les situations, fussent-elles pénibles. À passer à autre chose. L’art n’est pas étranger à cet forme de renouvellement perpétuel, à ce besoin de considérer une œuvre réalisée comme passée, et donc à la dépasser. La pop offre son lot d’exemples, mais la chose semble encore plus criante...
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  • Melody, admirable Nelson

    par Adehoum Arbane le 19.09.2023 S’il n’est pas la forme poétique la plus brève, le sonnet rivalise entre toutes par sa rigueur, son expression strictement codifiée. Quatorze vers dont deux quatrains suivis de deux tercets, l’usage systématique de l’alexandrin (avec coupe à l’hémistiche), la disposition des rimes comme suit, ABBA, ABBA, CCD, EDE, l’alternance de rimes masculine, féminine et l’obligation d’être riches. Enfin et plus globalement, chaque strophe constitue une unité de sens complète, chaque tercet doit lui aussi être autonome sémantiquement parlant et le dernier clôt le poème avec force...
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  • ELP, tare ou Tarkus ?

    par Adehoum Arbane le 12.09.2023 La Fontaine des lunatiques, d’André de Richaud, s’impose silencieusement comme une œuvre admirable. Cette histoire brève mais puissante, dont la prose scelle l’alliance de la poésie et du roman, fit en son temps l’effet d’un choc esthétique. André Breton ne s’en remettra pas, lui qui connaissait les arcanes poétiques pour les avoir expérimentés dans son récit, Nadja. Sans revenir sur cette œuvre, du moins en faire méthodiquement l’article comme le ferait un critique littéraire digne de ce nom, un élément du récit sur la fin doit attirer l’attention...
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