A new disque in town


  • Plantoid, power plant

    par Adehoum Arbane le 05.03.2024 2024. Une date, du moins, une temporalité mainte fois citée dans les récits de science-fiction. Alors imaginez qu’en 2024 on produise des films muets ou que l’on retourne à la versification classique, au mythique et antique alexandrin. Imaginez un art pictural fait de scènes de chasse, de ruines romaines oubliées dans un foisonnant écrin de verdure. Et enregistrer un disque progressif ! Non ? Vous n’y pensez pas. Le rock progressif ce vieux truc poussiéreux né dans cette lointaine décennie soixante-dix où nos parents, voire nos grands-parents arboraient d’inélégants pattes d’éléphant, portaient le cheveux long, parfois sale. Au placard...
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  • Charles-Baptiste, flesh forward

    par Adehoum Arbane le 05.12.2023 Quels sont les grands enfants de la pop ? Brian Wilson en premier chef. McCartney qui, dans la fleur de l’âge, s’imaginait avoir 64 ans. Il ne cesse de jouer les irréductibles gosses par sa malice affichée, son énergie sur scène. À 81 ans, sans doute se rêve-t-il en galopin du songwriting. Mick qui sur scène danse encore comme s’il avait vingt ans. Mais Sir Jagger est de la noblesse rock dont on fait les rocs les plus granitiques. Ceux qui durent. Il ne s’agit pas là de dire que Charles-Baptiste, qui vient de sortir son troisième album, Grand enfant donc, l'a fait en hommages à ces figures tutélaires...
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  • Un dimanche à la campagne

    par Adehoum Arbane le 05.09.2023 Arnaud Fleurent-Didier et Lana Del Rey en sont jaloux. La rencontre du son et du sens, et en français. La mélancolie de tous les Baudelaire péri-urbains synthétisée dans ces trois minutes et dix-sept secondes. Progression ascensionnelle de violon en tornades : Arnaud en avait rêvé. « Non, l’Amérique c’est plus l’Amérique », Lana ne s’en est pas vraiment remise. Évidemment, ce don, celui de Charles-Baptiste, ne date pas d’hier, distillé comme un cognac sur quelques albums, de nombreuses chansons qu’un petit cercle s’échange depuis des lustres comme un roman interdit. Tout droit sorti de l’Enfer...
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  • Ébaubi et Harmonie

    par Adehoum Arbane le 23.05.2023 Ah, les circonstances. Le fameux contexte. Résumons. Il y a des albums qui s’écoutent en K7 dans une voiture lancée à pleine vitesse sur une autoroute fantasmée au paysage kerouaquien. Il y a des albums qui s’apprécient sur chaîne hi-fi, le bouton du volume poussé le plus loin possible, comme si la notion de curseur n’existait plus. Il y a de ces albums qui passent en soirée, comme les trains dans la nuit ; on sait qu’ils sont là, qu’ils déroulent leurs gammes d’accords mais on n’y prête pas plus attention que cela et pourtant, on les as entendus, peut-être aimés...
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  • Nick, well done !

    par Adehoum Arbane le 10.01.2023 On prétend que le rock est mort. Comme si un état d’esprit pouvait disparaître. L’assertion nous est rituellement assenée comme le marteau de la vérité sur nos crânes par des cuistres ou des rabat-joie, parfois – souvent – les deux. Le rock est mort, rangez vos guitares dans leurs étuis, débranchez vos amplis, jetez à la benne vos 33 tours emplis d’électricité. Le rock est mort, RIP les décibels ! Le rock est mort, qu’à cela ne tienne, il nous reste la folk. La folk, ce genre pas trop identifié, catégorie un peu fourre-tout où l’acoustique côtoie l’électrique (Fairport), où les grandes épopées...
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  • Gaspard de la nuit

    par Adehoum Arbane le 13.12.2022 Pas besoin du Elvis de Baz Luhrmann, de sa reconstitution débordant d’affèteries, ivre de ses coquetteries. Non. Nul besoin de se réfugier dans le passé même s’il nous appelle, telles les sirènes Ullysiennes. Il faut affronter le présent. Et même accepter d’entrevoir l’avenir. Cet avenir, nous avons constaté sa réalité hier soir, par une froide nuit de novembre qui aurait pu nous décourager. Nous l’avons admiré sur la scène petite et donc intime du Point Éphémère. Il s’appelle Gaspard Royant. Premier paradoxe quand on sait que le jeune rockeur s’est fait connaître en exhumant, non sans pertinence... 
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  • MGMT, pop art

    par Adehoum Arbane le 29.11.2022 MGMT, quinze ans de carrière, seulement cinq albums dont un ratage (MGMT sorti en 2013) et ce live. Mais pas n’importe quel live. Un concert événement, enregistré au Guggenheim de New-York à l’occasion d’une exposition de l’artiste contemporain Maurizio Cattelan intitulée “ALL”. Nous allons y revenir. Cela peut sembler un détail, mais MGMT n’est pas tout à fait un groupe, c’est un duo qui s’entoure de musiciens de studio, quand il ne fait pas tout lui-même. Comprendre, il ne fait rien comme les autres (graver une première œuvre bourrée de tubes et ne pas réitérer l’exploit par exemple).
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  • Magma et Kãrtëhl ?

    par Adehoum Arbane le 08.11.2022 On a souvent cantonné Magma dans le rôle d’oiseau de mauvais augure. Dès son premier album sorti en 1970, le tableau est posé : une griffe d’aigle saisit une pleine poignée d’humains, préfigurant sans le savoir l’affiche du film Soleil vert. Si l’on ajoute à cette vision apocalyptique les influences qui se préciseront au fil des albums, Bartók, Stravinsky, Orff, l’affaire est jugée. Magma égale Cassandre. Et pourtant, c’était oublier les trois piliers inspirationnels qui ont nourri et guidé Christian Vander depuis le début : le jazz de Coltrane – c’est-à-dire la liberté absolue et la spiritualité -, les chants d'Europe de l'Est et la soul... 
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  • La musique, Machine arrière ?

    par Adehoum Arbane le 20.09.2022 L’apnée n’est pas seulement recommandée pour les grands fonds marins mais aussi pour les œuvres discographiques d’apparence impénétrables. À l’évidence, « Soft Machine, Facelift : France and Holland » en fait partie avec ses deux CD, ses deux DVD (convertis en plages sonores). Cette généreuse rétrospective rejoue à l’infini la setlist de « Third », alors que le groupe n’a pas encore commencé son enregistrement. Et pourtant tout est là, en place, presque monolithique. Car en cette période la musique de Soft s’avère, et malgré la section de cuivres réduite qui l’accompagne (sont présents Elton Dean... 
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  • Please Please (for) me !

    par Adehoum Arbane le 06.09.2022 On aurait tort de penser que la drogue est la drogue et qu’il en est de même pour le psychédélisme. D’où qu’il vienne, d’ailleurs. Il existe plusieurs versions du genre, si l’on décide de se cantonner aux sixties. Aux USA, l’alliance objective entre folk et blues au service d’une vision plus lysergique a donné naissance, notamment, à l’Acid Rock qui fit les beaux jours de la Californie, du Nord comme du Sud. En Angleterre, le psychédélisme ne quitte que rarement les territoires de la pop avec de jolis succès, et parfois dans des registres différents : spatial avec le Floyd, acidulé avec Traffic, guitaristique avec Tomorrow, orientalisant avec l’ISB.
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  • Rocabois touche du bois

    par Adehoum Arbane le 05.07.2022 Pour les aficionados, les fans, les geeks, les nerds, les intellos, les exégètes, les audiophiles jusqu’aux critiques eux-mêmes, la pop serait au fond la musique de l’intime. Pour se faire à cette idée, imaginez Carole King s’installant devant son piano pour écrire, jouer et enregistrer les chansons de son succès, « Tapestry ». Mais la pop c’est aussi le grandiose, le gigantisme, la démesure, ce que l’on pourrait appeler le champ des possibles, vaste par définition. Pensez à Macca, des Beatles aux Wings, à Elton John, Todd Rundgren, ELO, 10CC… De l’intime au grandiose, Rocabois a franchi ce pas et cela, il touche...
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  • Mad Moselle Hillbilie

    par Adehoum Arbane le 22.03.2022 La France a toujours nourri un complexe s’agissant du rock ou de la pop. Une forme d’illégitimité, arbitrairement actée. En cause ? La langue française qui ne se prêterait guère à l’écriture pop. Certains exemples ne déméritèrent pourtant pas, faisant parfois mentir la remarque narquoise de John Lennon sur le rock français et le vin anglais. D’autres ont louvoyé comme Gainsbourg qui fut sans l’inventeur de la punchline. Ce dernier croyait, pas tant aux vertus du langage, mais à celles de la liberté formelle et de la créativité totale, en témoigne la récurrence des anglicismes. Il faut aussi dire qu’une certaine prétention bien nationale...
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  • Jethro Tull, pour qui Anderson le glas ?

    par Adehoum Arbane le 08.03.2022 Vieillir dans les sociétés modernes est l’un des sujets qui revient le plus. De la dépendance à la fin de vie, en passant par la retraite et même, pour certain, le travail, pudiquement appelé par nos techno « maintien dans l’emploi », il y a de quoi palabrer, croyez-le ! Ce dernier aspect, des plus cruels, touche de près le monde du rock que l’on aurait pu croire épargné, à tort. Pas tant parce que certaines voix s’élèvent régulièrement pour annoncer avec fracas la "mort du rock". Rien que cela. Or ce dernier est malgré tout bel et bien vivant, qu'il se perpétue grâce aux nouvelles générations...
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  • Courtney Barnett, chansons chaussons

    par Adehoum Arbane le 22.02.2022 Monde d’après versus monde d’avant. Ce match qui tarde à s’achever ne nous dit pas encore qui a triomphé. Pire, on en vient à se demander si le monde d’avant n’était pas préférable. Du moins rassurant. Ce monde que nous connaissions parfaitement et qui surtout nous acceptait, sans trop nous emmerder par ailleurs, était notre zone de confort, un périmètre connu dans lequel les innovations pouvaient arriver, parce que ces dernières n’apparaissaient jamais comme une totale et profonde remise en question de nos acquis. Le monde d’avant-hier, comme on serait tenté de dire, n’était peut-être...
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  • 2021 : Tip Top ?

    par Adehoum Arbane le 04.01.2022

    Mes chers compatriotes, il est temps de dresser un bilan, non pas quinquennal mais annuel – c’est déjà ça –, de l’Industrie du Disque, tant du côté des Majors que des Labels Indépendants. Ce bilan ne se veut pas comptable même si la production fut riche de nombreuses sorties ! Il s’agit du fameux Top 2021. Cet exercice incontournable, parfois lassant, doit être malgré tout considéré comme un point d’étape dans la longue Histoire de la pop dont la diffusion de « Get Back Sessions » de Peter Jackson nous rappelle qu’il y eut un âge d’or aussi prolifique qu’incroyable. Comme il est de tradition par ici...


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  • Renaissance de l’Embryon

    par Adehoum Arbane le 07.12.2021 Un groupe pop peut-il continuer à avancer sur le chemin de la vie musicale sans l’un de ses membres fondateurs ? Les Beatles auraient-ils été les Beatles s’ils avaient poursuivi l’aventure, certes interrompues, après la mort de Lennon ? Le constat est d’autant plus implacable s’agissant de ces formations, jadis mythiques, ayant décidé de se reformer avec un ou deux remplaçants comme le prouve le cas tout récent de Deep Purple. Le seul groupe à être parvenu à réaliser ce périlleux exercice, demeure Pink Floyd qui sortit « Division Bell » sans Roger Waters. Certes, ce dernier Lp ne compte pas parmi...
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  • Sylvia Hansel, coeur de Lou et plus encore

    par Adehoum Arbane le 27.09.2021 Les quatrièmes de couverture ont traditionnellement la fonction de résumer le roman que nous tenons entre les mains et de faire une courte présentation de leur auteur. L’espace dévolu ne permettant pas d’aller au-delà des informations d’ordre biographique, il est alors recommandé, si l’on est séduit par le titre ou le sujet, de se plonger dans la lecture du dit bouquin. Pour le cas de la romancière Sylvia Hansel, notons au préalable que « Cannonball, l’adolescence n’est pas une chanson douce » est sa troisième publication. Nous avons donc affaire à une femme de lettres chevronnée...
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  • Peter von Poehl, mémoire éternelle

    par Adehoum Arbane le 06.07.2021 Bourvil a longtemps joué les gentils, les naïfs, les maladroits puis, par désir personnel et sous l’impulsion de Melville, il enfila le costume de commissaire ombrageux dans Le cercle rouge. Lino Ventura, lui, semble avoir toujours interprété des rôles de doux-dur, du tonton flingueur, mais bienveillant, au commissaire inflexible, parfois saisi par le doute. Comme si l’acteur avait été imperméable au temps, aux modes, libre au fond. La musique, et plus particulièrement la pop, est un domaine plus fluctuant, soumis aux variations des époques qu’elle traverse...
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  • Noir soleil de midi

    par Adehoum Arbane le 22.06.2021 À l’heure où les mythes et autres contes sont menacés de déconstruction, penchons-nous sur l’expression « la belle endormie ». Celle-ci a été reprise par nombre d’artistes peintres mais a aussi parfois servi à nommer des villes de France qui avaient tendance à végéter, à se cristalliser dans un passé révolu. Sachez que l’on pourrait en dire autant du rock et de sa production contemporaine. Détrôné pour de bon par le rap, le rock fait figure de grand cadavre à la renverse. Mais il semblerait que ce dernier bouge encore. Par frémissements, dans un ultime réflexe nerveux avant de se raidir dans une mort...
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  • Israël Nash, Duke of the bay

    par Adehoum Arbane le 01.06.2021 Avant de mourir, dans un mouvement paradoxal du ciel vers la terre, Otis Redding a vécu le syndrome Martin Luther King. Il a eu un rêve. Il a rêvé une soul musique plus adulte, plus sérieuse et paradoxalement plus proche des canons de la pop californienne. Et pour cause, en juin 1967, Otis Redding joue au Monterey Pop Festival. Succès énorme. Ce n’est que l’une des dates d’une grande tournée californienne avec les Bar-Kays qui le voit passer au Fillmore de Bill Graham, à San Francisco. L’histoire raconte qu’ayant loué un voilier dans le port de Sausalito dans lequel il réside alors, Otis est fasciné par le mouvement incessant...
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  • Gloria, grattes Sabbat

    par Adehoum Arbane le 04.05.2021 Il est une tradition musicale où la France excelle – hum hum hum –, il s’agit de l’adaptation. Choisir une chanson de la pop culture anglo-saxonne, archi connue de préférence, et l’adapter en français, paroles et musique. Prenez House of The New Rising Sun et transformez-la en Les portes du pénitencier. Faites de même avec Do Wah Diddy Diddy pour proposer Vous les copains, je ne vous oublierai jamais. Même topo pour December, 1963 (Oh What A Night) qui devient Cette année-là. Originaire de Lyon, le sextet Gloria a décidé d’adapter un genre entier, le psychédélisme. Me direz-vous, rien de bien nouveau.
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  • Ils sont forts, Mustang

    par Adehoum Arbane le 27.04.2021 Ontologiquement, la musique populaire est traversée de multiples références. Qui plus est, me répondrez-vous, lorsqu’une partie de sa production fait suite à des décennies si brillantes qu’on ne peut les dépasser. Nous voulons parler de cet apogée que constituent les sixties-seventies. Si on ajoute à cela le fait que Jérôme Bosch, en dessinant une partition sur les fesses d’un supplicier dans Le jardin des délices, a inventé la pop avant l’heure, nous ne sommes pas sortis de ce cruel dilemme de la réinvention. Parfois, les références sont piochées ailleurs, piochées au sens où celles-ci semblent plus diffuses qu’un emprunt franc et massif
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  • Glory Cooper

    par Adehoum Arbane le 20.04.2021 Mes bien chers frères, en cette période de célébration pascale, la foi chrétienne nous questionne. Au sujet de la Passion et de son corolaire spirituel, la résurrection. Jésus est mort puis a ressuscité le troisième jour, conformément aux écritures. Il s’agit à n’en point douter de la fête la plus importante de la liturgie catholique, avec la nativité bien sûr. Parce que le trépas du roi des rois, du fils de Dieu, est fondé sur un contrat sacrificiel : laver les péchés du monde. Jésus est mort pour nous sauver comme le veut la formule consacrée. Et le rock dans tout ça, me direz-vous. Il n'est jamais bien loin. Oh, nous n'évoquerons pas...
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  • En France, le rock aboie ?

    par Adehoum Arbane le 30.03.2021

    Se méfier des dénominations trompeuses, des formules par trop réductrices. Fuir comme la peste les injonctions (fussent-elles séduisantes), les promesses (souvent fausses), les pre-rolls (en général putassiers). Et pourtant, ce nom-là, même s’il nous semble familier, pourrait nous induire en erreur. Rocabois. Rock à bois. Alors de la folk ? Comme nous l’avons dit, il ne faut pas s’arrêter à la première lecture, il faut aller au-delà. Franchir le Rubicon de l’appréhension. Olivier Rocabois est un vieux routard de la pop française chantée dans la langue de Lennon ; dans l’idée, une sorte de...


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  • Besnard Lakes, retour de flamme ?

    par Adehoum Arbane le 16.02.2021 C’est peu dire que la manière d’écouter de la musique a changé. Avec l’avènement du mp3 et des baladeurs, celle-ci s’est parée du détestable concept de mobilité, bien dans l’air du temps. Il fut un temps où elle s’écoutait dans une chambre, seul ou avec quelques compagnons d’aventure. Mais dans cette évocation, il manque quelque chose, un ingrédient essentiel à la mise en condition propre aux œuvres pop en trente-trois-tours. La drogue. Cette dernière n’a pas disparu des habitudes culturelles mais sa consommation a, elle aussi, suivi un autre chemin. Et s’est parée également du ridicule adjectif...
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