A new disque in town


  • Peter von Poehl, Graal et grâce

    par Adehoum Arbane le 27.06.2017 Le Saint Graal, c’est la quête d’un objet mythique aux pouvoirs insoupçonnés et que l’on poursuit sans relâche, parfois sans y parvenir. On pourrait dire que Peter von Poehl a trouvé le Graal depuis maintenant onze ans et qu’il tente dès lors de l’entretenir, d’en perfectionner les lignes, de dilater de manière quasi infinie ses nombreuses facultés. Son Graal à lui c’est la pop. Il y a dans sa quête une dimension chevaleresque, et pour d’un héraut comme Peter von Poehl, le Moyen-Âge (d’or de la pop) ne serait aucunement un temps barbare – quelle idiotie de prétendre cela ! 
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  • Kevin Morby, diligente élégie

    par Adehoum Arbane le 13.06.2017 Il fut un temps, c’était alors l’âge d’or de la pop et du rock, où les groupes sortaient un album par an, parfois deux comme les Doors, le Jefferson Airplane ou encore Spirit – Creedence en sortit trois la seule année 69. Aujourd’hui, les temps ont changé où les artistes prennent souvent le temps, plus que de raison, avant de livrer une nouvelle création. Pas pour Kevin Morby qui depuis 2013 enchaîne les albums avec la régularité du métronome, sans s’étendre en palabre ou procrastination inutile. 
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  • Armanet, le cœur bien arrimé

    par Adehoum Arbane le 25.04.2017 Il y a un peu de Luis Buñuel chez Juliette Armanet. Dans ce désir, louable, de renouer avec l’âge d’or. Mais en évitant cependant la passion confite – parce que désincarnée – de la seule posture stylistique. L’âge d’or de Juliette Armanet est bien celui des sentiments. L’amour y est central, comme un arc décochant ses flèches joliment empoisonnées. Pourtant, ce sujet maint fois traité, quasi éculé, trouve ici son expression la plus aboutie. Juliette Armanet a pourtant choisi de le raconter sous son versant le moins flatteur : celui des passions défaites ou de la défaite des passions. 
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  • Fishbach, enfant terrible

    par Adehoum Arbane le 25.04.2017 Les enfants terribles chers à Cocteau ne sont pas si ingrats que cela. Fishbach, de son doux prénom Flora, en fait partie. Elle n’a pas choisi d’écrire – des chansons en l’occurrence – pour exorciser tel sentiment, bien que sa musique, sombre et rugueuse, en donne la trompeuse impression. Fishbach a restitué sur son premier album une musique proche de ce qu’elle écoutait étant petite. Et par là-même, elle a souhaité remercier ceux qui lui avaient fait découvrir cette même musique. Soit ses parents. 
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  • All If, copie non conforme

    par Adehoum Arbane le 18.04.2017 « Si à l’avenir on entend parler d’un faussaire de génie, alors nous penserons à vous » avait déclaré le jury au jeune artiste peintre en devenir, tout juste sorti de l’école. Phrase pas tout à fait imaginaire que des générations de professeurs auront dû prononcer devant le talent insolent de certains de leurs élèves. Surtout quand ces derniers dépassaient leurs maîtres comme on l’observait parfois dans les ateliers du Caravage ou de Ingres, appelés si justement écoles. Toutes ces considérations savantes s’appliquent bien évidemment à la musique, et qui plus est à la pop. 
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  • Father John Misty, batteur en brèche

    par Adehoum Arbane le 04.04.2017 Dans l’imaginaire rock, et plus précisément celui du groupe, chaque musicien occupe une place symbolique. Si le chanteur s’impose comme le leader naturel, le guitariste incarne lui le héros. Le claviériste, quand il est présent, apporte souvent la caution technique et musicale. Quant à la section rythmique, on retombe d’un cran : le bassiste par sa physionomie patibulaire est souvent le grand oublié de l’histoire, et le batteur, s’il n’est pas John Bonham ou Keith Moon, passe directement à la trappe. Dommage car il existe quelques cas historiques de batteurs ayant quitté leurs habits de frappeurs pour briller. 
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  • The Shins, a house is not a motel

    par Adehoum Arbane le 28.03.2017 Une maison de vacances où rien n’a bougé, où les souvenirs semblent avoir été coulés dans l’ambre du temps, pour l’éternité. Oui, les Shins sont notre maison de vacances à nous. Une fois retrouvée, on s’y sent bien, à son aise, comme chez soi. Mais à l’écoute du cinquième album, Heartworms, un sentiment particulier envahit l’auditeur. À peine entré, on découvre que tel meuble n’est plus à la place qu’il occupait précédemment, quand un autre aura tout bonnement été remplacé. Et la maison de reparaître sous nos yeux, mais de manière différente. 
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  • Alexia Gredy, évanescent paradis

    par Adehoum Arbane le 21.03.2017 C’est stupide, mais ce sont souvent les mauvaises images qui nous viennent à l’esprit lorsque l’on se plonge dans la pop au féminin. Françoise Hardy nous laissant un message personnel, Adjani dans son joli pull marine au fond d’une piscine ou encore les fautes de prononciations et d’accords, en vérité charmantes, de Jane Birkin. Avant de découvrir la musique d’Alexia Gredy, il convient d’abord de fermer les yeux. Puis d’ouvrir grand son cœur, enfin son esprit. On pense alors étrangement à un homme, Michel Lang qui filma ces amours adolescentes auxquelles la jeune artiste fait ici involontairement allusion. 
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  • Les marchands de Temples

    par Adehoum Arbane le 14.03.2017 On nous chante à longueur d’antenne que l’Industrie est morte, que la Moselle sombre, que la Lorraine ne vaut guère mieux. Certes, le chômage de masse est là qui en atteste. Mais soyons sérieux, comment affirmer une telle sottise alors que le dernier né de Temples est une usine à tubes ! Volcano grondait déjà, lorsque le groupe avait décidé de jeter en pâture à l’Internet tout ébaubi son monstrueux single Strange or Be Forgotten. C’était sans savoir que le reste, c’est-à-dire les onze morceaux qui le précédaient, était à l’avenant ! 
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  • La poésie, les yeux Klô

    par Adehoum Arbane le 14.02.2017 Jacques Prévert est l’un de nos poètes les plus populaires dont le langage, à la fois familier et visuel, fascine encore aujourd’hui. Nombre de ses œuvres ont été mises en chansons, c’est donc tout naturellement qu’un pont imaginaire vient se jeter entre l’auteur de Paroles et la chanteuse et compositrice Klô Pelgag. À l’écoute de son deuxième album, L’étoile Thoracique, la filiation semble évidente. La pochette, merveilleusement dessinée, onirique à souhait, constitue un premier indice menant à l’inventaire qui se trouve bien évidemment dans les treize chansons de Chloé Pelletier-Gagnon...
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  • Foxygen, la corde du pendu ?

    par Adehoum Arbane le 31.01.2017 Le progressisme n’en est pas à une imposture près. Alors qu’il claironne à qui veut bien l’entendre – et le croire – que du passé il faut faire table rase, il ne tolère – pour ne pas dire révère – rien tant que l’esprit vintage. La musique pop semble traverser la même crise identitaire qui la voit vasouiller dans des postures schizophréniques, jadis impossibles à envisager. Non pas faire du neuf avec du vieux mais arriver faire passer le vieux pour quelque chose de neuf, de moderne, pire de révolutionnaire. 
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  • The Monkees, not too old for rock’n’roll

    par Adehoum Arbane le 17.01.2017 Les Monkees, ce phénomène médiatique avant l’heure. Les Monkees, premiers héros de la télé-réalité. Groupe né d’abord au travers d’un show qui lui fut entièrement dédié, puis, enfin sur disques.  Pour autant jamais le combo n’exista d’un point de vue purement discographique, cantonné à quelques – superbes – singles et autres albums concepts toujours reliés à des formats filmés. Et ce bien qu’il constituât la réponse américaine aux Beatles. Cinquante après leurs premiers succès, deux décennies après la précédente livraison, les Monkees reviennent avec un nouvel album. 
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  • Top 2016 : Brexit pop

    par Adehoum Arbane le 10.01.2017 Ce serait sans doute une boutade si la chose n’était entendue, réelle. L’alignement des astres en cette année 2016 a rapproché deux événements, symboliquement parlant. Le Brexit d’un côté, la vague Trump de l’autre. Un schisme entre deux pays, deux puissances, et qui ne se révèle pas seulement politique. Mais aussi musical. Dans le grand match US versus UK, il semblerait que nos amis britanniques aient dévissé, pour s’écrouler. Dans le contingent des sorties musicales pop et rock, et les meilleures, l’Angleterre accuse le coup. À la traine, au tapis même. 
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  • Top 2016 : très France, pas rance

    par Adehoum Arbane le 10.01.2017 Alors que sonne le refrain de La mélancolie française, la production hexagonale très paradoxalement ne s’est jamais aussi bien portée. Bien qu’un belge et un canadien se soient immiscés dans ce classement, le reste renvoie à la promesse du made in France, une réalité plus que flatteuse. En vérité, la tendance ne date pas d’hier et n’est pas prête de s’arrêter aux dernières heures de l’année 2016, pourtant peu avare en RIP. N’en déplaise aux pessimistes comme aux zélateurs d’un sans-frontiérisme falot, la production pop d’ici n’est pas perdu son rang
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  • The Legal Matters, dad pop

    par Adehoum Arbane le 03.01.2017 Vous avez la quarantaine passée, un peu de ventre, vous regardez dorénavant dans le rétroviseur – ne vous formalisez pas, c’est normal – et comble de l’humiliation, votre adolescente de fille vous qualifie de parfait ringard. Et si vous lui rétorquiez que non, vous n’êtes pas si dépassé que cela, quoique amoureux des mélodies pop à l’ancienne. Vous lui répondrez aussi que malgré le passage – cruel – du temps, vous pouvez vous targuer d’appartenir à un groupe de power pop, certes petit mais honorable, The Legal Matters, et qu’après un premier et franc succès, vous sortez votre deuxième album, Conrad. 
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  • Julien Gasc, soft power

    par Adehoum Arbane le 27.12.2016 La surprise du deuxième album de Julien Gasc ne vient pas de sa position sur la constellation de la nouvelle chanson pop française, car à y bien réfléchir, la comparaison ne tient pas. Même seul aux commandes, le jeune singer-songwriter traînera toujours derrière lui l’ombre de son propre groupe, Aquaserge. Mais dans une version synthétisée. Difficile à l’écoute de Kiss Me You Fool de ressentir une idée d’incarnation qui est le propre de la pop et de son corollaire, le chanteur. Ainsi la musique de se couler en glacis imperturbables. 
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  • Chocolat, bromance avant la transe ?

    par Adehoum Arbane le 20.12.2016 « La vie est trop courte pour être petite », confessait Benjamin Disraeli. Surtout, la vie est trop courte pour se perdre dans je ne sais quel délire de mecs, de geeks, de gaspiller temps et énergie à ne pas produire pour soi. C’est en substance le sentiment que l’on ressent à la découverte, d’abord amusée, puis enthousiaste du troisième – et conceptuel –  album de Chocolat, le side project du singer-songwriter Jimmy Hunt. Alors que les fans transis attendent le digne successeur du génial Maladie d’amour, Hunt se tape un trip avec ses potes musiciens. 
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  • Barbagallo, chien pas si fou

    par Adehoum Arbane le 13.12.2016 Arrêtons de faire de Paris l’épicentre de la créativité musicale. Vive la décentralisation ! Non, ceci n’est pas le slogan, la promesse griffonnée, braillarde, sur un tract de campagne à l’aube de l’année 81. À l’heure de la mondialisation, Barbagallo a décidé de donner sa chance à la régionalisation. De sillonner un imaginaire terrien, hautement émotionnel. « L’amour est le dernier pays ou j’irai marcher. Pourquoi courir le monde, à l’ombre de rien ? », chante-il d’un air faussement désabusé, en vérité d’une joie inépuisable. 
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  • BLOT, Mr Tambourine frontman

    par Adehoum Arbane le 06.12.2016 Le monde du rock est ainsi fait, divisé entre frontmen et sidemen. Ce que l’on appelait autrefois, avec une pointe de mépris, les requins de studio. BLOT a longtemps fait le job aux côtés de l’éruptif Gaspard Royant, et qui plus est, avec conscience et professionnalisme. Par tous les temps, en studio comme sur scène – il fallait à ce propos le voir dans la nuit live décocher ses flèches hendrixiennes.  BLOT est bien plus que le simple nom d’un musicien, celui d’un singer-songwriter qui eut soif de se réinventer sans cesse au travers de projets...
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  • Daisy Lambert, maréchal de transe

    par Adehoum Arbane le 29.11.2016 Maréchal de France, chef du conseil royal des finances et ami de Louis XIV, François de Neufville de Villeroy représente l’une des principales figures de la noblesse lyonnaise et qui fut, pour reprendre les mots mêmes de Saint-Simon, « magnifique en tout ». Malgré une carrière militaire des moins glorieuses, cet homme loyal se coula dans les habits du courtisan accompli bien qu’il conserva des attaches solides avec sa bonne ville de Lyon dont il fut gouverneur. 
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  • Alister, souvenir, souvenir

    par Adehoum Arbane le 22.11.2016 Dernier volet d’une trilogie qui ne dit pas son nom et dont il représente la synthèse, Mouvement Perpétuel annonce donc la fin d’un cycle. Il clôt une époque qui semble résonner avec une promesse épanchée sous la plume alerte d’Alister : No Future mais No Stalgie. Et pourtant, alors que le rockeur laisse partir son petit dernier, on ne peut s’empêcher d’y voir un signe de tristesse, une forme de mélancolie codée que l’on retrouve, en filigrane, à travers les douze chansons de l’album.
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  • Charles-Baptiste, artiste dalien

    par Adehoum Arbane le 15.11.2016 Salvador Dali était coutumier du fait, non par manque d’inspiration mais bien parce qu’il se sentait profondément questionné par un sujet, une œuvre. Revisiter inlassablement un tableau, lui conférer une majesté nouvelle, l’éclairer d’un soleil autre, autrement placé. Même le terme revisiter possède un charme certain, comme si l’artiste pouvait rentrer une fois de plus dans son œuvre, la parcourir méticuleusement, en modifier l’architecture. 
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  • The Lemon Twigs, Cocteau Twigs

    par Adehoum Arbane le 08.11.2016 On pardonne tout à la jeunesse. Son audace, son insouciance, son insolence, son mépris des codes et des usages. De même que son talent. Grande oubliée des programmes et des promesses, la jeunesse exprime toute la démesure de son immense potentiel dans le libre périmètre du rock. Et ce depuis des décennies. Songez aux Beatles, aux Who et autres trublions électriques. Nous accorderons donc notre grâce aux deux têtes pensantes de Lemon Twigs...
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  • Pépite, têtes chercheuses

    par Adehoum Arbane le 01.11.2016 On ne les connaît que trop bien ces accroches faussement prometteuses qui lardent les affiches de cinéma. « Un chef-d’œuvre », « Magnifique », « Émouvant », « MAGISTRAL », « Une pépite ». Les promesses n’engagent que ceux qui les croient, dit-on. Lorsque l’on découvre la musique de Pépite, on craint le pire, on s’attend à une déception à la hauteur de la proposition. Imaginez donc ! La pépite, ce bout d’or gros comme un caillou que des pionniers cherchaient inlassablement. 
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  • The Divine Comedy humaine

    par Adehoum Arbane le 18.10.2016 Balzacien, Neil Hannon l’est sans le savoir. Pas tant pour la pop à patine qu’il polit depuis plus de deux décennies. Balzac avait emprunté à la Divine Comédie son titre de La comédie humaine, et ce n’est ici pas vraiment un hasard. Reprenons depuis le début. D’un disque à l’autre, Neil Hannon perpétue les codes du songwriting pop à l’ancienne, il enlumine ses chansons d’instruments antiques, explore des registres que d’aucuns qualifieraient de poussiéreux, voire de franchement rétrograde. Ironie du sort, sa musique n’a jamais été aussi actuelle. 
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