Top 2016 : Brexit pop

par Adehoum Arbane  le 10.01.2017  dans la catégorie A new disque in town

Ce serait sans doute une boutade si la chose n’était entendue, réelle. L’alignement des astres en cette année 2016 a rapproché deux événements, symboliquement parlant. Le Brexit d’un côté, la vague Trump de l’autre. Un schisme entre deux pays, deux puissances, et qui ne se révèle pas seulement politique. Mais aussi musical. Dans le grand match US versus UK, il semblerait que nos amis britanniques aient dévissé, pour s’écrouler. Dans le contingent des sorties musicales pop et rock, et les meilleures, l’Angleterre accuse le coup. À la traine, au tapis même. Dans le top ten, seulement trois albums anglais, allez, deux, car l’un nous vient d’Irlande du nord. Ce qui n’est pas rien du moins, mais qui le distingue automatiquement de ses prestigieux voisins. Pensez, l’Angleterre à la ramasse du riff et des hits ! La perfide Albion des Beatles et des Stones, des Kinks et autres Small Faces, Move, Pretty Things, de Bowie et de Led Zep mais encore des Pistols, Clash, Jam, Buzzcoks, de Blur et d’Oasis et enfin, des gentils Libertines !!! Sur le champ de bataille, celui de la défaite, ne reste plus que la Fat White Family – les meilleurs ? Les meilleurs ! – et le solitaire John Cunningham qui après Happy-Go-Unlucky en 2002 et ce Fell grandiose mais en même temps quelque peu répétitif – comme si l’homme n’avait plus rien à dire – s’en ira à nouveau végéter dans l’oubli de la composition et du labeur. En haut à gauche, l’irlandais – mais au combien britannique stylistiquement parlant – Neil Hannon nous est une fois de plus revenu avec un album impeccable, Foreverland. Savant travail de mélodiste et d’arrangeur qui permet au cerveau de The Divine Comedy de perdurer dans ce chaos conceptuel. Traversons la manche dans le Queen Mary, direction NYC. C’est ici qu’a élu domicile le très talentueux Kevin Morby qui arrive nettement en tête du classement. Et avec un troisième album, qui plus est. Comme si sa suprématie semblait évidente. Elle l’est. Singing Saw est un chef-d’œuvre, point final. Enfin non, car non loin de Long Island, les jeunes frères D’Addario se sont enfermés pour composer puis enregistrer leur premier vrai album, Do Hollywood. Leur groupe, appelé les Lemon Twigs, a livré en cette fin d’année l’un des disques les moins attendus – personne ne les avait repérés – mais comptant parmi les choses les plus passionnantes jamais entendues depuis un paquet d’années. Depuis Foxygen, dont la moitié les a produits, et MGMT. Direction la Côte Ouest, mais alors au nord, à Portland. C’est là-bas que réside Kyle Craft, sorte de croisement entre Johnny Depp et Bowie, avec la voix de Dylan poussée dans ses ultimes retranchements, jouant un cabaret rock de kermesse du diable, entre folk possédée et pop religieusement déclinée. L’album Dolls of Highland ne devait pas passer l’été, il reste aujourd’hui dans les mémoires par son enchaînement de chansons savantes et rusées. Juste derrière et dieu sait qu’ils le méritent, The Legal Matters pour leur deuxième essai, bien évidemment transformé, Conrad. Convaincant, voire merveilleux d’un bout à l’autre, c’est l’une des révélations et grande surprise de ce palmarès. Plus bas dans le classement, après les quelques citations anglaises, le tout jeune combo de Chicago, baptisé Twin Peaks mais qui a peu à voir avec la célèbre série, proposant en place d’un univers torturé, de rassurantes compositions naviguant non loin des Kinks. Poursuivons avec Ray Lamontagne, que l’on connaissait déjà pour son remarquable premier opus, tout proche de la folk soul de Van Morrison. L’homme nous avait quelque peu déçu par la suite. Il nous revient avec un album ovni, à la puissante pochette et dont le titre, Ouroboros, en dit long sur l’inspiration mythologique du musicien. Enfin, il était logique de finir avec des anciens héros des sixties, les Monkees. Leur dernier album, s’il ne révolutionne pas la pop des soixante dernières années –leur pop au fond – rassure tout de même par son étonnante facilité à aligner les classiques, voire les tubes. Et que dire de I Know What I Know, sinon qu’il s’agit sans aucun doute de la plus belle chanson de l’année. Good Times comme le prétend leur opus. Au fond, oui, nous aurons passé du bon temps malgré la morosité, les emplois, amis et artistes perdus. Point de misérabilisme, de pensées maussades, il y a toujours des raisons d’espérer et la musique en est une ! Pour vous en convaincre, écoutez donc Something About the Rain de John Cunningham, mais aussi Foreverland ou encore To The Rescue de Neil Hannon. Ou Better Days des Legal Matters. Des jours meilleurs, et de prochains disques aussi. Affaire à suivre donc !

Best of 2016 :

Kevin Morby, Singing Saw

The Lemon Twigs, Do Hollywood 

Kyle Craft, Dolls of Highland

The Legal Matters, Conrad

The Divine Comedy, Foreverland

Fat White Family, Songs for our Mothers

John Cunningham, Fell

Twin Peaks, Down In Heaven

Ray Lamontagne, Ouroboros

The Monkees, Good Times! 

 

 

 

 


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