C'était mieux avant


  • ISB, luth final ?

    par Adehoum Arbane le 27.06.2023 En France on les a longtemps considérés comme des personnages de Dino Risi inversés : affreux, sales mais gentils. Trop. Ce sont les hippies. Dutronc en fait un cinglant portrait, non sans talent d’ailleurs, dans sa chanson Hippie Hippie Hourrah en 1967. En 1969, Barbet Schroeder en dresse un portrait terrible, cynique, drogué, dans son film More, brillamment illustré par Pink Floyd. Si bien qu’avec le temps, une image, légèrement fausse, s’est figée dans l’ambre des mémoires. Formation acid-folk anglaise de la fin des sixties – comprendre l’après Sgt. Pepper’s – l’Incredible String Band se voit assimilé à ces tribus...
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  • Olson et Clark, folk dans les Gene

    par Adehoum Arbane le 20.06.2023 Le Triangle des Bermudes, cette zone géographique de l’océan Atlantique, est depuis toujours l’objet de toutes les superstitions. Dites-vous bien que pour l’artiste ayant connu son apogée durant les sixties, les années 80 sont un peu le Triangle des Bermudes de sa carrière. Une période dans laquelle on peut vite se perdre, surtout si l’on décide par facilité d’en adopter tous les codes. S’ils furent nombreux à sombrer, il existe quelques exceptions qui ont continué, pas tant de briller, mais d’évoluer de succès en succès : Paul Simon, Peter Gabriel...
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  • Jethro Tull, men in tights

    par Adehoum Arbane le 13.06.2023 Des hommes en collants. La citation originale a été empruntée au génial Mel Brooks, maître du burlesque états-unien qui donna, entre autres joyeusetés, son adaptation toute personnelle du mythe de Robin des bois. Cette phrase, pour comique qu’elle soit, correspond à merveille aux hommes de Jethro Tull, formation bien connue en Perfide Albion pour avoir réussi la synthèse parfaite en rock, blues d’un côté, folk et influences médiévales de l’autre. Une gageure pour un genre, la folk, qui reste plus l’art de l’interprétation que celui que l’invention. Mais le Tull a surgi...
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  • CCR en eaux troubles

    par Adehoum Arbane le 30.05.2023 Comme l’adolescent mal dans sa peau, le musicien se cherche. Cette vérité toute faite paraît dérisoire, sinon banale mais elle n’aura jamais autant collé à un groupe : Creedence Clearwater Revival. On pense que la célèbre formation est née en chemise de bûcheron, taillant des hits à la hache mais il n’en est rien. On passera sur les prémices où nos quatre jeunes musiciens se font appeler les Blue Velvets, puis les Golliwogs, patronyme vaguement dans l’air du temps avant de statuer pour Creedence (piqué au copain de John Fogerty, Credence Newball) Clearwater (inspiré d’une publicité pour une bière)... 
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  • Dark side of the mood ?

    par Adehoum Arbane le 16.05.2023 Un train lancé à pleine vitesse, sans chauffeur et faisant face à plusieurs aiguillages. Tel est Pink Floyd en 1968. Pink Floyd, cette formation qui a connu des déconvenues. Et en si peu d’années d’existence. Malgré la perte sèche de son leader et principal contributeur, le groupe fait le dos rond et tente de poursuivre ce que Barrett avait si génialement initié, soit un savant dosage entre pop typiquement anglaise et exploration d’un psychédélisme alors inédit, teinté d’horreur cosmique et de science-fiction. A Saucerful of Secrets maintient la barre dans la tempête post-Barrettienne. Et il le fait dignement...
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  • Quicksilver, voyage heureux

    par Adehoum Arbane le 25.04.2023 Les années soixante ne sont plus à une ou deux inventions près. Le 45t et sa promesse de bonheur immédiat, le Lp et sa dimension immersive, qui devint conceptuelle avec le temps (et avec Sgt. Pepper’s), les genres, la pop, la soul, le rhythm and blues, les Girls Group, la Beatlemania ! Bref, un seul article ne suffirait pas à en réaliser l’inventaire. Les sixties et bien évidemment les seventies à un stade – sans mauvais jeu de mots – supérieur auront aussi inventé les concerts, les festivals… et les messes ! N'y voyez pas là un retour du religieux de mauvais aloi. 
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  • Matías Pizarro, jazz ma tasse

    par Adehoum Arbane le 18.04.2023 Le jazz serait la musique de nos vieux jours. Une inclination venue tout naturellement avec la maturité, quand les échos lointains et dissonants des guitares font place aux feulements des saxophones, aux radiantes pluies de piano. Tout ceci, bien qu’agréable, sent un peu la fin. Le terminus. La voie de garage pour corps fatigué. Alors que non. Le jazz est non seulement un genre qui s’est perpétuellement réinventé ou régénéré, mais il a su trouver par-delà les frontières états-uniennes des incarnations différentes, singulières, parfois même étonnantes...
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  • Motörhead, light in the attack

    par Adehoum Arbane le 11.04.2023 Créés en 1498, les chevau-légers ont connu leur apogée lors des grandes batailles napoléoniennes, appelées d’ailleurs à l’époque "campagnes" comme pour en donner une vision bucolique alors que les champs étaient maculés d’un sang ennemi. À cette époque donc les chevau-légers sont plus légèrement équipés et armés que les autres corps de cavalerie, détail qui les différencie des autres cavaliers quand bien même ils remplissent des fonctions identiques : éclaireurs, garde de flanc, engagements limités. Mieux, ils ont la particularité, de par leur extrême mobilité...
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  • Fripperie

    par Adehoum Arbane le 03.04.2023 Personnage iconique du cinéma des années 80 – mais paradoxalement, héros de l’entre-deux-guerres – Indiana Jones a deux incarnations que nous connaissons tous. D’un côté, le professeur tiré à quatre épingles, chaussé de ses savantes lunettes. De l’autre, l’aventurier reconnaissable entre mille avec son chapeau mou, sa veste en cuir patiné, son revolver et son fouet. D’un épisode à l’autre, il endosse ces deux uniformes – le second surtout ! – qui ont fini par définir, plus qu’un style, une personnalité, mieux, une force intérieure, une sorte de cool. Cet artifice scénaristique...
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  • Shakespeare aérien

    par Adehoum Arbane le 28.03.2023 Le 9 août 1969 est une date sur laquelle nous ne reviendrons pas. Enfin, si. Car d’elle découle un enchaînement d’événements funestes qui achèveront ce pur-sang magnifique que furent les sixties. De façon microhistorique, pardonnez ce barbarisme, le meurtre macabre de son épouse aura déclenché chez Roman Polanski un curieux mélange d’états d’âme, soupe étrange faite d’élans dépressifs et d’enthousiasmes féconds, ce que l’on appellerait pour filer la métaphore, la destruction créatrice. Début 1970, le jeune et prometteur cinéaste se retire à Gstaad...
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  • Cri, danse au Royal Albert Hall

    par Adehoum Arbane le 21.03.2023 Royal Albert Hall. Trois mots qui posent un nom autant qu’ils imposent une image. Celle de l’immémorial Empire Britannique. Construit en mai 1867 et achevé en mars 1871 (la correspondance temporelle en est troublante), baptisé en l’honneur du prince consort, mari de la reine Victoria, la majestueuse bâtisse ovale a de quoi impressionner. Elle aura vu passer des artistes de renom : Camille Saint-Saëns qui donne alors une interprétation du Faust de Gounod, mais aussi Richard Wagner jusqu’au Général de Gaulle qui, exilé à Londres en tant que chef de la France Libre...
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  • Television décrypté

    par Adehoum Arbane le 14.03.2023 Foutues apparences ! Un nom qui brouille la vision autant que la mire. Des mines patibulaires de drogués squelettiques. Une ambiance délavée, sale. Enfin, une année de sortie qui laisserait présager une déflagration aussi sommaire que brutale, punk disait-on. Et pourtant, les noms de scène et d’album disent tout, tout comme le label d’ailleurs. Marquee Moon n’est décidément pas l’œuvre à laquelle on s’attendait, qu’on l’ait découverte à l’époque, le 8 février 1977, ou qu’on l’écoute aujourd’hui pour la toute première fois. Ce premier témoignage déjoue tous les pronostics...
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  • Fleetwood Mac, Tusk force

    par Adehoum Arbane le 07.03.2023 Douzième album de Fleetwood Mac après son ultime changement de line-up, Tusk a été souvent – et abusivement, enfin rapidement – présenté comme l’album de la rupture avec Rumours. Pas tant pour son format pourtant disproportionné par rapport à la concision de son devancier, son coût de production, les mois passés en studio à travailler sur leurs nouvelles chansons, sans parler du budget drogue. Mais pour son style, le son que voulait Lindsay Buckingham, à l’époque fasciné par les groupes punk. Paradoxalement et malgré l’emprise de Buckingham – celui qui aura imposé le plus de titres...
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  • Harvest, moisson du ciel

    par Adehoum Arbane le 28.02.2023 L’enfance est la période de l’existence où se forge l’imaginaire. Constat universel qui doit concerner à peu près tous les êtres humains de la planète, d’où qu’ils viennent. Géographiquement, culturellement et socialement. En France aussi. Il faut remonter le ruisseau de la mémoire où l’eau vive de nos souvenirs bouillonne sans cesse, pour s’en convaincre. Enfants, nous attendions avec une impatience à peine feinte les mardis, pas tant parce que les lendemains chantaient (nous n’avions pas école), mais parce que le mardi, nous pouvions regarder la télévision et La dernière séance, diffusée...
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  • Peter B. Hammill

    par Adehoum Arbane le 21.02.2023 1971, Peter Hammill devance de trois ans un autre Peter, Gabriel pour sa part, dans son envie d’une échappée en solo. La similitude ne saute pas aux yeux, elle est pourtant frappante. Entre 69 et 70, l’activité de son groupe, Van der Graaf Generator, est intense. Les musiciens enchaînent périodes d’enregistrement en studio et tournées dans toute l’Angleterre. Hyper productif, le groupe sort ses deuxième et troisième Lp la même année. En 1971, le rythme s’accélère et VdGG se produit en Allemagne, en Italie où il s’avère extrêmement populaire et en France. Éreinté et déçu par la sortie...
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  • Organ Grinders, souviens-toi Barbarie

    par Adehoum Arbane le 14.02.2023 La sortie du film événement de Peter Jackson, “The Beatles : Get Back”, nous a prouvé, s’il en était besoin, l’importance fondamentale des Fab Four et de leurs disques, au-delà des coups de pouce de Georges Martin. Ces formidables singer-songwriters rompus avec le temps aux techniques de studio qu’ils ont contribué – parfois sans le vouloir – à développer, ont défini les standards de la musique pop pour les décennies à venir. La force de leur œuvre est telle que les influences sont multiples, souvent directes – on ne compte plus à partir de 1966 les clones des Fab
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  • Psych-exploitation, vraiment ?

    par Adehoum Arbane le 07.02.2023 Si le mot valise de Blacksploitation ou Blaxploitation revêt un caractère plus politique – il s’agissait dans les années 70 de revaloriser l’image des afro-américains dans le cinéma de divertissement – l’expression a connu des déclinaisons plus circonstancielles pour ne pas dire conjoncturelles. Ainsi, la Hippie exploitation ou Psychsploitation, voire Psyxploitationa-t-elle constitué un genre non négligeable de la contre-culture américaine. Le fait est que sa contribution à l’industrie du cinéma et au lancement de ce que l’on appellera Le nouvel Hollywood n’aura pas laissé...
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  • The Soft Machine, ligne droite

    par Adehoum Arbane le 31.01.2023 Il paraît étrange qu’un groupe dont le nom est tiré d’un roman de William Burroughs, grand maître du roman drogué et de la Drogue, ne soit pas fondamentalement psychédélique, c’est-à-dire un groupe dont la musique serait mue par les substances hallucinogènes. En cela, Soft Machine ne diffère pas de ses homologues post-Beatlesiens, à l’exception d’un Pink Floyd dont la singularité le fit suivre un tout autre chemin, celui du space rock. En ces années 67-68, nombreuses sont les jeunes formations à explorer une autre voie faite d’excentricité et de surréalisme et dont la littérature fantastique anglaise...
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  • Paul & Linda, Rock et Fem

    par Adehoum Arbane le 17.01.2023 Avec Imagine, on prête à Lennon – et à son ombre, Yoko Ono – le statut d’icône révolutionnaire, d’imperator politique. À tort. Enfin, n’est-il pas le seul en cette année 1971 à inventer le monde de demain. Quand le couple Lennon-Ono opte pour le bed-in, Paul et Linda s’installent, le temps des vacances, dans une ferme d’Écosse – qui donnera son nom à une future chanson de Macca, Mull Of Kintyre – où ils passent du bon temps en famille. Ce tableau d’apparence banal, et même naïf, renvoie aux pires clichés de la culture hippie, toujours en vogue en ce début de décennie 70.
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  • Julie, Auger de l’émotion

    par Adehoum Arbane le 03.01.2023 Dans la pop comme dans d’autres disciplines artistiques, il existe des hiérarchies. Les grands musiciens, auteurs, compositeurs – hommes et femmes d’ailleurs – qui sont entrés dans l’histoire de la pop, qui l’ont inscrite dans la modernité et, enfin, dans l’éternité. Puis on trouve les seconde, troisième, quatrième divisions de groupes et d’artistes. Encore plus inclassable est Brian Auger. Organiste surdoué, il aura accompagné de nombreuses révolutions dont il n’était pas forcément à l’origine : british blues, pop, psychédélisme, jazz rock, progressif. Il fut de tous les combats...
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  • Grand Funk Railroad, la lutte finale ?

    par Adehoum Arbane le 20.12.2022 Le sentiment le plus commun à l’écoute d’un album est l’évidence, c’est-à-dire la manière dont il s’écoule en un fleuve paisible des vertes frontières du Canada vers les vastes citées avoisinantes dont l’impénétrable Los Angeles constitue une apogée par ses lacets de routes reliant des quartiers miniatures, îlots, refuges, où viennent se planter d’opulentes villas bourgeoises. Mais parfois, rarement – enfin pas si souvent peut-être – l’élaboration d’un disque relève de la lutte. Derrière son titre affable – en vérité ironique –, Good Singin', Good Playin'...
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  • La boucle est Buckley

    par Adehoum Arbane le 06.12.2022 Tim Buckley, cet autre enfant aux semelles de vent. Quel rapport me direz-vous entre un chanteur pop américain du vingtième siècle et un poète français dix-neuvièmiste ? Entre la Californie radieuse des sixties et le ciel de plomb, très fin de siècle, des Ardennes ? Entre Buckley et Rimbaud donc ? La jeunesse peut-être. Son exubérance notable, palpable. La mort aussi.  Nos deux figures ayant été fauchées dans le champ fécond où pousse la fleur de l’âge. Le premier point qui les oppose est étrangement la poésie. Rimbaud la pratique dans les mots – et quels mots ! – quand Buckley la délègue...
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  • 10CC et 7 CS

    par Adehoum Arbane le 22.11.2022 Les années 70 ne sont pas celles du cynisme comme on le croit. À minima celles de la désillusion. Mais en restant sous ces bornes-là, nous semblons loin du compte. Qu’il s’agisse du progressif, du glam – même si les intentions étaient louables –, du hard rock (anglais comme américain avec les shows de Kiss) ou du soft rock – on ne parle même pas de la déferlante disco –, l’argent qui coulait à flot, tout comme les drogues d’ailleurs, a pu laisser penser que seule les intérêts commerciaux primaient. Mais on oublie parfois, souvent même, que les seventies pop furent une décennie généreuse, parfois tendre entre les lignes... 
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  • La Californiiiiiiiie

    par Adehoum Arbane le 15.11.2022 Le folkeux anglais est un arbre. Solidement enraciné dans la terre d’Albion. La position insulaire n’arrange rien. Le folkeux est définitivement sédentaire. Ce qui ne l’empêche pas de regarder au loin ; ce dernier voyage par procuration. Il se sert du temps dont il gravit l’échelle au gré de ses désirs. Les récits anciens sont sa propre carte et sa guitare, une sorte de compas. Mais il arrive parfois, exceptionnellement certes, que cette figure ombrageuse de la tradition fasse fi de la sacro-sainte règle et parte, valises en mains. Bert Jansch est de ceux-là qui osèrent provisoirement tout quitter pour aller trouver...
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  • Les nuits de la pleine lune rose

    par Adehoum Arbane le 01.11.2022

    La France a bien souvent du mal avec les traditions anglo-saxonnes, notamment les fêtes, surtout quand celles-ci se retrouvent phagocytées par des intérêts mercantiles devenus bien trop visibles avec le temps. Halloween fait évidemment partie de ces rendez-vous qui s’accordent fort peu avec nos usages et pourtant, cette émanation de la Toussaint – la fête des morts – devrait être l’occasion de troquer le sac de bonbons contre l’écoute d’un disque, pour rester dans l’ambiance. Et cet album, c’est Pink Moon de Nick Drake. Dernier effort si l’on ose dire de son auteur...

     

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