Pour le vulgum, Genesis restera la bête atroce aux mains d’un Phil Collins imperator, peu scrupuleux de la geste artistique. Personne ne songerait à remettre en question cette vérité partielle et pourtant relativement injuste. Peu s’en souviennent mais durant les seventies, Genesis incarna aussi – et surtout – le fleuron de la scène progressive anglaise. Peut-être même le plus beau. Par son sens inné de la mélodie, sa poésie délicate et sa vision profondément ancrée d’une musique à la fois immédiate et inventive.
Renaissance a très momentanément gravé une musique à la fois baroque et haletante. Délaissant l’instrumentarium classique des formations psychédéliques et progressives anglaises – orgue, synthés, mellotron –, Renaissance joue étonnement la carte de la simplicité. Guitare, piano acoustique, clavecin, basse et batterie constituent le seul horizon de ces musiciens en tension qui transcendent avec des moyens limités des chansons réellement sublimes – l’écriture – et habitées – l’interprétation –, et ce pour le plus grand bonheur de l’auditeur.