George Harrison, feel good Lp

par Adehoum Arbane  le 26.03.2019  dans la catégorie C'était mieux avant

Il en faut de la modestie quand on a fait partie du plus grand groupe pop au monde, celui qui a, disons-le, tout inventé. Surtout avec une carrière solo débutée en fanfare et poursuivie en dent de scie. Et d’autant plus quand la jeune génération trépigne, impatiente de renverser la table. Cela tombe bien, on n’a pas surnommé George Harrison le Quiet Beatles pour rien. Le flegme britannique semble avoir été imaginé pour ce musicien attachant et presque hors-sol. Déjà, l’homme sut se détacher des contingences de la vie de rock star en regardant ailleurs : du côté du cinéma, pour garder un pied dans les arts, et du côté des circuits de courses, par goût de l’amitié. C’est précisément cette distance prise avec le star-system qui permet à Harrison de mieux revenir à la musique, frais et inspiré. 

Après avoir passé toute l’année 77 à suivre le championnat de F1 et ses copains Jackie Stewart et Niki Lauda, George Harrison inaugure 1978 sous les meilleurs augures : il se remarie avec la californienne Olivia Trinidad Arias qui lui donne un fils, baptisé Dhani. Ce contexte de bonheur retrouvé lui permet d’accoucher à son tour, le 20 février 1979, d’un nouveau disque : George Harrison. Un titre virginal pour une renaissance bienvenue. Pour aller plus loin, voici un enregistrement que l’on serait tenté d’appeler un Feel Good Lp. Joyeux, plein d’un enthousiasme quasi juvénile, simple sans apparaître simpliste, tels sont les mots qui viennent à l’esprit à l’écoute des dix chansons. Coproduite par l’américain Russ Titelman, qui aura enluminé nombre de classiques de Randy Newman, cette nouvelle fournée brille par son extrême limpidité mais pas que. L’immédiateté de l’album – l’ensemble passant comme une lettre à la Poste – ne doit pas masquer plusieurs points saillants. Un, on redécouvre le mélodiste surdoué qu’est Harrison, le compositeur de I'm Happy Just To Dance With You, Long, Long, Long, While My Guitar Gently Weeps, Something, Octopus Garden. Certes, ces nouvelles compositions n’ont pas, à l’époque, bouleversé le rock des quinze dernières années, pas plus qu’elles ne représentent la volonté d’un changement de cap, pire d’innover !  Celles-ci ont su s’imposer par leur qualité intrinsèque. Et c’est le deuxième point. Toutes, je dis bien toutes, sont composées de refrains excellents mais aussi – et c’est la marque des grands – de couplets tout aussi ouvragés. Harrison a travaillé l’écriture de son nouveau matériel et cela s’entend. De Love Comes To Everyone à If You Believe, chaque titre a des allures de classiques en puissance. Troisième point et il compte : comme évoqué plus haut, la production "californienne"donne à des titres comme Blow Away – et c’est le cas de bout en bout – un écrin chaleureux grâce au Fender Rhodes et, précisons-le, au jeu de guitare, reconnaissable entre tous, de George. Tout est délicieux, agréable, sans faute de goût. Harrison s’est même accordé quelques bonnes idées comme ces bruits de voiture de course sur Faster qui viennent illustrer fort judicieusement le texte. Quatrièmement, Harrison sonnerait presque comme son vieux copain Macca. Prenez Your Love Is Forever, le constat est saisissant et la comparaison pas usurpée ! Même démarche sur Soft-Hearted Hana (en référence à une île de l’archipel d’Hawaï) mais avec une autre figure tutélaire, son vieux copain Bob Dylan ; Harrison était un grand fan du band. Mieux, Dark Sweet Lady aurait presque pu figurer dans Layla and Assorted Love Songs de son pote Clapton, qui joue d’ailleurs sur Love Comes To Everyone. Guilleret voire blagueur, Harrison nous gratifie d’une suite de Here Comes The Sun, Here Comes The Moon ! Sans rancune, il reprend Not Guilty, chanson composée en 1968 pour le White Album et que les sieurs Lennon et McCartney avaient refusé. Mais George Harrison s’en balance, il a passé l’éponge ; le karma est revenu !

Ce n’est que justice de voir un musicien aussi pénétré par la culture hindouiste, en paix avec lui-même ! Sérénité toute contagieuse qui nous fait revenir vers ce disque peu essentiel – on ne parle pas d’un chef-d’œuvre – mais totalement addictif. Un disque pour se sentir bien avant d’aller travailler ou pour redonner un coup de boost lorsqu’on rentre fourbu du bureau, voire même – soyons fou – pour aller envoyer paître son boss juste avant de claquer sa démission ! « If you believe if you believe in you/Everything you thought is possible, if you believe/If you believe in me/All your love's reflected back to you/When you believe » chante le guitariste des Fab, content de son coup, alors que Paul et John sont temporairement sur le déclin. Heureux qui comme Harrison a fait un long voyage et puis a retrouvé, après maintes traversées, le feeling des vertes années !

George Harrison, George Harrison (Dark Horse)

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https://www.youtube.com/watch?v=akF7rpI5Ya8

 

 

 

 

 

 


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