2014, Top Less ?

par Adehoum Arbane  le 05.01.2015  dans la catégorie A new disque in town

Je vous arrête tout de suite ! Inutile de remettre en cause la légitimité même du top pas plus qu’il n’est loisible de s’interroger, à l’occasion d’un tourbillonnant brainstorming au cœur d’une rédaction imaginaire, sur les 10, 20, 30, 50, 100 meilleurs albums de l’année. Au fond, ce qui rend l’exercice pertinent, c’est bien sa matière même. L’album. Et surtout ce je-ne-sais-quoi qui le différencie des autres – de la masse, en fait – au point de l’autoriser à rejoindre un classement, fut-il provisoire. Pourquoi une œuvre se détache du lot ? Quelle alchimie explique ce curieux phénomène ? Au-delà des débats techniques – le rock critique doit-il être musicien pour mieux comprendre la musique ? Un peu simpliste –, des considérations historiques, l’émotion devrait être l’unique indicateur de la supériorité d’une œuvre sur une autre. Supériorité. Rien que le mot fait frémir à l’heure du vivre-ensemble. Malgré cela, primat il y a. Il est certains disques qui demeurent bien au-delà des frontières immatérielles du consumérisme digital. À l’heure du téléchargement de masse – légal ou non, peu importe –, l’écoute attentive est trop souvent balayée par la découverte tous azimuts ! Réalité pour les uns – les fameux auditeurs consommateurs –, démarche soit disant vitale pour les critiques, il ne se passe pas un jour sans que l’on soit abreuvé de nouveautés, plus ou moins bonnes. Quant à parler de chefs-d’œuvre, on en est loin. C’est peut-être pour cette raison, au fond, que les tops doivent perdurer. Une sélection digne de ce nom fait l’objet d’une minutieuse et longue réflexion, qu’il s’agisse de réunir la dream team sportive, les grands romans qui forceront les portes de tous les panthéons du classicisme poétique, voire aussi les quelques albums au-dessus du lot. Donc. Tiens, parlons-en ! 2014 ne fut pas en reste qui fournit son petit bataillon de disques brillants, attachants, novateurs. Extraire la substantifique moelle ne veut pas dire pour autant paraître engoncé dans un style, une famille, un genre ou même un pays. Ce résumé musical d’une année riche en propositions a tenu compte des traditionnelles œuvres de la pop anglo-saxonne mais également des productions made in France. Non par fierté – encore que – ni par chauvinisme. Il existe ici, en France, une génération de groupes et de chanteurs qui, depuis quelques années déjà, impose ses vues aux vieux briscards, cumulards de la variété dont la longévité relève surtout du conformisme ambiant. Mais ça c’était avant. Aujourd’hui, la pop ose chanter en français, le fait même avec une certaine virtuosité, un allant qui ne lasse jamais. Pop, prog ou tout simplement rock, chacun a trouvé ses habits pour s’exprimer. Brit’ et ricains, eux, reviennent avec la classe des premiers, la noblesse et le savoir-faire en plus. Ils savent plus que quiconque écrire en langage pop. Les figures tutélaires – folkeux, poppeux ou garagistes – n’ont pas à rougir de leurs fringants élèves. Nul besoin d’ailleurs de les passer un à un en revue. Tous ont eu droit naguère – les douze derniers mois, en fait – à leur tribune. Les palabres séduisent mais elles sont vaines au regard d’une œuvre dont la survivance par la multiplicité des écoutes, sans jamais faner, explique qu’elle soit en ce jour gravée dans le marbre de la littérature. Californiens, texans, liverpuldiens, petits gars de l’Essex côtoyant en un raccourci autant intellectuel que providentiel béarnais ou parisiens, perdreaux de l’année ou grands anciens, tous se sont démarqués par leur qualité d’écriture, la singularité de leur démarche, parfois même une bonne dose de folie. Chacun des Lp cités s’affirme comme un modèle du genre, de celui que l’on réécoute en boucle, de celui qui survit à l’implacable loi des baladeurs numériques trop souvent limités dans leur mémoire vive. Mémoire vive, voilà un bien joli mot pour qualifier l’opiniâtreté de nos dix lauréats ! Ce sont aussi – on le mentionne trop rarement – des albums que l’on associe à un souvenir, à un moment heureux. C’est ainsi qu’ils peuvent s’inscrire dans le temps, s’accrocher à l’éternité. Alors, roulements de tambour, on retient son souffle et on prie le bon dieu de la pop que son artiste favori y figure… Les dix meilleurs albums de l’année 2014 sont… 

Avi  Buffalo, At Best Cuckold

Ariel Pink, Pom Pom

Kevin Morby, Still Life

Ty Segall, Manipulator

The Coral, The Curse Of Love

The Horrors, Luminous

Beck, Morning Phase

Charles-Baptiste, Les Sentiments Inavouables

Moodoïd, Le Monde Möö

Marc Desse, Nuit Noire

 

 

 

 


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