Arcade Fire, sous les feux de la rampe

par Adehoum Arbane  le 16.12.2013  dans la catégorie A new disque in town

On ne présente plus Arcade Fire. Voilà un groupe qui, en l’espace de neuf ans, est passé de l’indie folk – canadienne de surcroit – au statut de formation Classic Rock. De chouchou de la presse geek aux Grammy Awards. Et en seulement quatre albums. Arcade Fire, c’est un peu l’histoire de sept enfants de la banlieue de Montréal qui finissent en week-end avec Bowie. Un destin qui a vu ces musiciens exemplaires migrer de l’accordéon aux synthés. Progression ascensionnelle, inéluctable et qui a, sans le savoir, sans même le vouloir, balayé toute concurrence. Car quel autre groupe actuel peut se prévaloir de posséder une telle discographie, parfaite, constante, sans fausse note ? Chaque nouvel album d’Arcade Fire étant meilleur que le précédent. Qui ? Arcade Fire est donc une entité unique. Soudée aussi. Et qui a fait des épreuves de la vie une force, qui n’a jamais démérité, déçu ou baissé les bras. Un collectif aux individualités fortes, aussi à l’aise en studio – où  le labeur et l’audace sont de mise – que sur scène, lieu de tous les possibles. On peut reprendre chaque album et arriver au même constat. Funeral, abrasif et échevelé, déjà si original. Neon Bible, ample, presque symphonique. The Suburbs, classique immédiat du rock avec des accents pop. Reflektor, reflet de la modernité. Un grand groupe est ainsi animé par la perpétuelle recherche d’une esthétique. Musicale, celle-ci peut aussi emprunter des chemins de traverse. Chez Arcade Fire, l’aspect visuel demeure fondamental. Qui passe certes par l’artwork, toujours soigné, mais aussi et surtout par les clips. Là aussi, l’évolution impressionne. Car le groupe a su transformer le clip brut en véritable performance artistique. De l’artisanat de Rebellion (Lies) qui réinvente au passage le mythe du joueur de flûte de Hamelin à Afterlife, véritable court métrage, Arcade Fire n’a jamais cessé de redéfinir les contours d’un exercice relativement convenu. La transition se fait à partir de Sprawl II, tant narrativement que musicalement. C’est le premier titre à oser des sonorités synthétiques et à proposer les images qui vont avec. Superbement avant-gardistes. Il convient de souligner le cousinage évident entre la vidéo de Reflektor, signé Anton Corbijn, et celle de Sprawl II. Même approche corporelle, même utilisation des masques disproportionnés, loufoques provoquant une sorte d’émoi identitaire. Here Comes The Night Time, lui, se paye le luxe d’un casting impeccable : dans un night-club rutilant se croisent James Franco, Michael Cera, Ben Stiller, Bono (!!!) avec, last but not least, Roman Coppola derrière la caméra. Coup de génie, la performance s’étire sur plus de vingt deux minutes, Arcade Fire jouant « live », dans un clip donc – attention, concept ! –, pas moins de deux morceaux supplémentaires : We Exist et Normal Person. Super symétrie avec le disque. Afterlife dans sa narration, sa mise en scène, achève cette mue sidérante. N’oublions pas enfin qu’Arcade Fire avait publié l’intégralité de son nouvel album sur Youtube, illustré par les images de Orfeu Negro de Marcel Camus. C’est l’histoire donc d’un groupe, Arcade Fire, qui aspire plus que tout à raconter des histoires. Sous la forme de mélodies, de couplets, de refrains mais également de façon littéralement cinématographique. Du reste, Afterlife représente à lui seul un aboutissement. Jusqu’à ce que nos montréalais reviennent avec un nouveau brûlot. Et de nouvelles idées. Quant à Reflektor, l’album ? Affirmons-le, il s’agit de leur meilleur disque, une œuvre pensée, à la fois dense – deux galettes, des morceaux dépassant le format radio – mais au final treize compositions – le mot a son importance – d’égale qualité et qui laissent ce sentiment doux d’être familières, évidentes. Mélodiquement pur, le projet Reflektor, en partie produit par le sorcier James Murphy, relève de la perfection autant que de l’exigence. Rien à jeter. Non rien. Peut-être la deuxième moitié de Supersymmetry, sorte de bruit de fond plein d’échos d’instruments. Comme si Arcade Fire refusait de nous quitter sur un point final décidé arbitrairement par un ingénieur du son. Aucune censure possible donc. Le moindre pouvoir critique étant annihilé. Tout leur est permis. Y compris d’espérer en l’avenir. Car l’avenir ne se fera pas sans eux. L’avenir, C’EST EUX. ARCADE FIRE. 

Arcade Fire, Reflektor ( Sonovox)

arcade-fire.jpg

http://www.youtube.com/watch?v=7E0fVfectDo

http://www.youtube.com/watch?v=EcKinnMXuKg

http://www.youtube.com/watch?v=_fFAKrIntzY

 

 

 

 


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