Les Ronettes vs le rap tête à clashs

par Adehoum Arbane  le 12.03.2013  dans la catégorie C'était mieux avant

Rappeurs, clasheurs et autres parangons de la poésie au kilomètre composée maladroitement dans le dico des rimes, je vous hais, la chose étant dite je pourrais m’en retourner à mes saines occupations journalistiques, à la pop que je distille chaque jour goutte-à-goutte tel un nectar et dont je savoure sans fin les bienfaits, mais force est de constater que votre médiocrité patente mérite l’un de ces plans séquences littéraires dont j’ai le secret, car vos confrontations verbales en différé me plongent dans des états de fureur qui pourraient finir en massacre façon Lucio Fulci – inutile de préciser de qui il s’agit, ce serait pure perte de temps – bref je disais à quel point vos combats de coqs de basse-cours de récré me consternent, m’indisposent, faisant remonter jusqu’à mon propre cœur, c’est en langage médical et philosophique ce que l’on appelle la nausée car il faut revenir au fondement – le mot vous va si bien – de la triste affaire, c’est-à-dire le clash entre Booba – pouvait-on imaginer pire nom ? – Rohff et La Fouine – là on touche le fond et pas du problème mais bien de la médiocrité humaine – trois petits merdeux richissimes qui pensent faire monter la sauce du Grand Buzz en affichant au grand jour leurs griefs doublés d’insultes et de punchlines assez médiocres mais merde, bande de bouffons à capuches, que croyez-vous, nous n’avons pas le temps de disserter sur vos enfantillages marketing car la vérité est là, votre égocentrisme préfère délaisser la Misère Contemporaine pour quelques liasses d’euros et un classement, fut-il temporaire, dans les charts céfran, mais vous nous chiez dans les godasses ou quoi, c’est la crise les mecs, le monde part à vau-l’eau, le chômage progresse comme la gangrène sur la jambe du soldat malien, les usines ferment tout en fumant du crâne – celui bien sûr des brigades rouges syndicales – le pouvoir potasse gentiment son manuel d’économie classe de cinquième, Michel sent le sapin, Arnaud monte le bourrichon de tout le monde, et vous, vous y allez de votre petite et mesquine guéguerre de tranchées qui ne tranche ni par son originalité ni par sa pertinence car autant vous le dire, nous n’avons cure de vos coups de menton youtubés et de vos albums hard crades, nous nous en soucions comme de notre premier slip sale, putain mais vous êtes les VRP d’un genre vulgaire, j’ai dénommé le rap ou H-I-P H-O-P, cette infamie qui prétend être un art, vous me faites gerber vous et vos copains d’outre-Atlantique avec vos rimes à deux dollars, vos looks grotesques qui feraient passer un versaillais en Cyrillus pour un hipster post-moderne, vos clips vulgôsses, bas du front et fondamentalement myosines et vos « sons » tous pillés dans les bacs à disque du Génie Occidental qui en son temps reconnut en la pop un langage universel, intemporel et mirifique, que dire de vos zélateurs à baggy, casquettes en coupé-décalé, chaînes en or qui brillent – surtout depuis leurs présentoirs chez Tati –, rien, il vaut mieux les laisser dans les cages d’escalier d’où ils finiront par pourrir comme des fruits trop murs, vous rappeurs, Dj et autres producteurs, vous dites être passés par l’école du micro d’argent, cela dit vous semblez plutôt issus de l’école du micro pénis et je vous mets tous dans le même sac, La Fouine, Booba,  Sexion d’Assaut – les gars, révisez vos manuels d’orthographe – Kool Shen, Shurik’n – il envoie que dalle – Akhenaton – le pharaon doit se retourner dans son sarcophage – mais aussi P Diddy, Snoop Dog, 50 Cent – définitivement dévalué – Dr Dre, Wu Tang Glands, les gars, vous coulez à flow dans vos piscines californiennes, lestés par l’immense Connerie dont vous avez fait votre marque de fabrique pour les siècles des siècles, vos clashs, vos breloques, votre bling-bling, vos codes en somme – surtout ceux de vos MasterCard hypertrophiées – tout cela ne vaut pas tripette en comparaison de Presenting The Fabulous Ronettes Featuring Veronica, album paru en novembre 64 et produit par le grand petit Phil Spector qui fut peut-être le Sarko de la prod’ pop soul sixties mais qui demeure aujourd’hui comme un mythe, un pharaon – un vrai –, l’homme eut le nez fin pour avoir repéré parmi les sœurs Bennett la jeune et délicieuse Veronica dont il fera sa femme sous le nom classieux de Ronnie Spector, bref, il faut se replonger dans cette époque bénie de la Beatlemania où l’Amérique opérait un hold up dans les charts avec une réplique crédible aux quatre de Liverpool, réponse incarnée par la soul velours frappée des sceaux de la Motown, de la Stax et de Philles Records et puis il y a les chansons, certes livrées dans un écrin sublime de clavecin céleste et de castagnettes facétieuses et produites dans le Vatican des studios californiens, mais toujours géniales, comment ne pas citer Be My Baby, Baby I Love You et le sublimissime Walking In the Rain qui donnerait envie d’oublier son parapluie pour danser et chanter tel un Gene Kelly noir sous des torrents de flotte en Normandie, tout dans cet opus respire la fraîcheur, le bon goût et le génie, même les morceaux secondaires claquent à l’oreille de l’auditeur, grâce à eux l’Amérique réinventait la pop, en donnait sa propre version, à la fois singulière et audacieuse, grâce aux Ronettes le phénomène des girl groups s’imposait à l’aube des sixties et pour cause, ces filles-là racontaient avec leurs voix câlines et juvéniles des histoires d’amour carrossées – cabossées ? – comme des Buick, et la jeunesse entière s’en faisait l’écho, pensez aussi aux soldats américains englués dans la jungle inextricable du Nord Vietnam écoutant ces jolies poupées susurrer sur les ondes leurs tubes imparables, ces chansons devaient leur mettre un sacré baume au cœur, oui ces demoiselles méritent le surnom de Fabulous, peut-on en dire autant des rappeurs, essayons tiens pour voir, Presenting the Fabulous Nique Ta Mère Featuring Didier Morville, bah non, cela ne fonctionne pas, on n’y croit pas, aucune formule séduisante, aucune magie, aucune mystique, alors pour résumer, ô pseudo ménestrels du désenchantement urbain, vous ne manquez pas de clashs ; de classe, si.

Presenting The Fabulous Ronettes featuring Veronica (Philles Records)

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