Les 10 chansons qui arrachent des wah-wah

par Adehoum Arbane  le 24.02.2011  dans la catégorie Les 10

Non, wah-wah n’est pas le cri idiot que lâchent ces minuscules cabots qui peuplent nos trottoirs en si grand nombre. Wah-Wah est en fait une onomatopée recréée sur la base d’une altération de résonance des notes prenant les sonorités d’une voix humaine. Utilisé le plus souvent avec la guitare électrique, cet effet fit les grandes heures du rock et notamment du mouvement psychédélique, en Grande-Bretagne comme de l’autre côté de l’Atlantique mais on le retrouve aussi dans le jazz : ainsi, le trompettiste Miles Davies en fit son miel au début des années 70 donnant à sa musique des inflexions funky. Mais revenons au rock : pas un guitar hero ne fit l’économie de la pédale wah-wah : c’est Hendrix qui le premier exploita jusqu’au bout les multiples potentialités de son instrument mais on ne peut faire l’impasse sur le triumvirat célèbre Clapton/Page/Blackmore. L’exercice n’en paraissait que plus délicat. Pour plusieurs raisons. En effet, comment accepter de faire l’impasse sur des classiques comme Papa Was A Rolling Stones des Temptations ou Shaft d’Isaac Hayes ? Et pourtant… Ils ne figurent pas dans ce classement. Au-delà de l’effet à proprement parler, la chanson a été bien évidemment privilégiée. Car il s’agit bien là d’un tout indissociable : la puissance d’une composition associée à une production, nouvelle science de la pop. J’ai de même donné quitus à l’interprète en essayant de proposer des musiciens évoluant dans un autre registre que le psychédélisme. Enfin, j’ai souhaité accorder une place à des formations mineures dont les tentatives ont parfois marqué les esprits, quelques décennies après. A l’arrivée, dix chansons qui ont chacun à leur manière laissé une empreinte dans l’histoire du rock ou qui tout du moins se sont distinguées des autres. Les voici, audacieuses, actuelles, amusantes, bluffantes, anecdotiques, mythiques, prêtes à vous faire de l’effet.

L’homme se veut incontournable. Oui, il nous fallait débuter avec The Jimi Hendrix Experience et un classique à la wah-wah légendaire qui n’est étonnamment pas Voodoo Child (Slight Return). Non. Je lui ai préféré Burning of the Midnight Lamp, hymne psyché sorti en single le 19 août 1967 et figurant au plantureux menu de Electric Ladyland paru le 25 octobre 1968. Ce morceau existe en deux versions, une première enregistrée lors des sessions du groupe à la BBC, l’autre que l’on retrouve sur la deuxième face du premier disque du pays de la femme électrique. La première se déploie tout en sobriété, misant sur le seul effet, quant à la seconde, elle fascine par sa majesté. L’entame conjugue au même plan wah-wah languide et clavecin céleste pour notre plus grand bonheur cosmique. La production assurée par Hendrix himself prouve le génie du bonhomme dont la conception de la musique dépasse largement celle de ses plus prestigieux homologues. Hendrix alla plus loin, plus haut et surtout plus vite. En trois albums seulement, il redessina le paysage rock pour les années à venir. Burning Of The Midnight Lamp brûle de mille feux, chaque effet, chaque idée apporte à l’ensemble sa touche si singulière comme les chœurs féminins judicieusement filtrés au phasing. Hendrix va au bout de son concept et livre ici une apothéose mélodique qui clôt si merveilleusement ce premier disque. Car le génie du maître est d’alterner blues revisités et pop songs stellaires. Une virtuosité qui ne prend jamais le pas sur l’émotion, une vision hors du commun. Tout cela ne pourra que nous arracher des OUAH… WAH !

« Clapton is god », proclamaient les murs du Londres branché. On se souvient de l’image célèbre d’une vieille dame dont le chien pissait littéralement sur ce slogan mythique. La rencontre entre l’Angleterre traditionnelle, celle de la seconde guerre mondiale, et la perfide et pop Albion. Mais retour sur l’histoire de Cream. Tout commence en fait avec…  Hendrix. Quand le gaucher de Seattle débarque à Londres, sous la houlette de Chas Chandler, le bassiste des Animals, il ne sait rien du séisme que sa musique va provoquer. Le premier album de l’Experience est une claque. Entre temps, un autre power trio s’est monté autour de Clapton, Bruce et Baker. Ils choisissent le nom éminemment psyché de Cream. Et pourtant, tous viennent de l’école du british blues : Clapton a officié chez Mayall, Baker et Bruce chez Graham Bond. Une première livraison pose les bases de leur son puis vient le chef-d’œuvre Disraeli Gears. Beaucoup de tubes dans la tracklist mais il convient de s’arrêter sur un titre anthologique : Tales Of Brave Ulysses. Deux minutes et quarante sept secondes de pur bonheur à la wah-wah. Au-delà de l’effet, la chanson demeure exemplaire pour son architecture, entre calme trompeur et envolées puissantes. Mais il ne faut pas omettre de citer World Of Pain dont la wah-wah au combien mélodique apporte à la composition, déjà parfaite, tout son sel. On reconnaît le savoir-faire évident de Clapton. Cependant, il ne faudrait pas négliger pour autant l’apport technique de la plus célèbre section rythmique du rock, incarnée par le maître des fûts Ginger Baker et le chanteur/bassiste Jack Bruce. Un trio qui a su créer l’alchimie totale, livrant à la jeunesse pop des galettes géniales comme Fresh Cream, Disraeli Gears et Wheels Of Fire. Qui peut en dire autant ?

In The Army Now, The Status Quo, août 1986, label Vertigo. Non, non, ne tournez pas la page, je plaisantais. Enfin presque. Disons qu’avant de donner dans le boogie rock poussif, Status Quo s’illustra modestement dans le registre psyché pop. Le 5 janvier 1968, les branchés du swinging London découvrent leur premier single Pictures of Matchstick Men. Sorti sur Pye Records, le label des Kinks, cette information apparemment anecdotique semble avoir porté chance à cette chanson. Prévue initialement en face B du titre Gentleman Joe's Sidewalk Café (un titre catastrophique), le groupe décide de tout miser sur ce qu’ils pensent être un tube en puissance. Grand bien leur a pris ! Enregistré sur un simple quatre pistes, la composition de Francis Rossi brille au firmament de la pop british. Rossi en soliste compétant nous régale avec sa wah-wah gluante à souhait se mêlant avec fluidité aux nappes d’orgue coulées par Roy Lynes. Ajoutez à cela le phasing suggéré par leur producteur, John Schroeder, et Pictures of Matchstick Men prend une dimension cosmique, une hauteur telle qu’elle provoqua tout sauf… Le statut quo ! Construit sur le même motif, Black Veils Of Melancholy déçut la critique qui lui reprocha sa trop grande ressemblance avec Pictures. Dommage pour un tel essai relevant du coup de maître. La qualité de la composition a sans doute contribué à donner du corps à l’album qui s’avère convaincant dans un genre aussi éprouvé que le rock psyché, même en 68. Puis, le groupe entamera une lente évolution vers un pub rock plus conventionnel qui saura séduire les charts et remplir les stades. Une bien triste fin pour un combo modeste mais étonnant contributeur aux meilleurs singles de l’histoire du rock. Nous garderons en tête cette image et cette wah-wah acidulée.

On n’a prêté que peu d’attention à la première incarnation de Deep Purple, appelée mark I. Peut-être parce que les deux premiers Lp, relativement moyens, ne contiennent que des reprises. Plus intéressante, leur troisième livraison sobrement intitulée Deep Purple propose sept titres originaux sur huit. Ritchie Blackmore et Jon Lord sont les piliers du groupe, seuls dépositaires du son purplelien, malgré la voix convaincante de Rod Evans. Blackmore sait parfaitement tirer partie de toutes les possibilités qu’offre son instrument, une Fender Stratocaster, et le prouve bien évidemment sur Bird Has Flown. Enregistrée de manière progressive, la wah-wah s’y fait violente, acide, tranchante. Blackmore n’a pas oublié sa leçon : une chanson = un riff. Celle-ci fera le succès du groupe mais nous n’en sommes pas encore là. Bird Has Flown joue le chaud et le froid, couplet catchy et refrain disloqué, d’une froideur spectrale. Cette structure basique confère au morceau toute sa force, malgré une certaine forme de maladresse que le groupe corrigera rapidement à travers Deep Purple mark II : Roger Glover prend possession de la basse, Ian Gillian remplace le timide Rod Evans. Malgré cela, Bird Has Flown comme Chasing Shadows se tordent dans les outrances d’une pédale wah-wah toute aussi virulente, vociférante. Une fois n’est pas coutume, l’orgue profond de Jon Lord se veut l’indispensable marqueur d’un groupe encore en gestation mais déjà essentiel. Huit titres, deux blues passables, The Painter et Why Didn't Rosemary ?, et quelques fulgurances totales, incroyables comme April, Blind et ce Bord Has Flown impitoyable, efficace, tendu, jusqu’au solo libératoire qui arrive à la moitié du morceau. Du grand art !

L’émergence des power trios comme The Jimi Hendrix Experience ou Cream bouleversa à jamais le Londres des années 67-68. Epicentre de la culture pop, Carnaby Street devient le rendez-vous d’une jeunesse avide d’expériences nouvelles. Dans l’effervescence générale et l’émulation collective, chacun s’imagine Beatles ou Rolling Stones. Certains désirent plus que tout être The God aka Eric Clapton, leader de Cream, qu’un graffiti a satellisé direct roi de l’olympe pop. Ainsi en est-il de John Du Cann lorsqu’il monte avec son ami le bassiste Mick Hawksworth Five Day Week Straw People, un obscur combo psyché responsable d’un unique album éponyme. Parmi les dix morceaux, Sunday Morning se voit peinturlurer de wah-wah-wah-wah-wah-wah… Exactement le sentiment d’un buvard d’acide fondant sur la langue. Du Cann a bien appris la leçon, sa guitare miaule, se dilue comme ces lights shows qui illuminent la nuit californienne durant l’été de l’amour. La voix, douce et tiède, s’entremêle parfaitement aux entrelacs de guitare dans un cérémonial des plus lysergiques. Ce qui séduit ici, c’est la dimension fondamentalement cool de la musique, ce moelleux, cette élasticité aux distorsions acidulées alors que, l’espace d’un moment, on perçoit vaguement le rythme d’une valse militaire. Dans sa logique de copiste, Five Day Week Straw People mérite une écoute complète et attentive, chacun des dix morceaux propose un mix intéressant entre rock groovy et psychédélisme suave sur la base de compositions honnêtes comme Does It Rain, Five Day Week Straw People ou I’m Going Out Tonight et son everything gonna be alright qui fleure bon les bacchanales droguées dans le Londres by night. Toujours plus vite, toujours plus loin, d’un simple coup de pédale. Oui, mais sans vélib. 

Supertramp demeure le groupe d’un seul instrument : le piano électrique Wurlitzer dont le grain à l’oreille est si typique. Et pourtant. En 1974, Roger Hodgson et Rick Davies se réinventent à travers un troisième album qui marquera son temps : Crime Of The Century. A l’époque, les deux leaders déclinent la formule éprouvée du duo de songwriters dont Lennon et McCartney restent les symboles les plus connus. Avec son lot de tubes, Crime Of The Century représente le premier chef-d’œuvre assurant le passage décisif entre le prog des débuts et la pop qui fera leur gloire. Sur Bloody Well Right, Hodgson délaisse provisoirement ses claviers au profit de Rick Davies dont les notes élégantes sont une parfaite entrée en matière à la wah-wah canaille. Une introduction sans doute murement pensée en studio et qui donne très vite le ton. En fait, toute la science de Supertramp réside dans ces quatre minutes : une alternance entre un traitement rock, presque hard, sur les couplets et une approche plus pop dans les refrains. A mesure que les minutes défilent, les instruments s’invitent chacun à leur tour pour s’agencer en bonne intelligence. La production, complexe, se met ainsi au service d’une chanson, une vraie. Ecrite, facilement mémorisable. Et la recette marche. Cette marque de fabrique sera déclinées sur tous les morceaux du crime du siècle là où Breakfast In America s’orientera vers une approche plus mainstream bien que fort séduisante. Voilà pourquoi Crime Of The Century reste dans le cœur des fans comme l’album parfait, savant mélange de mélodies frétillantes et de suites plus progressives. N’en oublions pas la roucoulante wah-wah qui nous emmena pendant quelques secondes dans les faubourgs urbains et fumants d’une cité imaginaire. Belle et éternelle impression.

En apparence, le crédo de Jethro Tull n’est pas vraiment la guitare électrique. Malgré ses racines blues qui se dévoilent dans le premier opus, This Was, Jethro Tull semble plus à l’aise dans le registre alors naissant du folk médiéval dont les bardes énigmatiques de l’Incredible String Band représentent en 67 les figures de proue. En toute logique, l’instrument de prédilection n’est autre que la flûte traversière. Pas pour cette fois. Dans la masse pléthorique des albums et des chansons, on retiendra pour l’occasion Look Into The Sun, paisible balade aux accents cools. Leader incontesté, flûtiste efficace, guitariste compétent, chanteur charismatique et compositeur inspiré, Anderson laisse pourtant à son guitariste soliste toute la place qu’il mérite. Timide, Martin Barre donne ici libre cours à son talent, certes relatif, mais certain. La production joue beaucoup dans la forme de Look Into the Sun. En effet, seuls s’y expriment Anderson à la guitare acoustique, au piano et au chant et Barre à la six cordes. Un duo intimiste d’où se dégage une complicité réelle qui permet à Martin Barre de se transcender en usant tout au long du morceau de la pédale wah-wah aux tonalités solaires, presque jazzy. Cette composition, inhabituelle dans le répertoire de Tull, surprend donc par sa simplissime décontraction, son élégance feutrée. On se situe à mille lieux des chansons épiques qui feront la gloire du groupe entre 1971 et 1975. Pourtant, tout l’art du groupe se mesure dans cette capacité incroyable à produire des morceaux  à la fois courts mais complexes, basiques mais au combien mirifiques. Look Into The Sun en fait partie qui oublie certaines outrances théâtrales pour privilégier l’émotion pure. C’est aussi pour cela que Stand Up demeure l’un des albums les plus accomplis du Tull, allant droit au but tout en s’autorisant des envolées célestes comme dans le prodigieux Reasons For Waiting. Et puis, comment ne pas se laisser séduire par la pochette du pressage originelle, avec ses personnages de papier s’extrayant de l’intérieur du vinyle dans un effet qui lui aussi fera ouah. 

Pas vraiment pop, encore moins psyché. Ainsi se définit la musique de John Mayall et de ses Bluesbreakers. Non pas que la guitare n’y soit pas à l’honneur, bien au contraire. Conjuguée à l’orgue du maître, la six cordes demeure un instrument clé dans l’édifice mayallien. Pas moins de trois solistes de légende firent partie du casting des briseurs de blues : Eric Clapton pour le Beano album, Peter Green et Mick Taylor qui rejoindra les Stones. Quant à Mayall, il représente avec Graham Bond et Alexis Korner la figure tutélaire du père du blues boom boom anglais. Mais en 1968, les sortilèges du psychédélisme se sont emparés du rock. Malin, Mayall renouvelle son line up, met en avant une section de cuivres tonitruante ainsi qu’un tout jeune guitariste, Mick Taylor. Le 21 juin 1968 sort Bare Wires. Des ambiances aériennes, quasi planantes, flirtant avec le jazz : Mayall délivre pour ses fans les plus hardcores une galette audacieuse dont la première face se décline sous la forme d’une suite à rebondissements où il laisse parler son imagination. La production, parfaite, pousse le morceau vers des cimes qui influenceront Colosseum. Deuxième face, après un blues traditionnel à la sauce Mayall, le mutin Mick dégaine sa Les Paul sur trois petites minutes mais quelles minutes ! Sur un tapis de percussions impressionnistes, la wah-wah de No Reply semble mue par une sidérante légèreté. Par moment, le titre sonne furieusement ricain, rappelant même les inflexions noires d’Electric Ladyland. Joli compliment pour un musicien blanc littéralement fasciné par l’idiome afro-américain. No Reply mérite ainsi une réponse : cool, classieux, bien gaulé, simple et offrant de la wah-wah de la première à la dernière minute. Il n’en fallait pas plus pour saluer l’exploit. Ah si, j’oubliais : Mick Taylor est crédité comme compositeur aux côtés de Mayall. Ça, ça fait de l’effet.

Pour donner à ce texte hautement sexuel, à l’adresse de la très jeune France Gall, une dimension sulfureuse, il fallait une production à la mesure. Esthète musical, fin connaisseur de musique classique dont il se servit pour écrire des chansons mythiques, Serge Gainsbourg lorgne pourtant vers le rock pour faire entrer sa version des Sucettes à l’anis d’Annie dans la légende : la sienne. Pour cela, il va opter pour la sobriété et tout miser sur une guitare électrique passée à la pédale wah-wah. Visionnaire, Gainsbourg choisit de la mixer en avant, au même plan que la voix. Et le résultat s’en ressent, d’une redoutable efficacité. Courte, incisive, rondelette autant que suave, la chanson arrive même à supplanter la bien première version malgré son caractère provoc : voir une blonde mignonette et innocente faire l’apologie de la fellation et de la jouissance masculine ne manque pas de piquant. Surtout de nos jours où malgré des évolutions fondamentales, la société semble plus que jamais crispée. Pour la petite histoire, le guitariste Léo Petit officie sur les Sucettes version 1969. L’anecdote se veut rétrospectivement amusante. Elle nous renvoie au début des sixties. Sous le pseudonyme ricain de William Stanray, notre soliste, tour à tour compositeur et arrangeur, enregistre une flopée de singles avec un groupe appelé pour l’occasion Les guitares du diable !!! Galaxie, Percolator, Danse le Twist Avec Moi, The Fly, Fich’ le Camp Jack ou encore Twistin’ USA (!!!) : autant de tubes rappelant le rock des Shadows et qui complètent merveilleusement la chronique acidulée de ces sucreries pour adultes. Bon après ces évocations démoniaques, revenons au caractère « coulant » des Sucettes à l’anis d’Annie qui donne à ses pip… Euh à ses baisers un goût anisé.

La pédale wah-wah n’est pas l’apanage du rock. De nombreuses formations funk utilisèrent l’effet pour donner à leurs morceaux une touche groovy, sexy. Parmi les plus célèbres, les plus cités, The Temptations et Isaac Hayes. Mais laissons ces choix convenus de côté pour nous pencher sur le cas Thin Lizzy. Car pour un cas c’est un cas comme chantait Gainsbourg. Pas vraiment un groupe funk, mais une formation hard des plus singulières : originaire d’Irlande, menée par Phil Lynott, chanteur/bassiste charismatique aux racines sud américaines et dont la musique demeure un formidable catalyseur d’influences. Après trois albums intéressants, le groupe sort le 8 novembre 1974 Night Life, dont la pochette arbore une panthère noire symbolisant Lynott lui-même. Parmi les dix titres, tous maîtrisés, se détache Showdown dont la wah-wah constitue un merveilleux prélude. Racé, sensuel, intense, le morceau surprend à chaque minute. Et même s’il emprunte une voie plus hard lors de la seconde moitié, le morceau exerce malgré tout un pouvoir de fascination à nul autre pareil. J’en veux pour prouve le solo qui explose d’élasticité, arrivant même à faire oublier la wah-wah du début. Cet équilibre entre volupté et violence se retrouve dans l’ensemble des titres dont on retiendra aussi She Kowns, pop song judicieusement placée en ouverture, Night Life, Philomena ou Still In Love With You. Alors que le regard scrute la nuit rougeoyante qui semble s’emparer de la ville (évocation d’une Amérique urbaine que le groupe s’apprête à conquérir légitimement), l’attention se focalise sur Showdown, sa wah-wah, ses lignes de basse ultra mélodiques et la voix chaude, ombrageuse, subtile et douce du très regretté Pilip Parris Lynott.

Hommage ultime, la pédale wah-wah se verra célébrer par George Harrison, le timide guitariste des Beatles qui lui consacra les honneurs d’une chanson dans son premier et mythique premier album solo, All Things Must Pass. C’est dire l’importance de cet outil mis au service des musiciens et qui s’accommode de tous les instruments, de toutes les idées, aussi folles soient-elles. Certes, le rock s’est fait d’abord avec des singles, puis avec des albums, parfois conceptuels. Il a aussi bâti sa réputation sur l’inventivité de ses solistes qui trouvèrent dans les studios d’enregistrement tout ce que la technique pouvait offrir en matière d’altération du son : wah-wah bien sûr mais aussi phasing, fuzz, delay ou chambre d’écho, distorsion,  saturation, overdrive, chorus, flager, réverbération, larsen, trémolo, vibrato, univibes, Leslie… La liste est longue et les dix n’y suffiraient pas à en montrer toute l’étonnante richesse.  

http://www.deezer.com/fr/#music/playlist/les-10-chansons-a-wah-wah-57464008

 

 

 

 

 


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