51 bonnes raisons d’acheter Dawdlewalk

par Adehoum Arbane  le 15.10.2009  dans la catégorie A new disque in town

Le premier album de Sourya.

1/ Cette année 2009 fut molle à bien des égards et Dawdlewalk arrive à point en ce 12 octobre pour réveiller les charts, bousculer les ondes, tirer les esprits de leur douce torpeur et les jeter soit sur une piste de danse soit dans les méandres éthérés d’un cosmos mélancolique.

2/ Je parlais de cet art du rythme, cette propension à agiter ces corps en sueur dans la nuit d’une ivresse recherchée, perpétuelle. En vérité je vous le dis, cet album arriverait à faire danser un salarié neurasthénique de France Telecom. Oui Sourya a conçu une musique qui plaira aux filles qui kiffent les balades qui font pleurer et aux garçons qui veulent lever les filles qui kiffent les balades qui font pleurer.

3/ Sourya, 4 garçons dans le vent ? Ce refrain me dit quelque chose, sa mélodie m’est familière. C’est possible. Parce qu’ils sont bourrés de talent et accessoirement de drogues et autres alcools en tous genres. Mais le vent qui les porte est surtout celui de l’audace, de la patience, du perfectionnisme et de l’inspiration. Ce qui n’interdit pas que l’on puisse se gaver de drogue à l’écoute de leurs chansons.

4/ Pour Drink In Your Town

5/ Pour Stockholm 1973

6/ Pour Unsuspected

7/ Pour Numero 1

8/ Pour The Ballad Of Star Gigolo

9/ Pour Anatomy Domine

10/ Pour Numero 2

11/ Pour Sleep Stage Zero

12/ Pour Numero 3

13/ Cheater, Liar !Liar !Liar !

14/ Pour Au Revoir Pluton

15/ Pour Cheese que l’on retrouve en bonus track dans la version digitale.

16/ Mais aussi pour le fantastique travail de prod’ signé JP Gonnod. Le son est ample, plein de majesté, ceint dans une matière chaude, auréolé de lumière éclatant en milles contrastes. Et j’en viens au point suivant…

17/ « Le moderne est autosuffisant : chaque fois qu’il apparaît, il fonde sa propre tradition ». De la modernité Octavio Paz apporta une définition fondatrice.

18/  Henri Meschonnic, théoricien du langage, quant à lui alla plus loin en affirmant à propos de Badelaire qu’il fut « moderne parce qu’il a transformé, réinventé la modernité ».

19/ Sourya et la modernité. Vaste débat. Sans sombrer dans la facilité qui vous voit dégainer avec la rapidité de l’éclair deux ou trois références immédiates, je crois que l’on peut dire que Sourya est en train de réaliser en France ce que MGMT a fait aux Etats-Unis, enfin surtout à Brooklyn. Sourya a digéré 40 ans de musique pop, puis a coulé ses chansons dans les chaudrons de l’industrie moderne. Débarrassé des ces oripeaux vintage dont s’affublent nombre de formations actuelles, pas revivaliste pour deux sous, fondamentalement contemporain, Dawdlewalk demeure à lui seul une théorie de la modernité.
 
20/ Modernité, part IV : pendant les 60s, on faisait du rock à bottines. En 2009, Sourya fait-il du rock à baskets ? De le pop en console Nintendo.

21/ Au-delà des buzz qui retombent aussi vite qu’une bite après 3 minutes de guerre sexuelle acharnée, vaincue par sa propre nature rétractable, le phénomène Sourya semble s’installer : l’opus est ainsi recommandé par le must have de la presse rock française dont shebamblogpopwizz fait naturellement partie. Et cela n’est pas prêt de s’arrêter. Tant que je serai vivant, je monterai sans cesse au front pour défendre leurs lignes musicales.

22/ Une machine à tubes. Beaucoup de musiciens en rêvent. Quand je parle de tubes, je prétends que Fixing A Hole des Beatles EST un tube, que ce petit format insidieux qui se glisse entre les ondes jusque dans les esprits réceptifs n’est pas seulement cette chose vendue à 60 millions d’exemplaires mais avant tout une chanson qui ne vous quitte plus : une mélodie parfaite, la note ultime.

23/ La voix de Sourya. Autre sujet à thèse. A la fois juvénile et profonde, comme si elle émanait d’une statue grecque. A ce propos, l’écoute Dawdlewalk me fait songer au film Pink Floyd Live At Pompeï. Il y a un peu de cela dans sa voix. Je cite Pink Floyd parce que l’on retrouve aussi dans certains titres, Cheater, Liar!Liar!Liar! notamment, des ambiances dramatiques fondamentalement floydiennes, voire même crimsoniennes.

24/ Pour cet usage discret mais si génial du mellotron.

25/ Parmi les pièces de résistance aux sombres apothéoses climatiques, il existe des petites vignettes parfois inachevées et qui sont autant d’interludes paisibles et mélancoliques. Sourya, ce n’est pas seulement ces perfusions électroniques totalement fascinantes. Le groupe marque son style au fer rouge avec des arpèges ineffables.

26/ Pour la pochette aussi. Simple, minimaliste, graphique que l’on déplie en quête d’une photo du groupe. Mais non. Ces mecs ont la classe de ne jamais apparaître. Ils s’effacent derrière leur musique. Chapeau.

27/ Petit détail omis et qui a pourtant son importance pour vous convaincre d’acquérir Dawdlewalk. Il s’agit tout simplement de l’album français de l’année. Je vais plus loin et ose l’écrire : c’est le meilleur album worldwide.

28/ Autre précision : on peut le trouver chez tous les bons disquaires, même à la Fnac de Boulogne. Et ce n’est pas peu dire.

29/ Une fois que vous vous serez acquitté de la modique somme, que vous aurez déballé le disque, l’aurez copié sur votre iTunes (au préalable mis en partage avec vos collègues), vous aurez le plaisir d’entendre des commentaires tels que « Putain, Jean-Patrick, il est à la pointe de la hype : je rêverais d’être lui ! » ou « Marie-Cécile, elle a l’album de Sourya, j’ai trop envie de faire un brief avec elle ».

30/ Sans vouloir assimiler le quator parisien a une quelconque scène indé française, il est en tout cas la preuve flagrante qu’il se passe quelque chose dans un pays depuis trop longtemps larvé par les fadeurs habituelles d’un conformisme érigé en institution. Non moins anodines sont les révélations d’Alan McGee à propos du groupe, lui qui avant tout le monde signa les formations les plus prometteuses (The Jesus And Mary Chain, Felt, My Bloody Valentine, Oasis…). Son œil d’écossais affable a su repérer nos 4 fabuleux, les scruter, les comprendre et enfin les reconnaître. Une caution qui en dit long sur leur potentiel.

31/ Pour ceux qui ont déjà acheté Dawdlewalk et qui se disent « encore un groupe hyper produit et qui ne donnera rien sur scène », je réponds « détrompez-vous ». Aujourd’hui, Sourya réinterprète son album en mode électro. Ça crépite, ça vibre, le sol tremble, les trompettes de Jéricho se jouent sur des platines et des machineries complexes. Ces mecs-là ont une sacrée longueur d’avance.

32/ Le seul groupe dont la musique vous fera oublier le slim et le polo Fred Perry qui vont avec. J’adore les polos Fred Perry au demeurant.

33/ Après avoir écouté Dawdlewalk, alors que je suis en train de rédiger cette chronique, pieds nus posés sur la table et caressés par un fragile rayon de soleil, portable coincé entre mon bide et mes jeans, Breakfast In America de Supertramp déroule ses kilomètres de vinyle. J’adore cet album pour moult raisons, je sais je suis sentimental, mais je ressens malgré cela le besoin impérieux de remettre Dawdlewalk. Je me lève. Bouge dans l’appartement silencieux. C’est fait.

34/ Il est presque midi, j’ai faim mais tel le prédicateur zélé je reste fidèle aux claviers : celui de mon ordinateur, organe vivant de création littéraire et ceux que le groupe déploie dans les 42 minutes de Dawdlewalk.

35/ Tiens, j’en suis déjà à la 35ème bonne raison, cool, quel tour de force, passons à la 36ème.

36/ Etat d’esprit. Ces gars-là sont d’une solidarité sans faille. Elle s’exprime pleinement sur disque comme sur scène. Cette philosophie, ils savent aussi la partager avec d’autres, je pense à The Agency pour qui ils ont effectué quelque savant remix. C’est une évidence, ils ne vivront jamais leur succès seuls, reclus dans un confortable et gigantesque studio, au milieu des instruments, des groupies et des drogues à profusion. Au contraire, ils auront toujours un geste pour leurs proches, ceux qu’ils aiment. Ce que je suis en train d’expliquer n’est pas chiant, nan ! Ni poncifs ni blablas ! C’est même une dimension essentielle du groupe : cohésion et communion. 

37/ Je parlais tout à l’heure de la voix de Sourya ou des claviers que Julien Coulon concasse comme César compressait les voitures (le final dingue de Sleep Stage Zero). Mais je remarque que les rock critics ne se penchent que trop rarement, sinon jamais, sur le cas de la section rythmique et des hommes qui se cachent derrière. Rudy accroché à sa basse sait mieux que quiconque en tirer la substantifique moelle, un son moelleux (belle assonance) et, sans que l’auditeur ne le sache, peut passer derrière un piano, un orgue ou un mellotron. Quant à Arnaud, je l’ai déjà vu caresser les peaux de sa batterie comme frapper la surface raide de ses boîtes à rythme dans une sorte d’extase à laquelle j’ai toujours été sensible. Celle-ci dégage une impression de sauvagerie mesurée, un caractère fondamentalement animal. Comme le disait si bien un ami en évoquant Rock Bottom de Wyatt, les sons que lâchent Sourya ressemblent à de petits animaux ululant ou gloussant dans une ferme galactique.

38/ Petites expressions stupides (et autres titres possibles pour rédactions en mal d’inspiration) n°1 : Dawdlewalk, ça tue les chats.

39/ Petites expressions stupides… n°2 : Dawdlewalk dépucèle le tout Versailles.

40/ Petites expressions stupides… n°3 : Dawdlewalk est un cri qui vient de l’intérieur, pas du ministère.

41/ Petites expressions stupides… n°4 : Dawdlewalk, c’est trapu.

42/ Petites expressions stupides… n°5 : Dawdlewalk défonce tout.

43/ Petites expressions stupides… n°6 : Dawdlewalk est en moi.

44/ Petites expressions stupides… n°7 : Dawdlewalk forever.

45/ Petites expressions stupides… n°8 : Dawdlewalk est plus populaire que Jésus Christ.

46/ Petites expressions stupides… n°9 : Dawdlewalk vs Matzinger, 1/0.

47/ Petites expressions stupides… n°10 : Dawdlewalk, la meilleure dope du marché.

48/ Petites expressions stupides… n°11 : Dawdlewalk, legalize it.

49/ Petites expressions stupides… n°12 : Je souis foooooooouuuuuuuu dé Dawdlewalk.

50/ Petites expressions stupides… n°13 : Dawdlewalk est un nuage radieux actif qui s’est bel et bien posé sur la France.

51/ La conclusion approche. Première livraison de Sourya et le constat est là : on est conquis par la cohésion et la maturité musicale du groupe. Un potentiel énorme qui suscite déjà une attente quasi insupportable : celle du deuxième opus. Le champ des possibles semble alors ouvert et les futures perspectives infinies. Sourya n’est pas le groupe d’un seul album. Voilà une excellente nouvelle qui nous permet d’envisager l’avenir sous les meilleures augures. Qu’elles lui soient à jamais favorables.
 
Sourya, Dawdlewalk (Massive Central-Discograph)
 
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http://www.deezer.com/fr/album/6218499

 


Commentaires

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16.10.2009

Bel article...
Ta vision des "buzz" en raison 21 est assez parlante.
Par contre, pour le côté Crimsonien, je suis un peu moins sûr...

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Henry Malheur

20.10.2009

Ah si clairement, je trouve que la fin de Cheater Liar Liar Liar fait penser aux plus belles heures du Roi Pourpre... Je pense bien entendu aux 2 premiers albums. Et peut-être à "Starless" sur Red ?

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20.10.2009

Complètement d'accord, ce qui est logique puisque c'est moi qui suis à l'origine de cette affirmation. Montée puis explosion des chœurs intenses et mélodramatiques, tout suggère l'influence prog punk du Crimso.

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