Carly Sings…

par Adehoum Arbane  le 19.06.2009  dans la catégorie Interviews & reportages de Shebam

Mais en attendant Carly se livre dans une librairie.
Délicieuse ironie.

Vous connaissez l’expression « un ange passe ». Bon, ben l’ange ici c’est Carly Blackman, jeune irlandaise au regard brumeux et à la voix diaphane. Je dois la rejoindre à Shakespeare & Co, la célèbre librairie anglaise qui toise modestement les hauteurs séculaires et splendides de Notre Dame. Il est 19h57 et je suis à la bourre, sur les quais les touristes s’adonnent à des plaisirs simples à grand coup de flash. Le soleil est bleu azur, le ciel rougeoie intensément, la ville, elle, continue sa course trépidante. J’arrive à la librairie, monte un escalier tout tordu et déboule dans une pièce où les énormes piles de livres semblent tenir l’immeuble tout entier. Dans un étroit dédale qui mène à un réduit poussiéreux tapissé de reliures délicieusement vieillottes, deux personnes discutent. Il s’agit de Carly et d’un confrère. Je les laisse terminer en passant en revue non pas les livres mais les gens les lisant, qui sont-ils, pourquoi ces anglais anonymes de passage dans la capitale pour une période indéterminée, vacances ou reste de la vie, semblent trouver refuge entre ces murs. Il est vrai que les livres rassurent autant qu’ils instruisent. Ils ont cette vertu salutaire de symboliser l’édification d’une existence, leurs mots sont comme des horizons, des indicatifs à suivre, disons, impérativement. Mon tour va arriver, je vais pouvoir exercer ma profession avec honnêteté tout autant que mauvaise foi, c’est mon crédo. Cependant, tous les musiciens que je choisis de rencontrer entrent dans ma grille de lecture musicale. Pour Carly, c’est un peu différent, c’est le premier ange pop que j’interviewe. Je le verrai bientôt à sa façon de tordre adorablement ses longs cheveux soyeux entre ses doigts. La petite manie que l’on cultive souvent : le tic gestuel. Ici, il est aussi charmant que ses pop songs, aussi insondable que son folk impérieux. Et dans cet accent anglais se déployant aussi aisément en français, il y a tout le mystère de Carly Sings, toute la suave complexité d’une songwriter abordant déjà son premier disque comme la possible ébauche du deuxième, comme le prélude à son concept album futur. Dire que les concepts albums furent habituellement la chasse gardée des chanteurs les plus égocentriques, héros tutélaire d’un prog rock boursouflé par ses propres excès. Chez Carly rien de tout cela. Son inspiration est plus nette et en même temps plus fouillée sans tomber dans les dérives auxquelles certains papes de la pop nous avaient trop souvent habitué, je ne citerai aucun nom et donc pas ELO ni Elton John, je suis trop respectueux de l’intégrité et du travail de l’artiste. Mais il y a dans cette première livraison de bien belles roses, comme ce Apple Tree à tiroirs qui cache un refrain totalement pop quand il commence en arpèges discrets. Tout est ainsi fait dans The Glove Thief, gant du voleur qui vole d’un registre à l’autre avec une aisance confondante, une sobriété stupéfiante. Quelques mercis me tirent soudainement de ma rêverie comme disait Gainsbourg et j’entre en scène. Le manager nous présente :

-    Carly, voici le fameux Shebam (cela me fait plaisir)…
-    Bonjour, dis-je en lui serrant la main (ça fait un peu vieille France mais j'assume).
Je m’assois sur un divan usé, sors Caroline, le dictaphone de ma vie et appuie sur play pour tester le niveau du son…

Shebam : Carly, dis-moi quelque chose…

Carly :
Hello, how are you ?

Shebam : Fine but i’m speaking English not very well because i’m frenchy !!! Bon, commençons… Carly Sings, pseudonyme elliptique, serait-il une réponse au Candy Says de Lou Reed (période Velvet) ou pas ? Raconte-nous la genèse du projet « Carly Sings » ?

Carly :
C’est une référence inconsciente à Chet Baker Sings, en fait, sur cet album il chantait. C’est pour moi la même chose, il y a 3 ans je ne croyais pas que j’avais une voix et aujourd’hui je chante (rires).

Shebam : Sur ta pochette, on te voit penchée sur un pick up avec juste à côté de toi un vinyle d’Ennio Morricone, Il était une fois la révolution. Parle-nous de ta passion pour le western spaghetti ?

Carly :
(rires) Je n’ai pas vraiment une passion pour les westerns mais plutôt pour Ennio Morricone (rires) et les vieux films américains.

Shebam : Est-ce lié à des souvenirs ?

Carly :
Nous n’avions pas de « record player » chez nous mais des K7 et des CD, il n’y avait rien de véritablement vintage. Le pick up, c’est parce que je découvre aujourd’hui tout cet univers.

Shebam : Un pick-up, c’est la classe… Serais-tu collectionneuse de vinyles ?

Carly :
Euh, non. En fait, j’ai quand même gardé 10 singles des Beatles que ma mère avait achetés quand elle était petite. On m’a aussi offert des disques originaux de bossa nova brésilienne quand j’habitais à Rio. Je garde tout cela précieusement, le reste je l’offre à tous ceux qui ont un « record player ».

Shebam : Sur ton myspace, tu poses en train de taper sur une vieille machine à écrire. Ne serais-tu pas un peu fétichiste du vintage ?????

Carly :
Oui, ça en a tour l’air ! J’ai rencontré un graphiste qui lorsqu’il a écouté mon disque a aussitôt pensé à Blue Note, le label, et à toute cette époque. C’est lui qui a finalement réalisé la pochette. D’ailleurs, la machine à écrire lui appartient. C’est un fan de la beat génération, il s’habille comme un homme des années 60, il est vraiment dans cette époque, je crois que c’est son influence aussi qui m’a poussée dans cette direction.

Shebam : Bon passons à des questions plus musicales… Dans la pop, il y a une grande tradition des chanteuses comme Dana Gillespie, Nico, Dusty Springfield, Nancy Sinatra, Julie Driscoll... Bon, nous en France on a Carla (on fait ce que l’on peut)… Je déconne, on a des légendes comme Françoise Hardy, Claudine Longet, Jacqueline Taïeb. Aujourd’hui, elles s’appellent Brisa Roché, April March, Barbara Carlotti, Isobell Campbell… Te places-tu dans cette filiation ?

Carly :
Oui, oui, plutôt qu’une singer songwriter avec sa guitare. Des artistes comme Nancy Sinatra étaient très complémentaires et arrivaient à écrire des choses très originales, évoluant entre pop et folk. Je me reconnais dans cette disposition à explorer d’autres styles.

Shebam : Ton disque de chevet pop ? Et plus globalement, les musiciens ou groupes qui t’ont le plus inspirée ?

Carly :
C’est bizarre, parce que c’est la musique classique qui m’a beaucoup inspirée, Gershwin, Rachmaninov ou les chansons de Cole Porter. J’ai été plus fascinée par des chansons que par le son spécifique d’un groupe… Mais il y a les Beatles, c’est vrai, qui peut nier les Beatles !!!!

Shebam : Ton Beatles préféré ?

Carly :
Le white album.

Shebam : Moi aussi !

Carly :
(Rires) !!!

Shebam : C’est étonnant, mais au fil des chansons qui composent The Glove Thief, on découvre une inspiration plus acoustique, plus folk alors que God And The Girl commençait sur des canons très pop, façon Belle & Sebastian. Pourquoi cette soudaine orientation ?

Carly :
Parce que je suis très éclectique dans mes styles. J’ai essayé de mettre les chansons qui cultivaient les mêmes ambiances, pas le même registre. J’avais 30 chansons, nous en avions enregistré 18, j’en ai choisi 12. Mais l’ordre bougeait puis nous avons eu le courage d’aller plus loin en conservant des chansons un peu moins sucrées.

Shebam : Tu chantes deux titres en français, pourquoi ? Te sens-tu tiraillée entre tes origines et la France où tu sors ton album ? Que penses-tu des quotas de chansons françaises sur nos ondes et de la difficulté que rencontrent les artistes français écrivant des albums en anglais ?

Carly :
Je n’ai jamais songé aux quotas. J’avais écrit par hasard deux chansons en français qui se sont retrouvées dans les 12 sélectionnées. Ce n’était pas conscient, en fait cela fait partie de ma vie. Je m’exprime souvent en français, j’ai de plus beaucoup écrit de poésies en français et mes amies qui les avaient lues trouvaient qu’il y avait très peu de fautes. J’ai aussi étudié le théâtre à la Sorbonne ce qui m’a poussé à écrire une pièce. Mes chansons en français ne sont pas spécialement travaillées parce que je croyais ne jamais les enregistrer : ce qui leur a donné un aspect très naturel (rires).

Shebam : On dit souvent que la langue française se prête plus à une écriture poétique, travaillée, au détriment de l’anglais. Quand on songe à des auteurs comme Nick Drake, Dylan, Leonard Cohen, on se dit que c’est un énorme à priori. Qu’en penses-tu ?

Carly :
Pour nous anglais les mots sont importants. En France, on a l’art de mettre en valeur les paroles, le texte, mais tous les grands compositeurs anglais écrivent des paroles profondes, c’est tellement fondamental. Même les journaux anglais publiaient les textes de Dylan et de Cohen toutes les semaines, ils sont d’ailleurs considérés comme des écrivains à part entière.

Shebam : Comment l’inspiration vient à toi ? Y a-t-il un ordre, une règle ? Musique puis les paroles ou paroles puis musique ?

Carly :
Il m’est arrivé une fois de me mettre à mon piano parce que je voulais écrire une chanson, cela m’aide quand je suis frustrée, mais rien n’est venu. J’étais tellement énervée car habituellement les mots peuvent venir très vite en même temps que la musique. J’avais écrit un poème il y a une semaine et j’ai eu l’idée de le poser sur ma mélodie. C’est très rare quand j’écris d’abord les paroles puis ensuite la musique. Parfois, quand je suis avec un ami, je sors ma guitare comme ça et je trouve un accord que j’aime et je me dis « oh c’est joli ». Et je commence à écrire une chanson en entier devant la personne, en trois minutes. Je peux la conserver pendant des mois en attendant d’écrire les textes.

Shebam : Es-tu impliquée dans le choix des arrangements ou laisses-tu une totale liberté à ton producteur ?

Carly :
J’étais tellement inexpérimentée au début que j’ai commencé par laisser tout au producteur. Mais en travaillant sur l’album, il s’est vite rendu compte que je pouvais faire plus que des arrangements de synthés et que j’avais des idées pour les cordes et les cuivres. Ma contribution s’est enrichie à la fin… On a eu de petites disputes (rires). Mais cela te force à créer.

Shebam : Ton producteur, c’est pas Phill Spector, il ne sort pas un revolver en te disant « non je veux tel arrangement de piano » ?

Carly :
Non, mais je crois qu’il était un peu déçu que je ne veuille pas prendre plus de risques. Moi, je voulais mettre les chansons les plus poppy (rires) !!!

Shebam : Please Don’t est un morceau assez dingue, façon musique de chambre un peu déconstruite, genre punk baroque ? Vrai ou faux ? Qui en a eu l’idée ?

Carly :
Nous avions invité un violoncelliste très doué qui est assez connu à Dublin et qui n’a jamais appris à jouer de façon classique. Il a écouté le morceau et a dit ce qu’il voulait en matière d’arrangement. Il a fait plusieurs prises, moi je les avais toutes conservées et comme je n’aimais pas tout, je lui ai demandé pourquoi il avait choisi telle ou telle piste. Finalement, quand nous avons écouté la chanson, les douze prises ont défilé par hasard en même temps ! Et là je me suis dit : « ouah je veux le garder comme ça ! » (rires). C’était cela que je voulais en fait !

Shebam : Qui est George Emerson ? Moi, je connais Keith Emerson, le mec qui a planté des couteaux dans son orgue Hammond pendant le festival de l’île de Wight en 1970…

Carly :
(rires) George Emerson est le personnage principal d’un livre qui s’appelle Room with a view écrit par un auteur anglais du début du XXe siècle, E.M. Forster. Il y a un film très connu qui a été tiré de ce roman dans les années 80, chambre avec vue. George Emerson agissait à l’inverse des codes de la société victorienne, de façon non conventionnelle. Il embrassait les femmes devant tout le monde. Ce livre est un commentaire très juste de la société anglaise et ce personnage est très beau, presque trop idéal en fait.

Shebam : Au fond, l’album est très contrasté, tantôt pop, tantôt bossa, parfois free et sombre même…

Carly :
On a les arrangements en tête avant. Mais on n’a pas toujours un grand orchestre à  notre disposition, beaucoup de choses étaient des accidents ou des improvisations dans le studio. Je choisissais douze chansons parce que je trouvais qu’il y avait entre toutes une vraie thématique même si les styles contrastaient. Les Beatles avaient des albums comme ça, où chaque chanson était comme un chapitre. Je voulais écrire un album concept mais on m’a dit que c’était encore tôt pour une première production.

Shebam : Pourquoi ? Dans les albums concepts il y a des chefs-d’œuvre : Tommy, S.F. Sorrow des Pretty Things… C’est quelque chose que tu feras peut-être dans ton deuxième album ?

Carly :
Si je peux aller plus loin, oui je le ferai. J’ai déjà tous les morceaux écrits et enregistrés. Mais il y a des thématiques évidentes dans cet album : que se passe-t-il quand la réalité rencontre le rêve ? C’est très cynique au fond. J’ai fait écouté les maquettes à un ami qui a trouvé une forte similitude avec Danny Elfman, le compositeur de Tim Burton. C’est la même ambiance !

Shebam : Comme les vieux films de la Hammer mais en version plus…

Carly :
Plus « fantasy ».

Shebam : Sans sombrer dans la basse flatterie, tu chantes merveilleusement bien et qui plus est sur des mélodies délicieuses. Tu aurais pu participer à une émission comme la Nouvelle Star où tout cela reste pour toi stéréotypé avec des chanteuses dont le style trahit un goût pour les effets superflus ? Le superflu, ce n’est pas toi, hein ?

Carly :
Non. Well, c’est marrant parce que mon père m’a dit « pourquoi tu fais pas cette émission ? ». Jouer les grandes chanteuses qui ont confiance devant leur micro et qui sont toutes seules avec la musique derrière, parfois sans groupe (rires), qui illuminent la scène,  je ne sais pas si c’est vraiment fait pour moi. Moi, je suis derrière ma guitare, mon clavier, avec un groupe et je ne sais pas si je suis à l’aise dans ce rôle de « crooner » et peut-être. Je ne crois pas que ces programmes soient mauvais s’ils arrivent à trouver tant de talents. Mais la plupart du temps les chansons sont horribles.

Shebam : il est vrai.

Carly :
Et l’accent anglais est souvent…

Shebam : Epouvantable.

Carly :
Oui (rires) !!!

Shebam : Question sociétale (rires) : observes-tu une vraie parité hommes/femmes dans le monde de la musique ?

Carly :
C’est vrai qu’en Irlande où mon album est sorti, j’ai trouvé peu de réactions de journalistes féminines. Il n’y a en fait que des journalistes masculins qui comparaient mon travail à des choses naïves. Quand on est un homme, on croit qu’on a le droit de dire des gros mots, de parler de sexe, être à la fois poétique et ordinaire. Mais quand on est une fille c’est bizarre, on ne sait pas comment se positionner par rapport à ces thèmes. Du coup, on doit faire plus d’efforts pour se vendre et c’est cela que je n’aime pas.

Shebam : Quelles nouveautés écoutes-tu en ce moment ? J’ai vu que tu étais amie avec Grizzly Bear sur Myspace. Leur nouveau disque est un chef-d’œuvre. Partages-tu cet avis ?

Carly :
J’adore. Mais je n’ai pas encore eu la chance d’écouter leur deuxième album. Mais je vais rester parce que j’ai vu sur Myspace qu’ils allaient faire des sessions acoustiques. Je n’écoute pas beaucoup de musique en ce moment car je suis tellement dans l’écriture de mes nouvelles chansons. Mais j’écoute aussi Beach House que j’aime beaucoup. Franchement, je trouve qu’il y a un autre niveau musical en Amérique. Il y a tellement d’innovation, de choses qui se passent là-bas.

Shebam : Pourtant il y a une grosse scène française…

Carly :
Ouais.

Shebam : Des gens comme Peter von Poehl, Syd Matters, Sébastien Schuller, Sourya…

Carly :
Syd Matters est l’un de mes groupes préférés parce que c’est le seul qui peut chanter en anglais et c’est juste beau. Il y en très peu de groupes qui peuvent se vanter d’en faire autant. Et c’est un gros problème pour moi d’écouter un français qui essaye de chanter en anglais avec un mauvais accent. Ça tue la magie en fait. C’est avec le guitariste de Syd Matters que je fais les maquettes de mon deuxième album.

Shebam : Quelle île déserte emporterais-tu sur un disque ?

Carly :
Hummmm…

Shebam : C’est une question absurde, tu peux répondre quelque chose de surréaliste (rires) !!

Carly :
Pour votre expression, c’est bizarre mais franchement, il n’y a que quelques albums que je peux écouter en boucle et où j’aime chaque morceau pour des raisons différentes. Et je découvre des choses nouvelles sur chaque morceau. Quand ça arrive, j’écoute la musique de façon obsessionnelle. Lorsque j’ai commencé à travailler avec le guitariste de Syd Matters, il m’a offert tous les albums du groupe. J’ai écouté le deuxième en boucle, je l’adore tellement, j’adore en fait comment on se sent à la fin après l’avoir écouté. Et pour répondre à ta question « absurde », probablement le métro : j’adore écouter l a ???dans le métro (rires) en marchant car quand tu bouges tu penses, tu nourris beaucoup de réflexions. Je crois en le « moving » (rires) !!!!

Shebam : On inverse les rôles : pose-moi une question !

Carly : Sur l’album, quelle est ta chanson préférée et pourquoi ?

Shebam :
Please Don’t, pour les raisons que j’ai expliquées dans la question où je savais déjà la réponse que tu allais me donner (rires). J’aime vraiment tout l’album. Je pense qu’il est exigeant. Il a fallu que je l’écoute plusieurs fois pour aller peut-être au-delà non pas de mes « à priori » parce que j’adore la pop 60s un peu baroque. Mais j’ai bien aimé me dire cela commençait de façon très pop et qu’un moment cela devenait de la musique de chambre un peu sombre, comme si j’étais en train d’écouter un opéra, quelque chose de très romantique, comme si je lisais un poète victorien. Please Don’t est vraiment la chanson qui m’a frappé. J’avais l’impression de faire un détour. J’aime bien l’idée de cohérence dans un album mais j’adore aussi quand on prend des chemins différents comme dans le double blanc des Beatles. Chacun écrit ses chansons et tout d’un coup ça donne album comme une espèce de boîte de Pandore : on l’ouvre, il y a plein de trucs qui en jaillissent, on ne sait pas trop, c’est un peu incroyable. J’ai eu cette impression extrêmement profonde en écoutant Please Don’t. Après, l’album est très bien, mais c’est un peu mon morceau culte.

Carly : Cool. Merci.

Épilogue.
Au moment où je finalise cette interview, alors que la voix sucrée de Carly défile une dernière fois dans mon dictaphone, le double blanc des Beatles « édition 1978 » passe sur la platine. Petit clin d’œil à cette jeune artiste qui a grandi avec 10 singles des Fab Four, joli legs pour construire un parcours musical pointu. Et au moment même où Carly dit « Moi, je suis derrière ma guitare », While My Guitar Gently Weeps débute dans une tension dramatique rappelant les romans victoriens. C’est incroyable la vie, parce qu’il est impossible pour un rock critic de fricoter avec le monde du rock, tout du moins avec les artistes. Et je me sens un peu coupable moi l’ennemi de sentir autant d’affinités musicales avec Carly. En l’espace de quelques questions balancées en 30 minutes d’interview, j’ai su percevoir ses influences et cette rencontre n’en a été que plus agréable, plus surprenante aussi. Et imaginer que Carly travaille avec l'un des membres de Syd Matters, c’est un peu la cerise à l’eau de vie sur mon gâteau d’anniversaire. Ah oui, j’ai oublié de vous dire, je suis si distrait mais j’ai précisément interviewé Carly ce 2 juin 2009, soir de ma 34ème année. Se saisira t-elle un jour de sa guitare pour écrire devant un ami une chanson parlant d’un rock critic fan de pop à jabot et de punk baroque. Je finis d’écrire avec ce doux rêve un peu dingue. En espérant que ces mots se transformant alors en vœu soient un jour concrétisés.



 

 

 

 


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