Xu Xu Fang, Viper au sein #2

par Adehoum Arbane  le 11.03.2008  dans la catégorie Récits & affabulations
Xu Xu Fang, Viper au sein #2

Los Angeles International Airport, parfum aseptisé, des californiens en chemise hawaïenne partout, il fait jour et le bleu du ciel semble menacer d’exploser à tout moment comme les nichons de Pamela Anderson. Je me faufile dans la foule sentimentale, hippies girls ondoyantes aux chevelures superbes s’affalant sur leurs bustes fleuris, joggeurs sculpturaux et jeunes veuves en mal de gigolos serial killers, flics flingueurs et retraités aux visages marbrés. Dans le hall livide, un énorme chicano en costume bon marché m’attend, catogan passé au pento et Ray-Ban de contrefaçon sous une petite casquette qui semble avoir était ridiculement posée sur sa tête. Sur une pancarte en toutes lettres, mes nom et prénom. Un signe et je m’engage dans le large sillon invisible que le gros trace mollement devant moi. Dehors, une limousine blanche échappée d’un Tex Avery ronronne silencieusement. Nous démarrons doucement comme un tapis volant. Le mec me dépose à mon hôtel en baragouinant vaguement en anglais, ou est-ce moi qui ne comprends rien, un « Je viens vous chercher à 7 heures ».

Une demi-heure plus tard, je me délasse dans la piscine de l’hôtel, un cocktail à la main, un russe blanc si j’en crois l’explication cryptée lancée au serveur circonspect qui se présenta à moi. Je nageais dans le bonheur, peaufinant le secret de mon bronzage quasi perpétuel. De grosses dames s’amusaient à plonger et je fixais leurs gracieux mouvements comme l’œil photographique de David Lachapelle alors que les remous venaient troubler ma méditation sur l’imminence d’une troisième guerre mondiale thermonucléaire. Je tirais une taffe sur le bout de ma paille ressentant au plus profond de moi les sinistres méfaits de la vodka, la liqueur de café me maintenait subtilement éveillé et j’avais besoin de cela pour affronter les effluves toxiques de Xu Xu Fang. Un A310 sillonne l’étendue azurée, tiens est-ce moi penché au hublot ? Non. Je suis bien là, le cul vissé dans le boudin moelleux de ma bouée gonflable, sirotant instinctivement mon sérum de vie.
 
19 heures tapantes, la limousine pointe le bout de son nez chromé, le chicano au volant sort, impeccable, m’ouvre la porte et m’invite à m’y installer. Je tripe. Gimme Danger des Stooges défile dans ma tête, de la première à la dernière note, comme un avertissement. Johnny Yen rompit le silence. Dealer notoire, Johnny Yen offrait un visage anguleux, presque sans age, ses petits yeux sarcophagés filtraient toutes mes pensées : mon sang se glaça aussitôt. Il tenait dans ses bras un chat angora que sa main droite caressait de façon régulière, il me fixait longuement sans bouger ou presque, ce qui me donnait l’inquiétante impression d’avoir à faire à une momie précolombienne.  Le mec n’avait lâché qu’un mot d’une voix en fil de fer, un unique bonjour qui s’était aussitôt évanoui sur les contreforts en velours de la limo. Puis il bougea, esquissa un vague sourire, marmonna une formule magique et ouvrit le mini-bar en me faisant signe de nous servir deux coupes de Champagne ce que je fis, obéissant sans broncher aux ordres muets du chinois. Slurp, les bulles vinrent ricocher dans ma gorge qui se desserra aussitôt comme celle du condamné à mort que le coup de téléphone du gouverneur sauve d’un effroyable trépas électro assisté.

À suivre...
 
 
 
 
 
 

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