Spécial Nouvelle Scène Française, vol. 2

par Adehoum Arbane  le 25.05.2007  dans la catégorie A new disque in town

Le match du siècle : Rock vs Variété Part. II

Post-scriptum Erratum
Révolution, contestation, rectification
Wake up France !
Ami Manœuvre entends-tu le vol noir des rockers sur nos plaines ?


Quelques lignes seulement pour rectifier le tir. Point d’envolées lyriques gratuites cette fois-ci, de chemins vicinaux d’une langue prompte à s’évader, bon, je veux encore céder à ce tic énervant du type sous influences gonzos, c’est plus fort que moi. Bref, hum, je m’éclaircis la voix, la nuit a été rude, partagée entre quelques rêves comateux et une fin de soirée noyée dans le vin, à quelques encablures de mon lit. Mais, hum, une nouvelle vient de tomber qui m’inspire un petit changement de cap, du genre billet d’humeur, une lettre ouverte, l’ouverture est semble-t-il en vogue en ces temps nouveaux, une réponse à Philippe Manœuvre, respectable rédac’ chef de Rock & Folk…

Hum, touss, rakkkk…

Cher Philippe,

Quelle ne fut ma surprise lorsqu’à l’occasion d’un voyage dans les noires profondeurs trouducuesques du métro, mon regard se posait sur les premières lignes de votre éditorial du mois de juin 2007, numéro 478 de Rock & Folk, surprise teintée d’une certaine fierté car de cette lecture aussi religieuse qu’attentive je notais ce passage d’un trait imaginaire de stabylo, le paragraphe donc où vous évoquez non sans humour ou rancœur ou emportement le cas de ces rédacteurs de l’Interzone-Internet, non pas ceux qui sévissent habituellement dans le classique courrier des lecteurs ; je voulais parler des hérétiques scribouillards blogeurs et nerds de surcroît qui tartinent depuis quelques temps les lignes codées du Web d’une diatribe anti-Naast-Plastcines-Groupes à guitares selon vos propres termes. Mes yeux s’écarquillent, tournent en rond faisant les cent pas dans ma caboche, préparant cette invective à la fois tendre et pensée que je vous adresse aujourd’hui par mail et par voie de blog, le mien.

Petit un, il ne s’agit pas à mes yeux d’une affaire Dreyfus que de montrer un quelconque scepticisme à l’égard des groupes cités plus haut. Ne pas les aimer, rester insensible à leur touffe de rock méthodiquement peignée relève-t-il du conformisme si cher à la France ou de la désaffection pour tout ce qui fait du bruit ? Neuneu ou nenerd, allez savoir, je ne me sens pas offusqué trouvant dans cette tribune, la vôtre, la matière malléable d’un débat qui débarquerait pour un temps la Politique Présidentielle pour évoquer les remous magnifiques qui agitent la scène française, à laquelle j’ai déjà consacré un article.

Petit deux, personne ne remet en cause l’intégrité de Rock & Folk, les choix que vous défendez sont respectables, permettez-moi cher Philippe de répondre, de partager le temps d’un papier ce qui me touche, me fait bondir (de joie ou de terreur), en gros une passion dévorante et quasi psychotique pour le Rock, cette Muzak dont parlait si bien Lester et dont la prose non lestée reste à jamais gravée dans ma mémoire. Non, vous n’avez pas commis d’impair et je vous rassure on peut être rock et fils de notable, c’était le cas je crois des membres de Soft Machine, des Stones et pour en revenir à la machine molle, Robert Wyatt fut un homme engagé dans les combats politiques de son siècle. En fait, pour parler clairement des Naast, peu me chaut de savoir que Gustave soit fils de journaliste rock ou qu’il évolue dans un milieu bourgeois. La vraie question est : « Sa musique est-elle bonne ou pas ? », ni plus ni moins. Je connais des amateurs éclairés qui prétendent que le Bordeaux est un vin de vieux, certains parmi mes amis affichent un mépris héroïque pour Coltrane, lui préférant les tenants d’un jazz big band ; tout ceci n’est que perception, conviction et témoigne à mes yeux d’une forme d’érudition un brin maniaque qui voit les armées s’affronter, Rock & Folk ne titra pas un jour « Beatles ou Rolling Stones ? » comme si la question devait se poser en ces termes.

Petit trois, ah le fameux « jeu de dupes du rock français », les rires qui éclatent à la rédaction, le mépris, j’en conviens, il y a parfois dans les tréfonds du net quelques croisés du rock à la verve insolente et dont la vacuité vous cloue littéralement sur le pilori du silence non contemplatif, celui pantois de la sidération. Je le concède mais faut-il affirmer pour autant qu’en matière de rock français, si l’on retire de l’échiquier les Naast, les Shades (qui viennent d’écrire un titre pour Christophe Willem « La torture » et là c’est moi qui ris) ou les Plasticines, il ne resterait que Bénabar, Obispo et Laurie ? Un peu court. Se serait oublier dans un narcissisme frisant le révisionnisme Sourya, Hey Hey My My (chroniqué dans ce même numéro), The Agency, Lovely Rita et tant d’autres. Certains relisent paisiblement les tablatures de la pop sixties, d’autres se font les griffes sur le répertoire punk, bref, tous ne sont pas des Frank Zappa en puissance mais arrivent cependant à troubler le frileux ordonnancement de la programmation musicale française.

Petit trois bis, on pourrait aussi croire qu’entre les santiags et les boots Dior, il n’existe rien, nada, no fun, aucun espace pour faire danser les pieds alors que le rock sait ô combien chausser d’autres souliers, Converses, Vans, enfin je ne vais pas citer des marques car la loi me l’interdit quoique je sois pour ma part très boots Rautureau jusqu’à vous Philippe qui affichez avec décontraction sur la couv’ de votre dernier recueil en date, Dur à cuir, des pompes renvoyant aux funèbres nineties, tel une statue monolithique, ce positionnement cuiresque est-il à remettre en question ? Faut-il vous juger ? Que non. Doit-on condamner ces jeunes rockers en herbe hallucinogène qui se parent des atours sémillants chroniqués lascivement dans les pages glacées des magazines de mode, vague évocation des inventaires lapidaires d’un Brett Easton Ellis dans American Psycho, rock et mode de concert, vibrato de taffetas, de soie, de cuir, faut-il tout balayer d’une simple réplique ? Que nenni. Et j’en viens donc au point central de ma contestation : les Naast sont-ils bons ?

Petit quatre, en guise d’aparté vicinal, qu’aurait pensé de tout cela feu Lester, holà, je n’ai pas la prétention d’imaginer les mots qui lui auraient traversé l’esprit au moment où il aurait découvert les galettes de nos jeunes baby-rockers, enfin, cet éminent homme de lettres et de goût a tout de même affirmé « Exile On Main Street est sorti voilà 3 mois à peine, et j’ai bien failli me taper un  ulcère et des hémorroïdes à vouloir trouver un moyen de l’aimer ». Il est vrai que je lui préfère largement Sticky Fingers et Let It Bleed. Mais laissons le bonhomme reposer en paix, derrière cet appel d’outre-tombe je voulais juste montrer la liberté de ton du monsieur dont les chroniques firent trembler à l’époque les hérauts du rock. Loin de moi l’idée de me comparer à lui, mais je suis attaché à cette liberté qui m’a longtemps guidé dans mes choix musicaux et qui me vaut aujourd’hui le titre très disputé d’ayatollah de la musique, énonçant trois fois par jour et avec foi que les Sixties-Seventies surpassent tout, ce qui n’est pas loin d’être la vérité, j’écoute d’ailleurs en ce moment le tube viscéral Gaby signé, non pas Alain Bashung, mais The Boots, obscur combo sorti des limbes de l’oubli par l’entremise de la mythique compile Nuggets volume 2 ; une pure merveille sixties.

Petit cinq, après avoir déposé une gerbe alcoolique sur la tombe de Lester Bangs, la question qui fâche plus qu’elle ne tue et qui semble être une déclaration de guerre en Irak à la ligne éditoriale de votre respectueux imprimé, les baby-rockers valent-ils peanuts ou sont-ils les nouveaux porte-drapeaux du rock à la française ? Côté Naast, je n’éprouve aucune haine, aucune forme d’exaspération face à un phénomène qui ne semble pas bousculer les chiffres des ventes, j’écoute même en ce moment Cœur de glace et en dehors de paroles un brin inintéressantes, je trouve la voix irritante parce que pas posée du tout, le son est potable, Fender Rhodes de bon aloi, guitare un peu en retrait, mais cette voix qui s’égosille et  s’époumone sans classe (ça rime avec « casse mon cœur de glace »), non, tout cela à mon sens ne vaut pas tripette. Cette Antichambre nous laisse entre deux pièces, on ne sait quelle porte pousser pour entrer vraiment dans l’album dont l’une de vos plumes avait cru bon, non sans audace, de le frapper de l’estampille « Concept Album » et lorsque l’on songe dans le désordre à Tommy, SF Sorrow, Sgt Pepper’s, Pet Sounds, Melody Nelson, Berlin, Arthur, Blows Against The Empire on a plutôt envie de se frapper les côtes. Faisons un petit détour par la chambre des filles, je pousse la porte des Plasticines et là, je me dis, ok elles sont mignonnes, glamour, sexy ce qui n’est pas antinomique avec la notion de rock excepté pour Patti Smith et Janis, mais que reste-t-il sous les apparats de la clinquante séduction de mass media, des chansons ?, des hymnes ?, des ébauches ?, quelque chose comme un son ?, une réelle force d’attraction électrique ?... Je ne sortirai pas mon joker, là aussi j’écoute, je consacre mon temps à la compréhension d’un titre comme Loser où les voix me rappellent un croisement entre du Laurie ânonné  et du « en fait, je crois que je ne sais pas chanter », car entre temps je suis passé de Loser à Zazie fait de la bicyclette et là, ô consternation, les paroles blafardes se la jouent Syd Barrett d’opérette, tout est faux, le Laurie ânonné a laissé place à Yves Duteuil et cette version féminine de clamer avec une satisfaction à peine contenue « Zazie fait de la bicyclette la nuit », l’évidence, les dandies, le Marquee, les références qui adoubent, l’orgue farfisant ce qu’il peut ; non ce n’est pas possible de trouver un quelconque intérêt au LP1 des Plasticines dont la seule trouvaille fut d’emprunter leur nom à Lucy In The Sky With Diamond. Je crois pouvoir dire sans m’emporter, sans transgresser les règles de la Sainte Trinité Rock « du rock, du rock, que du rock » que ces quelques formations ne bouleversent par la musique de ces 6 dernières semaines, je leurs préfère les Brats, plus humbles, plus méthodiques, plus pros, se terrant dans les recoins d’un studio pour parfaire leur science du rock, privilégiant la scène pour tester leurs morceaux, ou les Tatianas qui quant à eux dégoupillent leurs petites grenades en dignes homologues des Libertines et les dégâts qui s’opèrent dans la tête sont souvent irréversibles. Et nous en arrivons au grand petit six, la première raison d’être de cet article.

Grand petit six, revenons aux fondamentaux : la France est un pays qui semble vouloir reléguer le conformisme aux placards, fort d’une scène Indie prouvant qu’il existe entre les Naast et Grand Corps Malade tout un espace de libre expression, ancré à Paris et partout ailleurs, Bordeaux et Perpignan ne ménageant pas les formations passionnantes, car ce bouillonnement créatif gagne toutes les provinces, la révolution est en marche camarade (Philippe), mais il ne s’agit pas de choisir son camp, plutôt de puiser dans chacun ce je ne sais quoi qui nous accompagne des journées durant, escaladant les faces nord, sud, est, ouest de notre cortex cérébral. Je les avais déjà évoquées, j’en avais oubliées certaines, tentons d’en dresser l’inventaire complémentaire. (Please) Don’t Blame Mexico et son nom qui vous donne du fil pop à retordre me touche, esprit bricolo de nerds qui façonnent dans la béatitude sunshine leurs propres hymnes, The Protocol que l’on peut écouter sur le net est une chanson sublime, balancée avec classe, solaire et délicatement interprétée, il faut aussi vous attarder mon cher Philippe sur les démos du projet solo de Franz, leur pote d’Eldia sous le délicieux sobriquet de Franz.S VS Lorenzo, Heaven Rests est le miroir que ce dernier semble avoir piqué à Ray Davies. On parlera ici d’un rock adulte, référentiel, certes loin de l’image que l’on peut se faire des baby-rockers dont l’âge n’a d’ailleurs rien à voir avec leur prétendu talent ; il n’y a pas de majorité à atteindre pour pouvoir prétendre à faire, jouer ou même enregistrer du rock et demandez à l’autre Philippe, Thyere, il vous parlera mieux que moi de l’âge du génial leader de J.K and Co (Suddenly One Summer), de l’insolent talent de Mystic Shiva, leur guitariste affichant 16 ans au compteur lorsqu’il grava ce chef d’œuvre du psyché US, on était en 1971. Jusqu’à Beirut alias Zack Condon qui fort de ses 19 ans vous balance en pleine poire son folk balkano-mariachi déglingué. Mais j’en reviens à votre papier, et au moment où vous pointez le désaveu français pour les guitares qui claquent, Rodeo Massacre débarque, portant alors admirablement bien son nom tant le quatuor fait saigner les enceintes, leur son proprement ( ?) garage déménage et ça rime, cela rime à peu de choses d’apprécier une musique aussi simple, dégraissée, tranchante comme un couteau de serial killer de giallo, ok il ne révolutionne rien mais qu’importe ; les guitares sont belles et acérées. Comme pour répondre à un manque qui vous ferait revivre en quelques secondes l’expérience charnelle et cafardeuse du Festin Nu, les Needs arrivent à point nommé avec ce son fabuleux, vintage, crade, psyché dans une veine ( ?) Seedsienne, elle même sous influence Stones période Aftermath avec une bonne dose de Chocolate Watch Band, le mythique combo de San José. Plus mûrs, ils dégainent de vraies chansons, elles aussi épurées dans leur écriture, avec ces couches d’orgue et d’harmonica qui donnent de la matière au son. Les Dollars quant à eux vous renvoient la monnaie de votre pièce, rock bancal porté au loin par une voix d’outre-tombe, avec des guitares sinueuses et westerniennes, des chœurs chaloupés, féminins, ce sont les sirènes qui tentèrent de débaucher ce brave Ulysse. The Effervescing Paintbox ont fait de Toulouse leur Nirvana (version sixties), place forte d’un folk lysergique, improbable rencontre entre le Pink Floyd de Syd et les Kinks période 66, leur nom est à lui seul un tour de force genre lors d’une soirée de défonce je prends Timebox, j’y colle Paint et je pique un moment le Effervescing de Effervescing Elephant, tiens je reprendrais bien de cette petite pilule qui fait wizz dans ma tête depuis maintenant 3 heures. Les fanfares désaccordées tourbillonnent mon cher Philippe, leur valse vous emporterait sur la planète Beatles avec Mister Kite, allez, laissez-vous caresser par cette douce ivresse, cette lente dérive des instruments qui tels des chevaux de manège s’échappent un moment pour une cavalcade en forme de carrousel kaléidoscopique, vous venez de faire connaissance avec The Limes. Rock’n’Roll (the name of the band is Rock’n’Roll lorsque l’on ouvre leur site) petitefrappe fort dans le genre Rapture avec guitare anorexique, basse gluante et voix brumeuse, leur musique éphémère colle malgré tout aux basques qui se transforment rapidement en baskets, fascination pour New-York oblige. Quant à I Love UFO c’est un peu le carambolage stellaire entre Can et Hawkwind, les space shouts emplissent l’espace, un hard pour danser jusqu’à la transe, l’extase, la petite mort. La voix mixée en arrière accentue cette fuite en avant galactique, je ne sais pas si j’aime vraiment les UFO mais je sais que la musique du groupe satellise direct les gentils petits Naast. Laissons les guitares bruitistes et revenons à des formats plus resserrés : d’un simple nom, Folks résume une certaine évidence, ce quatuor parisien mixe habilement folk en fil de fer et rock mélodique, superbes sonorités d’une guitare folle, épileptique, qui joue en permanence avec la voix quasi androgyne de François Gauer, chat et souris se cherchant dans les entrelacs mordorés. Autre formation fraîchement découverte, The Delano Orchestra orchestre avec pudeur des morceaux viscéraux, folk et cosmiques, jamais très loin des espaces sonores défrichés dans une permanence insaisissable par Landscape et Carp, parfois à deux rives du Loner, de Shearwater ou de Wyatt, ces souvenirs semblent s’échapper d’un rêve de boîte à musique oubliée, rouillée et pourtant ce sont de vrais trésors. Hitchcock Go Home !, malgré un patronyme aussi cinématographique qu’ironique, semble tout aussi fasciné par ce son pioché dans les histoires des premiers conquérants de l’Ouest, chercheurs d’or mélodique, un banjo raconte son histoire, un archet la perpétue, la tristesse est toujours présente, discrète, effacée mais présente. De Neil Young il est à nouveau question avec Hey Hey My My, cité plus haut, I Need Some Time est une chanson parfaite pour accompagner les longs voyages à la Kerouac, fantômes d’une Amérique mythique qui s’évaporent dans le brume de petit matin bleu, alors qu’il faut reprendre la route. Enfin, lorsqu’il délaisse l’electro robotique, Sourya plane au-dessus du lot avec des mélodies qui vous laissent muet comme Numéro 1, sobrement nommé et dont les accords de piano et la voix suave vous plongent dans un trip élégant et magique, auréolé de chœurs s’enchaînant sur un Matches plus incisif, complètement pop, la voix toujours elle qui enveloppe les minutes, belle invitation à planer un moment…. Un moment…  

Il est temps de refermer cette page, et sans pour autant sombrer dans le consensus mou ou la vendetta en règle soulignons l’existence d’un vrai débat d’idées autour d’une scène rock émergeante, très cohérente dans ces choix et vous verrez, mon cher Philippe, les parangons de la variété, les possédés du rap, les pop modèles et les nymphettes hurleuses feront un jour ce constat salutaire : il y a de la place pour tous… Et surtout pour les 1000 excellentes formations déjà citées 1000 fois et les 10 autres pékins-baby-rockers, hum, ce n’est qu’une fourchette. En attendant avec une certaine ferveur nimbée d’impatience, je vous salue cher Philippe. Ah oui, je crois qu’il est une tradition dans votre courrier des lecteurs de définir le fait d’être rock en 2007… Peut-être collectionner les disques, les machines à écrire, les chroniques et les emmerdes. En 2008, rester un ayatollah assumé (et lui aussi souvent sifflé), heureux et en paix avec lui-même. Et en 2009, si le groupe ne s’est pas encore dissous, devenir le nouveau manager des Naast.

 

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