The Brian Jonestown Massacre, space oddity

par Adehoum Arbane  le 13.04.2006  dans la catégorie A new disque in town

Arrêtons les manettes, le temps nous est compté. The Brian Jonestown Massacre, un cri de guerre et de paix, une ondoyante incantation dont l’incarnation même navigue en eaux  troubles. Rêves de gosses musiciens perdus entre deux rives, l’Angleterre des Stones, l’Amérique des freaks. Les années 60 au son touffu échappé des garages. Les seventies aux luxuriances spatiales, peinturlurées de chœurs atmosphériques. …And This Is Our Music revêt cette forme-là, sorte de pavé-testament dans la marre des cités où les Street Fighting Man et autres Dancing in the Street nous canardent de chants contestataires, d’expériences psychotropes.

Il y a tout ça dans le Brian Jonestown Massacre.
L’urgence, la contre-culture, le tumulte superposé en strates soniques, la dope, l’amour, la révolution. Pourtant, il n’y a pas d’anachronisme consenti, réussi sans un respect infini pour ces bâtisseurs de nouveaux espaces d’expression sonores que furent les Rolling Stones, le Jefferson Airplane, puis le Starship, les Pink Floyd, les Thirteen Floor Elevator et autres Chocolate Watch Band auxquels la communauté de Brian Jones fait ici référence. Pas de nostalgie béate ou sucrée. Juste quelques notes reprises, décortiquées puis remodelées dans la jouissance des heures voluptueuses qui s’étirent. Pas plus de penchant réactionnaire, mais un tournant rock en réaction aux livides traînées absentes d’émotion qui parsèment les ondes. Juste un son cradingue, méchant, sans concession, l’essence même du rock. Les entrelacs de guitares et d’Hammond sonnent comme un rappel à l’ordre : n’oubliez pas que jadis, des hordes de hippies dézonés adoubèrent les hérauts du flower power.

Voilà pourquoi nous aimerons toujours les galettes brutes et sales du Brian Jonestown Massacre. Parce que ces petits gars-là, grands par l’ampleur de leur musique, nous ont enseigné la voix des générations qui ne se sont pas tues. Au fur et à mesure des écoutes, on est frappé par cette dimension incroyablement dense et musicale, ces refrains nerveux enrobés d’échappées belles, d’arrangements nimbés, de nappes aux boucles cristallines. You Look Great When I'm Fucked Up, sorte de point d’orgue sur la carte des cieux californiens où scintillent des pianos au timbre mi-acoustique, mi-électrique. À l’orée de cet opus, nous sommes presque extenués. Au cœur du trip orchestré par Anton Newcombe, nous ne sommes plus que des entités avec des noms de constellations. Des rêves fous en somme. Oui, ceci est bien notre musique, notre hymne stellaire, et cette pochette, striée de typographies aux exhortations sans concession, notre porte-étendard.

Et comme disait un chroniqueur de l'époque : au-delà du propos philosophale philosophique, « n’omettez pas de vous défoncer dessus. » Keep music evil !
 
The Brian Jonestown Massacre, And This Is Our Music (Tee Pee Records)
 
And This Is Our Music.jpg
 
http://www.deezer.com/fr/album/981669

 
 

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