Micah P Hinson, baby one more time

par Adehoum Arbane  le 27.03.2006  dans la catégorie A new disque in town
Rugueuse, épaisse, cassée, pleine de brumes solitaires. Telle est la voix que plaque un certain Micah P Hison sur des accords qui s'accordent à raconter des histoires de déchirures intérieures. Déroute vers l'inconnu, espaces inhabités que viennent peupler des notes, des chœurs et des pianos à l'unisson. Tout cela sent le blues. Un blues reptilien, perdu dans les bayous, eux-mêmes exilés dans les déserts mélancoliques d'une Amérique en perdition. En écoutant ce mini album, livret de chansons incroyablement tendues, on se surprend à pleurer. Chaque titre distille les propres tourments de son auteur. Chaque seconde est une bible. Après le gospel du progrès, Micah se confesse, décrit ces abysses qui le rongent. On l'imagine avec une guitare sur l'épaule, une bouteille de bourbon dans le creux de sa main, paume existentielle. On croit reconnaître, accrochée à ses pieds usés comme de vieux souliers, une ombre vaguement rimbaldienne.

Ce qui frappe, c'est aussi l'ampleur du son, cette dimension feutrée, ces silences qui respirent, le bois de la chaise qui craque, la toux du ciel. On est avec Micah. Impression transparente d'une œuvre distante dans ses rapports avec l'auditeur, pudique, troublante, renversante, puis proche, complice. Cette musique tient du souffle, de la rumeur. Elle persiste, s'insinue, se brise parce que les émotions mêmes ont quelque chose de mortelles. Je vous laisse avec ces 9 morceaux d'âme en bataille, comme autant de chevelures ébouriffées, avec leurs rêves, par le épreuves qui vous construisent.
 
Micah P Hinson, Baby & The Satellite (Sketchbook Records)
 
The Baby and the Satellite.jpg

 
 

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