Le portrait de Dorian Pimpernel

par Adehoum Arbane  le 31.03.2006  dans la catégorie A new disque in town
Ces Pimprenelles victoriennes murmurent dans leur premier EP des comptines découpées comme des cadavres exquis. Exquis est le mot. Leur mini opéra pop au format court lève un rideau sur des saynètes douces-amères aux multiples strates et autres couches de peintures psychédéliques. Certaines chansons se prénomment de la plus belle façon qui soit, et derrière leurs incantations précieuses les voix caressantes narrent des récits délicatement alambiqués (Ovlar s’entraînant assidûment pour le spectacle de samedi avec Elvis Presley…).  Imaginez Eluard mise en musique, Prévert goûtant aux vertus libératrices de l’acide, Mary Poppins épousant Aubrey Beardsley… Il y un peu de cela et bien plus… Jetez une oreille en forme de gramophone ? Vous trouverez à la lisière de cet opus 5 bonbons au poivre :

Daucus Carota
Première partie. Cliquetis de clavier, de percussions et hautbois Louis XV ouvrent cette chanson où les chœurs modulent leurs inflexions féminines. Le piano électrique sautille comme le lapin d’Alice aux pays des merveilles et précisément pour nous y emmener. Deuxième partie. Les orgues s’étirent, ambiance floydienne, planante, doucement atmosphérique, vaguement inquiétante. Troisième partie. La fanfare souriante reprend son refrain dans un tourbillon de moog cotonneux enturbanné de chœurs graciles.

Ovlar E
Pulsation bouillonnante, pépiements de clavier et basse pointilliste poursuivent l’aventure in wonderland. Derrière cet assemblage baroque où chaque instrument vient déposer ses notes demeurent les frontières définies et codifiées d’une sunshine pop subtile et enjouée.

An Inner Stroll
Paysage onirique serti dans l’apesanteur d’un moog au son plein, rond, majestueux. Les guitares osent l’acoustique, crépitent et carillonnent dans un instant élégiaque qui semble durer 3’58’’. Pas plus ? Tiens, je viens de repasser le morceau en mode continu…

Opaline Days
Les jours opalins sont un enchantement permanent et conjuguent à merveille les papapapas et les lalalalas. Les synthés vintage y gazouillent des mélopées sucrées, candides. Tout est radieux, parfaitement agencé pour finir sur une électronique en décoction.

Octave Heliophone
Banjo aiguillon et wurlitzer poudré de sucre glace définissent les contours d’un morceau presque nu, à l’orée de la pop et du folk.  Une légère dissonance trouble ce paysage famélique, presque austère. Nous ne sommes plus dans la nursery d’un petit lord anglais mais sur un chemin de campagne où les nuages sont des papapapas chantonnés dans le lointain.

Hommes Orchestre ?
Faisons les présentations. Johan, maître de chapelle à la cour de Sherlock Holmes (membre honoraire de la confrérie pour la préservation du village vert !) pianote et compose et souvent, les deux en même temps. Jérémie, sorte de Ray Davies échassier gratte tout ce qui est fait de cordes (guitare, ukulélé, voix), compose également. Laurent à la guitare, Hadrien à la batterie (tiens, ça s’écrit comme les mémoires ?!), Brendan au hautbois, Luna aux chœurs, Thibault aux claviers (si, si, c’est bien le fils de Brian Eno !) et Traip à la basse complètent habillement la formation.

Cette Demo tapes est donc un laboratoire où alambics et éprouvettes électroniques gargouillent des sonorités étranges. Nos Docteur Jeckyll et Mister Hyde triturent sur leurs instruments les idées mêmes qui se sont échappées de leurs cerveaux jumeaux, sous un ciel riche en motifs rococo et en fleurs de l’esprit (et ils en ont). Somme toute, un merveilleux octette Heliophone.
 
Dorian Pimpernel, Demo Tapes (Autoproduction)

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http://dorianpimpernel.bandcamp.com

 

 

 


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